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 « Breathe. » — Aetios & Aiken

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Aiken Young
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Aiken Young


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MessageSujet: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyMer 28 Juin - 5:40:47

Please, be my strength instead of my weakness.
— Aiken Young —

Une nuit longue, encore une fois. Ou courte ? Ca dépend du point de vue, j'imagine. J'ouvre lentement les yeux et attrape à tâtons mes lunettes, qui se sont perdues au milieu des draps quand je me suis endormi avec elles sur le nez. Tout en me redressant, je les mets. Comme toujours, le monde paraît plus net, même si pour le moment mon monde se résume à du noir. Un noir plus net, ça n'a pas vraiment de sens mais bon, c'est une sensation difficile à expliquer. Peut-être que seuls ceux ayant des lunettes peuvent le comprendre. Ou alors je suis un cas à part ? Bah, peu importe. Le bruit de fiches glissant de mes genoux me donne juste envie de me rallonger. Je comprends pas comment je peux avoir autant de travail alors que je commence le taff à huit heures du mat' et le finit à quatre heures de l'aprèm'. Remarque, si je restais pas tout le temps avec les élèves qui sont malades jusqu'à la venue de leurs parents ou jusqu'à ce qu'ils aillent aux dortoirs... Il m'est même déjà arrivé de passer presque une nuit entière avec un lycéen interne, à le veiller et m'en occuper. Et je parle même pas de tous les élèves qui me parlent de leurs problèmes et de leurs doutes chaque jour. Je suis pas un psy', moi, je sais en théorie quoi leur répondre, mais j'crois qu'on sait tous que c'est que des phrases inventées par des mecs qui ont jamais connu de vraies emmerdes, ou de dépression. Alors vas-y, sortir à un gamin qui a envie d'crever que ça va passer, qu'il peut en parler aux adultes autour de lui ou appeler un certain numéro. Parce qu'il sait aussi bien que nous que c'est pas qu'une phase, que c'est pas comme ça l'adolescence, qu'il emprunte un chemin trop dur qu'il a pas choisi d'emprunter, et sur lequel il risque sa peau. Enfin, je vais pas non plus leur dire ce qui me passe par la tête. Ca les aiderait pas, et ça m'aiderait pas non plus. De toute façon, n'est-ce pas ça, la vie en société ? Penser des trucs, et en dire d'autres ? Eviter les mêmes sujets que tout le monde parce que ça dérange, se retenir de donner une claque à un petit bête impertinent ou un coup de boule à un adulte qui a pas vraiment mûri depuis sa puberté. Pas que ça me déplaise vraiment, j'en ai pas grand-chose à faire des contacts avec les gens d'ici, je suis pas vraiment attaché à quiconque de cet établissement, mais c'est ridicule comme les implicites sociaux sont juste des manières d'hypocrites. Arf... C'est pas bon de commencer à insulter le monde dès le réveil. Même si ça fait déjà bien une à deux heures que je suis réveillé. J'ai dormi, quoi... trois heures à tout casser ? Entrecoupé de rêves à la cons en plus. Quoique c'était peut-être plutôt des cauchemars. Ça m'arrive pas souvent, ça. Une fois toutes les semaines, jamais plus. Là, ça fait la troisième fois de suite. Depuis lundi, j'ai dormi cinq heures. On est jeudi. Vivement le putain de week-end, parce que là je sais pas comment je tiens. Cet internat me permet de pas me taper de la route matin et soir, mais on s'y ennuie. J'imagine que c'est ça, l'inconvénient d'avoir une chambre individuelle. Personne pour m'embêter, mais aussi personne pour venir me stopper dans mon travail quand je suis trop dedans. Et personne pour venir au terrain de basket faire un mini-match. Il faut croire qu'on s'habitue vite au luxe, parce que j'ai vécu une seule année entière avec les deux débiles qui partagent mon appart' contre trois dans cette chambre, et pourtant je m'en plains toujours.

Avec un effort qui me semble considérable je sors du lit et ramasse à l'aveugle les feuilles des dossiers de certains élèves. Ceux sur lequel je me suis penché, avant de tomber de fatigue. Je sais pas ce qui me prend, de faire des heures sup', c'est pas mon taff de ruiner mes nuits pour essayer de comprendre d'où viennent les problèmes psychologiques des élèves. Aujourd'hui je vais filer les dossiers photocopiés au psy', il saura mieux quoi en faire que moi, et ça m'évitera de passer encore un soir dessus. D'ailleurs, j'ai bien envie de sortir dans un bar. Ca fait un moment que j'ai pas bu, ça me ferait pas de mal de me prendre quelques bières. Je balance les feuilles que j'ai en main sur mon bureau où se trouvent déjà pas mal de leurs jumelles et longe le mur jusqu'à atteindre une porte. La salle de bain. J'attrape la poignée, la baisse et ouvre la porte avant de m'y faufiler et d'appuyer sur l'interrupteur. Ouh... Comment une si petite ampoule peut éblouir autant ? Qu'est-ce qu'ils peuvent bien mettre dedans pour que chaque matin elle me grille la rétine alors que le soir elle sert à rien ? Remettant mes questionnements éternels à un autre matin, j'enlève mon bas et mes lunettes, mettant le premier dans le bac et les autres près du lavabo avant d'entrer dans la douche. Le dos collé au carrelage froid des murs, les yeux fermés, je me laisse aller au repos pendant quelques minutes —peut-être une heure, deux, une journée entière ? C'est bien le seul moment où je peux me détendre en semaine, en dehors des quelques fois où je peux toucher du bout des doigts la sensation du ballon de basket entrant dans le panier. L'eau chaude glisse sur mes muscles comme si elles voulaient me préparer à mon travail. Vu comment je vais devoir donner médicaments sur médicaments, traitements sur traitements et conseils sur conseils, j'en ai bien besoin. Mais évidemment, je peux pas passer ma vie comme ça, alors je me lave en quatrième vitesse, sort et enroule une serviette autour de ma taille pendant que je frotte énergiquement mes cheveux. Un blond sombre, maintenant. J'ai jamais compris pourquoi, mais ce phénomène me fait toujours sourire. Enfin, façon de parler. Alors que mon regard s'égare dans mes mèches dégoulinantes, je me surprends à regarder les trous à mon arcade sourcilière gauche et à mes oreilles. Maintenant que j'y pense, je n'ai pas remis de piercings depuis qu'on m'a embauché ici. Trois ans. Je n'ai pas abandonné mes vestes en cuir et ma garde-robe noire pendant les week-ends et les vacances, mais pour mon job je les ai échangé contre des vêtements trop classiques, le genre trouvable dans la première boutique de fringues venue. Je finis de me sécher et sors de la pièce pour attraper des vêtements et les enfiler. Une fois les volets ouverts, je prépare mon sac en y mettant les dossiers bien rangés et au moment de partir, j'hésite. Pendant une seconde, je suis tenté de mettre la veste e cuir avec laquelle je suis venu à l'internat en début de semaine, mais non, j'attrape le manteau à côté. Je ne suis plus à un âge où j'ai envie de me démarquer des autres, maintenant je suis autant « content » en restant dans cette norme pathétique que tout le monde semble tant affectionner. Et puis, j'ai pas cette envie que certains ont de montrer qui je suis au travail. Ici, personne connaît grand-chose sur moi, et ça me va. Le seul indicateur de mes goûts, peut-être, est sur mes oreilles et au-dessus de mon œil. A condition que quelqu'un soit assez observateur pour le voir, en tout cas.

(...)

A l'infirmerie depuis sept heures et demi, je sens bien le temps passer —pour le sentir passer, je le sens passer ! J'ai dû appeler une dizaine de parents, et j'ai cinq lits occupés actuellement. A peine midi que mon ventre crie déjà famine. Comme je ne peux pas me permettre de laisser les élèves livrés à eux-même, autant pour éviter vols et dégradations que pour être là s'ils en ont besoin, je vois ma pause du midi sur le toit me passer sous le nez. Adieu l'air frais pour la journée. J'avale un sandwich que je me suis rapidement fait la veille et me met au travail en buvant mon poids en café, comme toujours. La petite poubelle de mon bureau est remplie de gobelets quand les treize heures s'affichent en bas à gauche de mon écran. La sonnerie résonne à mes oreilles, et des froissements de drap m'indiquent que dans la salle d'à côté, des élèves émergent. En effet, deux sortent bientôt, avec un air extrêmement fatigué. Pas sûr que j'ai l'air beaucoup mieux, avec mes cernes, mais je suis assez grand pour ne pas montrer le visage décomposé qu'ils ont. Après m'avoir remercié ils s'en vont en cours, et je les plains affreusement sur le coup. Déjà que les cours ne sont pas toujours hyper passionnants qu'on on est en forme, alors malade et fatigué... C'est dans ce genre de moments que je suis bien content d'avoir laissé cette période derrière moi. Je n'entrerais plus jamais dans une salle de classe, et c'est pas plus mal. Rapidement, treize heures et quart arrive, et je ne tarde pas trop à entendre quelqu'un toquer. Je sais qui c'est, puisqu'on se voit toutes les semaines.

Entre !, répondis-je en haussant la voix pour qu'il m'entende malgré la distance.

Il apparaît dans l'embrasure de la porte, et comme toujours je me lève et lui montre l'une des trois portes reliées à l'infirmerie. Ce n'est pas là que se trouvent les lits, il n'y en a qu'un seul, mais c'est là que j'examine les élèves. Lui et quelques autres avec qui j'ai un suivi hebdomadaire. Je le laisse entrer le premier et passe après lui, refermant la porte derrière nous. Son dossier entre mes mains, je viens le déposer sur le bureau de la pièce en y jetant un très rapide coup d’œil. Pas d'observations particulières la semaine dernière, comme je le pensais. Je lève les yeux vers lui pendant que je l'invite à s'asseoir sur le lit. Aetios Sillohe, étudiant en littérature, interne et surveillant —mais ça, ça ne me concerne pas vraiment. Un jeune homme que je suis médicalement parlant depuis un peu plus d'un an maintenant. Présent dans un incendie il y a neuf ans, son dos est en partie brûlé. C'est pour ça qu'il vient chaque semaine ici, que je lui pose des questions bateaux et que je vérifie si tout va bien physiquement. Avec le risque d'infections et de complications au niveau des organes, j'ai intérêt à être attentif. Je ne pense pas qu'il rencontre des problèmes, mais on ne sait jamais, en médecine tout peut basculer assez rapidement. Ce genre de patients m'énerve. J'ai passé l'été à espérer que son état n'empire pas d'un coup. Tu parles de vacances. Je retiens le soupir qui veut franchir mes lèvres et passe une main dans mes cheveux histoire qu'ils arrêtent de me tomber devant les yeux, puis laisse retomber le dossier et me dirige vers lui.

Okay, donc. Aetios. Tu peux retirer ton haut ? Je vais déjà regarder si visuellement, rien n'a empiré. Sinon, tu as ressenti des douleurs particulières depuis la dernière fois ? Maux de ventre, essoufflements quand tu ne fais pas d'effort, douleurs aux jambes, quelque chose du même genre ?
2025 mots. 2025 pauvres mots omg...  Hope u like it dear Oracle, j'me suis bien emmerdé à l'faire, j'savais pas du tout quoi écrire. :') /envraiçaparaîtellementlongaveclecodage/


Dernière édition par Aiken Young le Jeu 29 Juin - 15:31:33, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyMer 28 Juin - 14:31:30


Aiken Young & Aetios Sillohe
In the darkest night, the light of fire was burning. Nobody know how we survived. I only remember the scearm of the woman I use to call my mom.

The Boy Who Make Nightmare

Aetios frissonne. Le feu crépite, il lui semble qu'il peut l'entendre, qu'il peut sentir son odeur nauséabonde. Il a beau tenter d'ouvrir les yeux, rien ne se passe. Il cherche de la paume de la main un endroit pour se tenir debout, mais plus rien n'est à sa portée. Et le feu crépite, rageur, un peu plus. Il regarde ces cendres rougeoyantes dévaster ce qui lui reste de raison tandis qu'au loin se déchirent les murs de la maison de banlieue où il vit avec papa et maman. Il ne comprend pas. Soudain, il est redevenu un enfant. Comme si les flammes elles même avaient pu avaler les années qu'il avait prises depuis. Il est perdu. Il aimerait comprendre, mais son cerveau aussi semble ravagé par les flambées orange et jaune. Son père l'attrape par le bras et le tire avec une force qu'il ne connaît pas. Dans son lit, effrayé, il sue à grosses gouttes. Il fait trop chaud. Autour de lui la fournaise envahit tout. Aetios demande doucement où ils vont, et pourquoi la maison brûle ? Mais papa ne répond pas, il répète comme une incantation qu'il faut sortir, qu'il faut se couvrir la bouche pour ne pas respirer la fumée. Noire et épaisse, elle stagne entre eux deux alors que papa le porte dans ses bras. Le garçon ferme les yeux, elle lui pique le nez et s'immisce dans sa trachée. Papa frappe avec force la porte du rez-de-chaussée. Est-ce que maman est là ? Demande le garçon. Papa lui répond que ça va aller. Ils sortent de la maison. Il y a les voisins qui regardent impuissants la maison brûler entièrement. Papa dépose Aetios sur le bitume, il demande à Karra la voisine de veiller sur lui parce que maman dormait à l'étage. Il va la chercher. Kara pose une main sur l'épaule du garçon. Soudain, papa se retourne vers la maison et dans un bruit sourd, le feu explose sa haine. Aetios comprend peut-être, il pense à la bonbonne de gaz à la cave que papa et lui sont allé chercher quelques semaines plus tôt. Il regarde autour de lui maman n'est pas là. Il l'entend dans la maison. Il semble entendre l’écho au loin de maman qui pleure. Il regarde autour de lui, maman n'est pas là. Sa voix est bizarre. Aetios avance vers la maison, maman ne doit pas rester dedans. Et puis tout s’enchaîne. Le garçon s'avance un peu plus pour aller chercher maman tandis que papa parle avec Kara. Sur le perron de la maison qui brûle, papa qui crie son nom. Aetios se tourne vers lui. Et puis c'est l'explosion. Il a entendu clairement le cri dévastateur de maman et du gaz qui explose. Son corps soulevé par une vague de chaleur insoutenable s'est projeté contre le bitume. Aetios a perdu connaissance alors que son corps percutait le sol, les flammes avalant son dos. 

En nage, Aetios s'éveille. Il respire rapidement. Dans son cerveau raisonne encore les cris de sa mère. Le voilà redevenu un adulte. Son dos le lance douloureusement comme à chaque fois qu'il fait ce rêve. Il cherche dans le silence de la nuit ses cachets. Un pour les nerfs, l'autre pour les douleurs. Il voudrait se passer de la pommade, mais tout seul, impossible de se l'appliquer. Son tee-shirt colle à sa peau, dans son dos, l'humidité dévoile cette peau martyre des flammes. Il creuse sa peau au rythme des plaies qui le parcourent. Sa main caresse doucement ses lèvres avant d’avaler les cachets. Il tend l'oreille. Il n'y a pas un bruit à cette heure-là dans les couloirs de l'internat. Ça le soulage un peu. Il a l'habitude, aussi déplaisant cela peut-il être, de ce genre de réveil. Mais qu'importe, il s'en passerait bien quand même. Il regarde son téléphone. 5H28. Il ne se rendormira plus maintenant. Il allume la lampe de chevet. Ses yeux agressés par cette intrusion se ferment à nouveau un peu. Doucement, il se rend compte qu'il respire avec difficulté. Respire. Respire. Inspire, puis expire. Respire. Son torse se bombe doucement alors que ses poumons, encore marqués par l'odeur de la fumée de ses rêves, s’emplissent désormais d'oxygène. Il soupire longuement. Respire. Ses yeux balayent la pièce autour de lui. Ses doigts agrippent un livre. Il regarde la couverture doucement. « Crime et Châtiment » de Dostoïevski. Le rouge pourpre s'incline devant les dorures du titre surmonté de losanges tout aussi chatoyants. La couverture rigide paraît narguer le lecteur le plus chevronné lui faisant douter qu'il puisse un jour parvenir à avaler ce livre épais aux multiples facettes. Doucement, Aetios se dit que ce titre là pour livre de chevet doit sûrement avoir quelque chose à voir avec le rêve qu'il vient de faire. Dans un soupir, il balaye cette idée de son esprit. Le monde ne tourne pas autour de lui, mais le hasard fait parfois des choix ironiquement cyniques. Il s'installe plus confortablement remontant son oreiller pour continuer sa lecture du roman. Il ouvre le livre et s'arrête là ou il a laissé la veille son marque-page. Aetios ferme les yeux, il tire sur la chaîne en or qui se perd autour de son cou dans son tee-shirt. Du tissu, se dévoile une petite croix. Là dans le silence d'une matinée de printemps, il adresse, muet, une prière solennelle à sa mère. 

La famille Sillohe avait de croyant les branches plus anciennes. Et si c'était la tradition de passer de parents à enfants les objets religieux, plus personne n'allait à la messe. Ils se retrouvaient à Noël chez la famille paternelle, ou la grand-mère insistait pour qu'on passe saluer le petit Jésus dans sa crèche. Aetios se souvenait de fêtes somptueuses dans cette maison grandiose que possédait ses grands parents. Toute la famille au grand complet se rendait à l'église de la ville et remplissait à elle seule un tiers des lieux. Les enfants jouait aux classes de catéchisme ou on leur racontait qu'ils devaient être bons pour aller au paradis, tandis que les adultes chantaient pour la veillée de Noël. Aetios n'avais jamais demandé si ses parents croyaient vraiment en Dieu, mais pour la famille Sillohe c'était un moment de retrouvaille qui valait toutes les croyances du monde. Depuis que sa mère était partie, Aetios avait pris l'habitude de porter une petite croix cachée. Il ne se sentait pas particulièrement croyant. Mais par respect pour sa mère, il voulait croire qu'elle était dans un monde meilleur.Son père le savait, et il l'acceptait. Ce que son fils ignorait c'était que lui également possédait un pendentif similaire. Aetios ne disait pas, peut être se le cachait-il même à lui-même, que cette foi qui l'habitait l'avait aussi aidé à surmonter la culpabilité qu'il avait ressentit après l’incendie et la mort de sa mère. Aetios n'en parlait pas, il ne voulait pas en parler. En fait, il préférait même ne pas s'en parler à lui-même. Il replongea la croix dans son col comme pour éloigner toutes ses pensées qui l'envahissaient et se plongeât de nouveau dans « Crime et Châtiment » . 



Son portable sonne. Aetios s'est assoupi devant son livre. Il est sept heures et demi. Il a dû dormir à tout casser une demi-heure en plus. Le bon côté des choses, c'est qu'il a pas mal avancé dans son bouquin. Et il en est content. Sa routine redémarre. Il se lève et s'habille. Il prendra sa douche plus tard quand les gamins seront partis prendre leur déjeuné. Il réveille les retardataires et envoie tout le petit monde à la cantine. Puis, il se dirige vers les douches et s’inonde. Aetios n'a besoin que d'un café et d'une cigarette le matin. Il est plutôt frais quand il descend ce matin malgré la nuit plutôt courte qu'il vient de passer. Un haut simple, blanc et un jean gris l'habillent. Il n'est pas quelqu'un de compliqué, même si il a parfois des allures de bad boy. En fait sa carrure et ses cheveux rasés lui donnent d'office l'air débonnaire d'un petit caïd. Mais cette image plait autant à Aetios qu'elle le fait rire. Lui, un caïd ? C'est une idée véritablement risible. C'est une journée calme et ça lui plaît. Il a cours de 9H à 11H et ensuite, il reprend seulement à 16H jusqu'à 18H. Entre-temps, il doit surveiller la récréation des Lycéens à midi. Oh et il a rendez-vous avec l'infirmier à 13H30. Visiblement les gamins apprécient son calme et sa logique. Depuis qu'il est là, il se dit de plus en plus que devenir prof ne le dérangerait pas plus que ça, s'il échouait à devenir écrivain. Il regarde sa montre. S'il ne se met pas en route pour l'infirmerie, il va être en retard. Il y a toujours un peu de monde, mais à cette heure là, souvent, soit les gamins trop malades sont rentrés chez eux, soit les simulateurs, arnaqueurs de sommeils sont endormis, ou bien un peu des deux sont retournés en classes faute de raison plus sérieuse de leur « maladie ». Aetios frappe à la porte de l'infirmier. Il entend sa voix. Il entre doucement et gratifie le blond d'un : 

- Salut Doc.

L'infirmier lui indique une pièce de consultation. Mais il n'en a plus besoin. Aetios a pris l'habitude de venir ici. Il a pris l'habitude des consultations. Quelque part, même s'il refuse de l'avouer, il est content que pour une fois sont suivi soit assuré par quelqu'un se sont âge. Il en avait marre d'être tripatouillé par des vieux. C'est quand même carrément plus sympa de sentir les doigts d'Aiken. Aetios retire son haut. Il l'écoute lui poser ses questions. Il veut lui parler de la nuit dernière, mais il sait que le blond n'a sûrement pas envie d'entendre les cauchemars qu'il fait. Il se contente de répondre. 

- J'ai mal dormi Doc. Tu sais ce que ça veut dire.

Ce n'est pas la première fois qu' Aetios fait ce rêve. Et quand ça arrive, il a toujours des soucis de respiration, et les douleurs deviennent plus fortes. Depuis l'année qu'ils ont passés ensembles, ils semblent avoir réussis à créer un genre de langage dans lequel aucun des deux n'as besoin d'en dire trop. Et Aetios apprécie ça. Il est pas du genre à s'épancher sur son passé. C'est passé. Il aimerait ne pas le traîner comme un boulet. Mais les trilles boursouflés qui lui parcourent le dos en cratères se réveillent à chaque fois qu'il pense qu'il pourrait enfin les oublier. Le Grec l'a remarqué en arrivant. Il n'est visiblement pas le seul à avoir passé une nuit courte. Alors avec nonchalance, il lance un doux. 

- D'ailleurs, j'suis pas le seul à manquer de sommeil. C'est plus des valises que tu as sous les yeux, ce sont des trains de transports.

Il sourit tendrement. Alors que dehors, le vent du midi réchauffe la pièce, les doigts fins de l'infirmier passent sur le dos du brun. Aetios ferme les yeux. Ces gestes doux l'apaisent. Il balaye dans une incroyable tendresse les ravages de ses songes. Aetios ouvre de nouveau les yeux. Par la fenêtre, il regarde le pensionnat s'élever sous ses yeux. Est-ce qu'il va essayer de rentrer en Grèce durant les vacances ? Le parfum mélancolique des oliviers s'éveille dans une nostalgie qu'il ne connaît que trop. Ce n'est pas la première fois qu'il a le sentiment d'être en paix avec lui-même quand il est dans l'infirmerie. Mais étrangement, aujourd'hui, pour la première fois, Aetios , au rythme des massages d'Aiken, bascule doucement sa tête vers l'arrière dans un soupir de satisfaction. La vie paraît plus calme
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Aiken Young
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyJeu 29 Juin - 0:01:47

Please, be my strength instead of my weakness.
— Aiken Young —

« Enfant, Aiken ne se rappelle avoir émis de souhait particulier quant au travail qu'il voulait faire. Il n'avait pas de pays, ni de ville en tête non plus. Il ne s'était jamais demandé comment il serait plus tard, s'il vivrait avec des amis ou une femme —peut-être que ce serait un homme, d'ailleurs ? Il n'avait jamais été plus attiré par un sexe que par l'autre. Ou devrait-on plutôt dire qu'il n'avait jamais trouvé personne vraiment irrésistible ? Il lui arrivait comme tout le monde d'être séduit par d'autres personnes, il pouvait capter le charme qu'ils avaient et savait apprécier les belles choses, mais de là à trouver que certains sortaient vraiment du lot... Pas encore. Peut-être que ce ne serait jamais le cas. Il paraissait si vide à tant de niveaux, incapables de comprendre les élans de fascination ou d'admiration qu'on pouvait ressentir. La passion était quelque chose qui lui passait complètement au-dessus de la tête. Autant que la colère, ou la frustration. Ou en tout cas, c'était ce qu'on pouvait croire, en le côtoyant. Avec son visage à peine expressif, sa voix qui ne faisait jamais d'écart et ses yeux d'un bleu glacial, que pourrait-on imaginer d'autre qu'un homme qui ne réagissait jamais vraiment à rien, qui ne ressentait pas plus et qui vivait dans un monde dont les seules couleurs seraient des nuances d'un gris mate ? Les seuls instants où il vivait plus que n'importe qui était quand il avait un ballon à la main. C'était à ça qu'on reconnaissait ceux qui étaient doués; il ne rayonnait jamais autant que sur un terrain de basket, et quand il y était on ne pouvait que s'écraser face à lui. Ca avait toujours été son domaine, son monde, son royaume; il en était le roi et n'avait souffert d'aucun échec quand l'issue de la partie reposait sur lui. Aiken avait le don, un don que peu possèdent et c'était une véritable tragédie qu'il ne s'en serve que pour des parties entre amis. Même si malgré lui il lui arrivait de s'imaginer à nouveau se battre sur un terrain contre des joueurs forts à en couper le souffle, il ne comptait pas reprendre la compétition, ni même entrer dans un club. C'était une époque passée, et même s'il devenait l'as de la meilleure équipe du Japon, ça ne suffirait jamais à prouver qu'il était plus fort que cette équipe qui les avait vaincu en terminale, en France. Il aurait pu les battre, si seulement ses « coéquipiers » n'avaient pas été si faibles. S'ils s'étaient battu, au moins, au lieu de se laisser aplatir par la pression. Il avait fini le match presque seul, avec le second meilleur joueur de leur lycée dans l'incapacité de jouer; Jeff King, un de ses deux colocataires à présent et ami d'enfance, s'était blessé quelques semaines plus tôt et pouvait tout juste marcher avec des béquilles. Alexander, lui, était présent sur le terrain et faisait de son mieux mais son mieux n'était même pas comparable avec celui d'Aiken. Aussi fort ce dernier était-il —il surpassait largement bon nombre de joueurs du terrain—, il n'était rien face à une équipe entraînée et soudée. Ils n'avaient pas son talent mais ils avaient passé tellement d'heures de plus que lui à la salle d'entraînement que son seul don ne semblait plus rien valoir. Ou, si. Son don valait 34-71.

34-71. A la fin du match, personne n'était surpris, à part peut-être lui. Il avait espéré gagner. Plus qu'espérer... il en avait été persuadé. Pas qu'il se soit relâché ou qu'il les avait sous-estimé, il n'avait juste pas imaginé que le titre de champion sur plusieurs années allait avoir autant d'impact sur le moral de tous. L'issue du match avait été annoncée comme une évidence, les uns se disant que c'était comme d'habitude et les autres pensant qu'il n'y avait pas eu d'autre scénario possible. Aiken avait été le seul, dans les gradins comme sur le terrain, à penser que le match pouvait se terminer autrement. 34-71. L’écart n'était pas si énorme que ça, quand on y pensait. Mais il était assez conséquent pour que personne ne doute de la victoire des champions en titre. Assez évidente pour que rien ne change dans les discours habituels. Les journalistes qui faisaient semblant d'imaginer que le score allait se renverser, le public qui acclamait les héros du jour. Et le choc qui avait percuté en pleine face le capitaine de cette équipe perdante. Un choc qui l'avait rempli d'une rage avide et d'un dégoût profond. Il n'a plus jamais foulé un vrai terrain après ça, ni une salle de sport. Peut-être que le jour où ça arrivera, il aura de nouveau le désir dévorant de victoires, et peut-être qu'il laissera le jeu de rue pour retourner au milieu de ces stades où on célébrait ses paniers à grands cris et où son nom était répété par des élèves de son lycée, qui avait fait le déplacement. Il n'oublierait jamais ce match à domicile où les habitants de sa ville avait hurlé son nom. Ce sentiment qui avait gonflé sa poitrine, l'avait assailli par grandes bouffées et lui avait donné l'impression d'être élevé où jamais il n'avait eu l'occasion de se trouver. Elevé où les plus grands sportifs se trouvent, élevé plus haut que jamais. L'enivrement qui l'avait pris à la gorge et avait envahi tous ses muscles, il le recherchait toujours, presque inconsciemment, dans tout ce qu'il faisait. Il voulait atteindre de nouveau ce niveau d'excellence, plus que tout, redevenir un Dieu aux yeux d'un public pendant quarante minutes. Peut-être était-ce car il avait eu une expérience si exceptionnelle qu'il trouvait tout plus ennuyant à présent ? Ou pas ? Peut-être bien avait-il toujours trouvé tout inintéressant ? C'était sûrement ça. Il n'avait jamais été particulièrement émotif. Ce qui ne l'empêchait pas d'aimer des choses ou de sourire comme tout le monde, mais il avait tendance à montrer bien plus facilement un visage plein d'incompréhension face aux réactions des autres. Quelque part, sur certains points il n'était qu'un nouveau venu dans ce monde, à qui il restait énormément de choses à apprendre. »

Une journée comme les autres; longue et répétitive. Des heures qui durent des années, des documents qui ne se remplissent pas assez rapidement. Après la pause de midi —que je n'ai pas eu, grâce aux élèves allongés dans la pièce à côté—, je me replonge dans la paperasse que j'ai à faire, passe deux-trois appels, regarde rapidement mon mail professionnel. Enfin, censé être professionnel. Faire le tri entre les pubs et les messages importants va encore être long. C'est dans ce genre de moments que j'ai envie de fracasser mon clavier contre la tête de ceux qui ont eu l'idée de nous inonder de pubs. Si c'est pas du foutage de gueule, ça, sérieusement. On a déjà des heures de pubs par jour à la télévision sur toutes les chaînes, sur YouTube en début de vidéos et parfois au milieu, les pop-ups quand on va sur certains sites de téléchargement —illégal, ça va de soit, je vais pas acheter un film ou une série trente balles si je peux l'avoir gratuitement et en parfaite qualité un lien plus loin. Peut-être bien que c'est mon côté occidental qui ressort, mais je m'en fous bien, des lois. Pas de toutes, évidemment, mais celles dans ce genre-là, qui servent qu'à faire chier, elles me passent très loin au-dessus de la tête. Au Japon, c'est pas la même mentalité, c'est clair. Evidemment il peut leur arriver de télécharger illégalement comme moi, mais 'faut pas plaisanter avec les règles ici. Ils sont tellement discrets partout où ils vont que quand on est dans les transports en commun, avec Jeff et Alexander, on a l'impression d'être seuls. On est serrés, c'est clair, mais on est les seuls qu'on entend. Les japonais murmurent entre eux, et quand on entend un rire, c'est soit un étranger, soit un jeune qui s'est laissé aller pendant une conversation muette. Pas que je sois très bavard, mais je ne me mettrais pas à chuchoter juste parce que les autres le veulent. Si quelqu'un prend les transports, il faut bien qu'il accepte l'inconvénient principal, qui est: il y a du monde. Et qui dit monde dit bruit. Enfin, c'est pas toujours hyper clair, au Japon, comme je l'ai dit. Bref, j'en ai assez de leurs pubs à la con, c'est pas avec ça que je vais acheter leurs produits ou signer leurs pétitions. Ah ! les pétitions. Parlons-en, des pétitions. Des articles pathétiques sur des causes dites nobles, écrits par des gens qui veulent juste se donner la conscience tranquille. Je suis même pas sûr qu'ils s'inquiètent vraiment des causes qu'ils prétendent défendre. Ridicule et inutile.

L'heure du rendez-vous avec Aetios arrive doucement et la porte s'ouvre, le laissant apparaître. J'hoche silencieusement la tête dans sa direction à sa salutation. Je suis habitué à ce qu'il m'appelle « Doc », ça fait longtemps qu'on se voit toutes les semaines, mais ça continue de m'amuser et de me faire sourire... intérieurement, bien entendu. Quoique parfois ça m'arrache peut-être l'esquisse d'un léger. J'entre dans la pièce à sa suite, et une fois à l'intérieur je me plonge quelques secondes dans la dernière page d'observations du dossier. Ca m'apprend pas grand-chose, mais au cas où j'aurais oublié un point, ça peut être utile et ça remet bien tous les éléments dans la tête. Enfin, depuis lundi on peut pas dire que les éléments soient vraiment partis, j'ai pas une mémoire défaillante à ce point. Pendant que je finis de feuilleter le dossier, re-dévorant les informations en lisant en diagonale, il retire son haut. Je pose enfin le tas de feuilles agrafées et m'approche de lui en posant les mêmes questions qu'à chaque fois. Mes yeux baissés sur son dos vont rencontrer les siens quand il prend la parole. Un léger soupir s'échappe de mes lèvres. Ce n'est pas bon. C'est normal, c'est un événement qui le hantera toute sa vie, mais ça arrive bien trop souvent pour moi. Si j'en avais la possibilité, je lui donnerais un truc qu'il ferait biper quand il se réveillerait de ce genre de cauchemars et je viendrais immédiatement. Je me demande si ce serait la solution. Sans doute pas. Mais ça limiterait peut-être les dégâts, si je pouvais être là aux moments critiques. Parce qu'on ne va pas se mentir non plus, ce n'est jamais aux heures des consultations qu'il va le plus mal. J'hésite à lui dire ça. J'hésite souvent à lui dire ça. Lui donner mon numéro de téléphone perso' ou n'importe quel moyen de me contacter rapidement, et lui dire de me faire signe en cas de problème. Je n'en ai absolument pas le devoir et je suis pas sûr que j'en ai le droit en tant qu'infirmier de ce pensionnat, c'est plus le genre de choses que ferait les infirmiers qui suivent leur patients à l'hôpital, mais ça peut être quelque chose à tenter. Ça fait quelques séances que j'y pense plus sérieusement, même si cette idée m'a effleuré bien avant. Je lui en ferais peut-être part à la fin de la séance d'aujourd'hui.

Ouais, je sais, soufflais-je en réponse, le regard perdu entre ses yeux noirs et la fenêtre à droite. J'émerge quand il reparle et met quelques secondes à sortir de mes pensées, puis je réponds sur un faux ton de menace, sans pouvoir retenir un léger rire: Mêle-toi de ce qui te regardes, bonhomme, oublie pas que j'ai les doigts sur ton dos.

Aetios, c'est un mec plutôt agréable. Traîner avec lui doit être sympa'. Avec lui, au moins, il m'arrive de me laisser un peu aller à quelques blagues, un ou deux sourires parfois. Il est le genre de personne avec qui on peut se détendre et être soi-même. Enfin... C'est peut-être parce qu'il a mon âge que je peux m'autoriser quelques écarts que je ne me permettrais pas face à un lycéen ou un collégien. Et puis, on a eu le temps de se connaître un peu, suffisamment pour qu'il n'y ait pas de gêne entre nous, et pas plus de distance que nécessaire. Je pense qu'aucun de nous n'a vraiment envie de parler de nous à l'autre, alors nos silences se comprennent naturellement. C'est une ambiance que j'apprécie beaucoup. Mes doigts glissent sur sa peau, l'effleure et s'arrête quelque fois pour observer l'état, puis j'attrape la pommade, frotte mes deux mains l'une contre l'autre pour l'étaler en regardant ses cicatrices. Je ne sais pas pourquoi je suis infirmier, si ces moments me plongent toujours dans un état d'esprit sombre. Quand je vois son dos, j'ai juste envie de le soigner et de tout faire disparaître, les douleurs et les souvenirs. Quel con, de penser ce genre de choses. De toute façon, je ne peux rien faire de plus qu'appliquer de la pommade et vérifier que rien ne s'empire, alors c'est ce que je fais. J'applique de la pommade.
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Hope u like it dear Oracle.
en vrai, t'as eu droit à un rire d'Aiken. ça arrive trèès rarement !
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyJeu 29 Juin - 15:11:13

Aiken Young & Aetios Sillohe
I was afraid of your substance. And what if you lie to me ? I'm gonna be guilty of simply trusted you. Dreams are not real. So why my reality is about a dream ?  

The Boy who saw Firelight
J'ai dégluti. Parce que ses doigts se posaient sur ma peau. Ils étaient froids, mais je pouvais sentir leurs chaleurs s'abandonner contre mes meurtrissures. J'ai réalisé qu'ils étaient à son image. Glacé, mais brûlant. J'ai tourné le regard et j'ai plongé mes rétines dans les siennes. J'aurais pu rire de la situation, mes pupilles sombres dans ses yeux translucides. Mais j'avais plus la moindre envie de rire. J'avais envie de lui raconter des histoires merveilleuses, mais j'avais la gorge sèche. Alors j'ai dégluti ? J'ai senti ma salive couler contre ma pomme d’Adam et ma peau s'est mise à exprimer une chair de poule involontaire. J'ai pris sa main dans la mienne sans savoir ce que je faisais. J'ai fermé les yeux parce que je pouvais sentir brûler la maison de mon enfance dans mon être. Il n'a sûrement pas compris. Indécis et gêné, j'ai murmuré : 

« c'est froid. »

J'ai pas rouvert les yeux, mais j'ai lâché sa main. J'aurais voulu m'expliquer. Mais j'en étais incapable, alors je me suis remis dos à lui et je lui ai offert mon secret le plus intime, comme deux fois par semaine depuis un an. Peut-être est-ce que c'est parce qu'il a ri. Ça ne lui ressemble pas. Mais ça lui va si bien. J'ai dégluti à nouveau, et soudain, j'avais envie d'écrire.

Aetios fixe le mur en face. Ça fait un moment qu'il est là. Mais c'est sûrement le meilleur infirmier qu'il ai eu depuis qu'il en fréquente de manière régulière. En fait, il se souvient des mois à l’hôpital, des pleurs de son père lorsqu'il a ouvert les yeux sans comprendre. Trois mois, il était resté dans le coma trois mois. À jongler entre la vie et la mort. Et contre toute attente, il avait fini par ouvrir les yeux. Son petit corps avait refusé de mourir. Et pour ce choix, il était affublé à vie d'une armée de test et de contraintes physiques. Il ne pouvait pas se baigner. Il ne pouvait pas laisser son dos exposé au soleil. Dormir sur le dos, c'était proscrit et régulièrement, il avait appris à faire des exercices de respirations. En réalité, c'était un handicap. On ne parlait pas de la petite brûlure faite par inadvertance, on parlait d'une explosion qui avait soufflé sur lui comme un force dévastatrice, qui avait défiguré sa peau et mordu son système musculaire. Il ressemblait à ses victimes de brûlures à l'acide. Enfin son dos ressemblait à ça. Aetios avait subi des chirurgies réparatrices, certes, mais les plaies étaient toujours terriblement nettes et parfois, il y avait encore des traces visibles de peau mangée par les flammes. Il se disait qu'il ne devait pas particulièrement être très séduisant vu sous cet angle. 

Aetios avait eu des expériences sexuelles. Cétait pas un chaton. Il aimait les mecs. Il le savait depuis aussi longtemps que l'amour ou la sexualité avait commencé à l’intéresser. Honnêtement, ça faisait pas très longtemps. Mais il avait eu quelques expériences. Il avait jamais connu l'amour, il le reconnaissait. Des amourettes, mais s'il avait pu tout lâcher pour venir au Japon c'est qu'il admettait lui-même que ça n'avait jamais été incroyable. Il fallait le tolérer. Il le savait. Lui, ses livres qui débordaient de partout, lui ses marques indélébiles, lui et son caractère passif. Son ex, il s'en souvenait, supportait pas de voir son dos. Ça tombait bien, c'était lui qui était le plus souvent dos à Aetios. Mais ce qu'il ne supportait pas plus que tout, c'était qu'Aetios avait tendance à être d'accord avec tout. Pas qu'il l'était vraiment, mais il avait admis volontiers qu'il n'allait pas s'investir dans cette relation plus que ça parce qu'elle ne lui importait pas. Il avait eu le droit à un magnifique crochet du droit et une scène de ménage comme il n'en avait jamais vécu. Après cet épisode, il avait fini par se dire, que finalement, les études étaient plus importantes. Il ne cherchait pas à plaire. Désormais il voulait juste être lui-même. Après tout, il ne s'était jamais vraiment pris la tête avec toutes ces histoires. Il aimait les romans d'amour et jalousait leur passion. Mais il ne pouvait pas le vivre. Il avait lu un nombre incalculable de livres. Il les dévoraient toujours un peu plus assoiffé par l'odeur délicate d'un bouquin. Et dans le lot, il avait lu pas mal de romans qui traitent l'amour. Tantôt dans une comédie classique appréciant ses déboires passionnels comme dans Cyrano ou la parole faisait office de langage corporel tantôt dans des livres plus terre-à-terre ou le sexe était décrit sur des pages et des pages et ou son imagination, parfois, le poussait lui-même à ressentir un certain plaisir au fur et à mesure qu'il découvrait des corps. Et bien souvent l'amour était un concept fort. Une sorte d'épopée titanesque ou l'ultime but était la préservation inconditionnelle de cette euphorie légère qui accompagnait les débuts des déboires amoureux. Il avait tenté, plus jeune, de vivre de l'amour comme dans un roman, toujours aussi frais, toujours aussi passionnant. Mais il avait fini par se résigner, il n'avait soit pas eu le bon partenaire, soit cet état n'existait tout simplement pas. Et puis, il avait découvert par d'autres lectures que parfois l'amour était un concept libre. Qu'il n’existai pas vraiment ou bien qu'il pouvait se partager. Il ne savait pas trop quoi en penser lui-même. Il était un lecteur, extérieur à ces émotions. Il regardait, intrusif et presque parfois voyeur les parades nuptiales de héros auquel il ne parvenait pas à s'identifier. L'amour nécessitait un abandon parfois total à l'autre, c'était la conclusion qu'il s'en était faite. L'amour, le pur, le vrai, l’inégalable, celui qui passait outre les vices et s'adonnait à l'acte le plus cruel qui soit. Et Aetios n'appartenait à personne. Il souffrait de sa liberté, il souffrait de ses démons,qu'il croyaient enterrer, mais, qui l’empêchaient de parvenir à cet état presque second qu'impliquait un amour comme le décrivaient les livres. Il en avait fait le deuil. 



Les doigts d'Aiken soudain le tirent de sa rêverie. Il revient à la réalité, se délectant encore des soupçons des songes étranges qu'il fait dans cette infirmerie. Ils viennent de toucher un point sensible. Et au fur et à mesure que s’étale sur sa peau la pommade qui le soulage, il se dit que peut-être, il devrait prendre rendez-vous chez le psy de l'école. Peut être devrait-il parler de ses rêves à quelqu'un. Se libérer sur ce rêve qui devient chaque fois plus réel de sa maison qui brûle pourrait peut-être soulager ses douleurs. Aetios balaye cette pensée. Il tourne sa tête vers la gauche et fait rouler son omoplate. Dans un craquement sonore, il délie son cou tendu par la posture droite qu'il a adopté. Sur son dos se dessinent les marques de ses os qui bougent sous sa peau. Sa chair de poule ne le quitte pas. Soudain, sa vue se brouille. 

Sous ses yeux éveillés, brûle les murs de sa chambre d'enfant, il sent monter le long de sa gorge un dégoût profond. Une boule de nerf qui s'immisce dans son cou. Une grimace déforme son visage. Il inspire pour essayer de rendre à cette vision sa valeur d'irréalité, mais elle semble déjà bien trop réelle. Sa respiration se bloque. Il sent la fumée imprégner son nez. Il ne cherche pas. Ce n'est pas la première fois que ça lui arrive. Le brun se couche sur le lit ou Aiken lui applique la pommade. Il tousse une fois. Sa gorge refuse de reprendre de l'air pur. Ses mains se crispent sur le rebord du lit. Sans un mot, il retente une nouvelle respiration. Il tousse une nouvelle fois. Il sent qu'il ne peut plus retenir sa respiration plus longtemps. Bientôt, il va commencer à suffoquer. Aetios se concentre. Et les secondes lui semblent devenir des heures. Il sent le parfum d’aseptique qui embaume l'infirmerie, il sent les papiers fraîchement emprunts d'encre que vient de remplir l'infirmier. Et bien sûr, il sent Aiken. Est ce qu'il s'inquiète ? Ça n'est pas la première fois qu'Aetios fait ce genre de crise. Mais c'est sûrement la première fois qu'Aiken y assiste depuis son début. Son corps tremble doucement. Aetios a l'habitude. Mais se dire que peut être l'infirmier s'inquiète l’agace. Il n'en a pas vraiment envie. Dans un effort contrôlé, il inspire à nouveau tout doucement. L'air, enfin, passe par sa trachée. Puis une seconde fois, moins retenue, il lui faut de l'oxygène. L'air s'engouffre dans son nez et sa bouche, parcourant ses tuyaux de chair dans une vitesse hallucinante. Aetios tousse à nouveau expulsant le souvenir de cette fumée qui lui brûla jadis les poumons partiellement.


YOU DON'T OWN ME. Non, tu ne me possèdes pas, toi souvenir fugace, démon indélébile. Tu ne me possèdes pas malgré mes poumons qui refusent de m'obéir. Malgré mon dos courbé par ta cruauté. Tu ne me possèdes pas, toi menteur du monde, arracheur de mère et assassin de mon enfance. Tu ne me possèdes pas et jamais tu n'auras ma fin. Et pour te narguer un jour, j'offrirais tout cela a un autre que toi. Tu ne pourras alors que regarder impuissant mes pas qui t'ignorent. You don't own me, ans in the end you'll get tired of me. 

Aetios se redresse doucement. Il tourne de nouveau son regard vers Aiken. Il devrait s’excuser peut-être ? Peut-être lui dire que ça va. Il devrait peut-être le rassurer. Ou bien au contraire, il devrait peut-être fondre en larmes. Mais il ne veut rien de tout ça. Rien de tout ça ne lui ressemble. Il garde ses lèvres closes. Petit à petit, le monde extérieur reprend ses droits sur la réalité. Oui, il est ici, dans l'infirmerie. Il l'a toujours été. Il l'a oublié parce que parfois ses démons sont plus fort. Et qu'il préfère ne pas s'en soucier. Mais au final, il est bel et bien dans l'infirmerie. Dans son silence il espère qu'Aiken comprend. Il n'y a rien à faire pour ces crises. Sur son dossier médical, c'est indiqué. Le feu n'a pas seulement réduit son dos en charpie ce soir d'octobre. Il a également imprégné ses poumons alors que l'enfant inspirait les fumées et les flammes. Le choc du bitume lui brisant des cotes, sa cage thoracique s'était légèrement affaissée. Ses poumons déjà en mauvais état en avaient pâti. Il a vieillit et si son état nécessite encore des vérifications régulières, les symptômes qui le prennent le plus souvent, ce sont des soucis respiratoires. Parfois, il crache du sang. Malgré ce qu'on peut penser, il s'est relativement bien rétabli du traumatisme qu'à subit son corps d'enfant. Et Aetios n'aime pas ces crises, elles donnent l'impression que ce n'est pas le cas. Comme si être enchaîné à un hôpital et une surveillance régulière ne suffisait pas. Il fallait aussi qu'il ait des « crises ». Bonjour le cadeau. Ses pupilles sombres évaluaient le degré de surprise qu'il pouvait y avoir dans le regard d'Aiken. Il essaye de juger s'il lui a fait peur. Ou bien s'il peut reprendre comme si de rien était et remettre son haut. 



Dans la pièce encore baignée de ce soleil doux de midi, Aetios sent son ventre gargouiller. Il n'as pas encore été manger. Il a faim. Ses yeux bercé dans ceux d'Aiken, il lève le menton doucement. Un rictus léger se dessine sur le coté de son visage. Ses lèvres s’étirent en un sourire discret. Ce genre de marque presque insoupçonnable. Il passe sa langue sur le bord de sa peau. Doucement. Personne n'as pu le voir. Personne sauf quelqu'un d'assez proche de lui en cet instant. Quelqu'un dont le visage lui fait face à quelques centimètres. Quelqu'un qui peut sentir sa respiration de nouveau normale se lover dans son champs d'intimité. Peut être quelqu'un comme Aiken maintenant. Qui sait ? Are we real? I smiled at you and you can read the invisible words on my lips.
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Aiken Young
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyJeu 29 Juin - 21:50:25

Please, be my strength instead of my weakness.
— Aiken Young —

« Il avait toujours eu du mal avec ses parents. Il avait toujours eu du mal avec tout le monde, mais surtout avec ses parents. Personne n'a jamais compris comment un homme et une femme si gentils, tellement qu'ils en perdaient la force de se préserver et ne répondaient aux critiques et aux insultes qu'avec un sourire gêné et une excuse soufflée d'une voix presque muette avaient pu avoir un fils tel que lui. Un fils qui comprenait tout plus vite que tout le monde et qui avait déjà cerné tous les enjeux de la politique et des guerres avant d'entrer au collège... et bien mieux que ses parents. Avait-il un jour vraiment eu un regard d'enfant ? Bébé, il ne criait jamais, se contentait de fixer les gens comme s'il essayait de les sonder. Ca avait mis mal à l'aise bien des gens et cette sensation ne s'était pas amélioré quand, il a grandi. Au contraire, ça s'était empiré. Sa capacité à analyser les choses, que ce soit les comportements des autres ou non, combiné à son insolence lui a attiré beaucoup d'ennuis. Ses géniteurs ont parfois été convoqués parce qu'il avait répondu à un professeur, ou déclenché une bagarre. Mais ce n'était jamais lui qui criait ou cognait. Il ne faisait qu'énoncer des faits et contredire ceux qui clamaient des choses en s'appuyant sur une logique bancale. On aurait pu le féliciter, au lieu de le punir. On aurait dû, parce qu'il avait raison. Sauf que ce n'est pas comme ça que ça marche, en société, et s'il est une chose qu'il n'a jamais pleinement assimilé, c'est qu'on puisse craindre de se planter. Enfin, il pouvait le comprendre, mais qu'on puisse laisser les autres dans l'ignorance la plus totale pour ne pas devoir subir quelques minutes de honte ? Ca, il trouvait ça bête à un point inimaginable. Encore quelque chose qui n'avait toujours pas changé. »

Pendant que j'applique la pommade, il me regarde soudain. Ses yeux sombres attirent mon attention et je tourne une seconde les miens vers lui avant de me remettre à ma tâche. L'instant d'après, je sens qu'on enlève une de mes mains et je le regarde de nouveau. Ses paupières étaient baissées. Si ce n'était pas lui, si on était pas ici et s'il n'avait pas cette expression si lointaine, si particulière, j'aurais dégagé mes doigts. Mais là, je l'ai laissé faire, je l'ai juste observé, comme si j'essayais de le comprendre, de m'imprégner de lui. Peut-être que c'était le cas. Peut-être que j'aurais aimé savoir ce qu'il pensait, peut-être que j'aurais aimé être ce qu'il pensait. Peut-être que j'aurais préféré que ce soit ça plutôt que le feu dévorant qui devait le hanter. J'aurais préféré qu'il pense à n'importe quoi plutôt qu'à ce feu. Mais c'est juste une pensée parmi plein d'autres, un souhait qui n'a aucune chance de se réaliser. Un souhait que je ne suis même pas sûr de vraiment souhaiter. Après tout, je suis juste payé pour lui appliquer de la pommade et veiller à ce que son état ne s'empire pas. Je suis pas un psy', et je suis pas un proche. Alors, il pourrait bien penser à l'incendie, tant que ça n'empire pas les choses... non ? Il murmure que c'est froid. «Qu'est-ce qui est froid ?», je suis tenté de lui demander. Ma main ? La pièce ? Ou peut-être que ce qui est froid, c'est quelque chose que je ne peux ni ressentir, ni voir. Peut-être que c'est quelque chose qu'il est le seul à sentir, le seul à voir, peut-être qu'il est le seul à ressentir sa froideur.

Et alors que j'essuie mes mains pleine de pommade dans une serviette en m'écartant de quelques pas, il se fige. Ses muscles se tendent et je m'apprête à lui demander s'il va bien quand une grimace déforme ses traits. Je jette machinalement la serviette dans la poubelle à mes pieds sans le quitter des yeux et avant même que j'ai le temps d'ouvrir la bouche pour prononcer des syllabes inutiles, je comprends. Il a l'air d'avoir du mal à respirer, d'étouffer. Même si je ne l'ai jamais vu comme ça, je sais ce qui se passe. Il se couche et agrippe les rebords du lit de la pièce. Je dois réfléchir, vite. Interrompre sa crise. Faire quelque chose d'intelligent, dire quelque chose d'intelligent. Agir. Je dois me servir de mes stages, mes études. Parce que j'en ai besoin maintenant. Je me creuse la tête désespérément, à la recherche des gestes que je suis censé faire, à la recherche de ce qui l'aidera, à la recherche de n'importe quoi. Mais —Dieu merci !— mon corps est plus rapide que mon esprit et je me retrouve auprès de lui avant de me souvenir m'être élancé. J'attrape sa main, la serre jusqu'à ce qu'il sente ma paume se fondre dans la sienne. Jusqu'à ce que dans sa peau s'inscrive ma présence. Mes lèvres se rapprochent de son oreille et elles bougent, cette fois. Les sons qui sortent de ma bouche, je ne les reconnais qu'à peine. Je ne me savais pas capable d'un ton si doux. Mais peu importe. Je dois juste l'aider à sortir de cette crise, lui imposer ma proximité jusqu'à ce qu'il ne pense plus qu'à elle. Jusqu'à ce qu'il ne voit plus que moi, n'entende plus que moi, ne sente plus que moi. Jusqu'à ce que je sois son monde. Il faut juste qu'il oublie l'incendie pendant quelques instants, qu'il soit concentré sur moi. S'il fait ça, sa crise sera terminée. Merde, il faut qu'elle se termine vite. «Je suis là.» «Tout va bien.» «Concentre-toi sur ma voix.» «Respire.» Des banalités que je lui murmure, comme un secret, assez fort pour qu'il les entende parfaitement. Assez fort pour qu'il n'entende plus que ça. Je ne me serais jamais crû capable de dire des trucs aussi clichés. Il y a pas mal de choses que je ne me serais jamais crû capable de faire, en fait.

Soudain, sa respiration reprend un rythme plus normal. Je ne lâche pas sa main, pas même quand il se redresse en silence, comme s'il revenait d'un autre monde, affreux, effrayant, dévorant. Je ne compte pas lâcher sa main pour le moment. Je ne compte pas me relever non plus, pas plus que m'écarter. Ca fait beaucoup de contacts physiques pour une journée. Mais vu ce dont je viens d'être témoin, ce n'est pas encore trop. J'ai envie de le serrer contre moi, continuer de lui dire que tout ira bien, que je suis là, que je ne le laisserais pas. Ridicule de penser que je puisse le traiter comme un enfant à ce point. Si je le prenais dans mes bras maintenant, que dirait-il ? Si je le prenais dans mes bras maintenant et que je ne le lâchais plus avant qu'il ait totalement oublié sa crise d'aujourd'hui, si je restais avec lui le temps qu'il fallait ? Je sais que mes traits sont froids, impassibles, comme toujours. Et pourtant, je serais pas forcément totalement contre qu'ils expriment plus qu'un vide gelé, maintenant. Juste un petit peu. Pas que ça me dérange, ça ne change rien pour moi mais ça serait sans doute plus agréable. Peut-être que mes iris pâles savent montrer ce que je ne montre pas ? Peut-être qu'il peut y lire quelque chose dedans. Il est si proche que s'il y a quelque chose à voir dans ces lacs insensibles, il devrait le voir. De longues secondes passent. De très longues secondes, interminables. Des secondes qui durent des heures, des jours, durant lesquelles je me rends compte d'à quel point j'étais plus calme que je l'aurais crû. La logique me revient lentement, et avec elle tout ce qui me constitue. Je croyais être totalement paniqué, mes pensées étaient en désordre, elles apparaissaient n'importe comment et s'entassaient de manière anarchique, mais j'étais calme. J'avais un sang-froid étonnant, quand on voit à quel point ça m'a rendu inquiet. Je hais ce sentiment. C'est pathétique. L'inquiétude. Ca n'apporte rien de bon et ça n'améliore pas la capacité de travail. Ca handicape juste et ça empêche de dormir. J'en ai pas besoin, j'ai déjà trop peu d'heures de sommeil en poche. J'en ai pas du tout besoin.

Et puis, il y a cette voix désagréable qui me souffle que je ne choisis pas si je m'inquiète ou non. Elle ne m'apprend jamais rien, cette voix. Elle ne fait que m'agacer. Toujours là pour faire des remarques que je me passerais bien d'entendre, toujours là pour dire des choses que je ne veux pas écouter. Elle n'a aucune logique, aucune preuve, juste des accusations énervantes. Des accusations et des moqueries, quand elle en a l'occasion. Je peux très bien me moquer du monde sans elle. Qu'elle disparaisse. Elle ne m'a jamais rien apporté, je ne comprends même pas son utilité. Peut-être n'en a-t-elle pas. Enfin. Je déteste les émotions. Parce que les émotions, on ne les contrôle pas, on ne les influence pas. Elles sont maîtresses de nos réactions, ou en tout cas elles essayent. Elles ont un pouvoir fou sur nous, parce que bien que possible, lutter contre elles est extrêmement difficile. Tout comme ce soir j'essaierais en vain de vaincre cette inquiétude qui s'empare de mon cœur. Tout comme chaque soir j'essaie de vaincre mes démons et chasser les rêves avortés qui me hantent, plus encore que des cauchemars le feraient. Ces rêves que j'ai touché du doigt, que j'ai presque saisi mais qui se sont faufilés entre mes doigts pour disparaître plus vite encore qu'ils n'étaient apparus. Des rêves qui me rendent fou tant ils sont intenses, qui me tentent comme aucun diable ne le pourrait. Des rêves qui me narguent dès que je vois les gamins faire du sport, par la fenêtre, et qui me tiraille quand je me retrouve devant un terrain de basket. Dans ces rêves, je vole comme je volais à nouveau. Je suis suspendu dans les airs, ballon en main, avec devant moi un panier. Un panier si désirable qu'il m'attire, irrémédiablement. J'aimerais revivre ces rêves. Être en suspens, comme si le temps s'arrêtait, entendre mon cœur battre comme jamais, sentir dans mon dos des milliers de corps se tendre et tout autant de regards. Et puis, le poids du ballon qui quitte ma paume, la force qui traverse mes bras et les cris. Les centaines de cris. Le torrent de cris. Une ville qui crie. Mon monde qui crie. La gravité reprenant ses droits et mon cri qui se mêle au leur. Le score lumineux se démarquant du fond noir, et le sifflement. Encore plus de cris. Un monde qui vibre à mon souhait. Des cris ne dépendant que de moi. Des portes qui s'ouvrent sur d'autres perspectives juste grâce à moi. Des années de vie ne dépendant que de moi. Et puis, le ballon intercepté. Les joueurs devenant des spectateurs. Des murs immenses entre le panier et moi. Des pièges qui se referment sur moi. Une mâchoire d'acier qui m'écrase et les cris ne dépendent plus de moi. La fierté condescendante de ceux qui maîtrisent les cris. De ceux qui maîtrisent les vies. De ceux qui maîtrise ma vie. Et le score qui détonne, le hurlement du sifflet, la gravité brisant mes jambes. La gravité écrasant mon cœur. La gravité déchirant mes poumons. La gravité me gardant cloué au sol, loin des airs. Les Cieux ne voulant plus de moi. Les rêves volatiles s'enfuyant. Et mes ailes qu'on m'ampute, pour toujours. La certitude que je ne pourrais plus jamais voler. Les chaînes invisibles m'enlaçant douloureusement, m'empêchant de m'élever. Et l'agonie éternelle de ces rêves qu'on a pas su capturer.

Après une éternité silencieuse, ma pression sur ses doigts se relâche et ma main s'évade de cette prison qu'elle avait elle-même créée pour venir se poser sur son front. Le bruit discret qu'a fait son ventre ne m'a pas échappé et je lui rends l'ombre d'un sourire en poussant doucement sa tête vers l'arrière avec ma paume, prenant la parole avec une voix faussement réprimandante:

'faut manger le midi, c'est à ça que sert le self, j'te rappelle.

Voir nos peaux se toucher juste devant mes yeux me fait remarquer à quel point je suis pâle, ou à quel point il est bronzé. Sans doute que les deux se complètent. C'est pareil pour sa musculature. Il a des épaules définitivement plus larges que les miennes et est largement plus musclé, ce qui pourrait me faire me sentir trop mince si j'étais du genre à avoir pas ce genre de pensées. Je résiste à l'envie de remettre une mèche de ses cheveux bruns qui s'est échappée et me redresse lentement, m'écartant légèrement. Je lui fais signe de remettre son t-shirt et m'apprête à aller vers le bureau quand je me fige. Je devrais lui dire ce que je voulais lui dire. Aujourd'hui, à cette séance. C'est le meilleur moment, et c'est peut-être cette nuit qu'il en aura le plus besoin, s'il refait une crise. J'avance à grandes foulées vers le bureau, mais au lieu d'attraper son dossier pour le ramener dans la pièce d'à côté, j'ouvre un tiroir et déchire un morceau d'une feuille vierge et attrape un crayon qui traînait par là, me penchant dessus pour écrire une suite de chiffres. Après quoi je me redresse, pose le stylo et revient vers lui. Je lui tends le papier.

Mon numéro de téléphone perso'. Ca fait pas mal de mois que j'y pense mais je le mets en place que maintenant. Si la nuit tu fais une crise ou tu souffres, appelle-moi immédiatement. Si tu te réveilles d'une mauvaise nuit, pareil. Et je ne veux même pas en discuter, c'est un ordre. C'est compris ?
2490 mots.
Hope you like it dear Oracle.
en vrai j'avais l'inspi' et tout mais la flemme de faire une réponse plus longue.
'm'en veux pas
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyVen 30 Juin - 16:37:41

Aiken Young & Aetios Sillohe
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The Boy who Suffocate
 J'avais le souffle coupé. Plus parce que j'étouffais, mais parce que baignait en cet après midi chaud une douceur incroyable. L'espace entre nous s’amenuisait lentement et j'aurais juré voir dans ses yeux bleus se perdre des particules de lumière. Les couleurs ondulaient contre son iris clair en filaments imprenables. Ses pupilles, doucement, se dilataient tandis qu'un battement de paupière me laissait apprécier ses cils délicats. J'aurais voulu poser ma main contre sa joue. J'aurais aimé lui dire que ça allait. C'était faux, mon cœur battait encore la chamade. Et je n'étais plus sur de rien. Tandis que s'installait entre nous l'idéal d'une promiscuité, j'aurais juré qu'il y a avait dans ce regard des couleurs si belles qu'elles n'avaient pas de nom. Oui, je retenais encore ma respiration. Mais cette fois-ci, c'était simplement parce que j'étais submergé par son émotion. J'aurais juré qu'au-delà de ses yeux, battaient des démons tout aussi fort que les miens. Soudain, j'ai senti mon cœur se serrer dans ma poitrine. 

Aiken brise le silence. Et Aetios prit de court, plonge ses yeux sur sa main. Il a serré les doigts autour de la main du blond. Comme une bouée de secours, comme un rappel à l'ordre. Maintenant qu'elle n'est plus là, il se sent un peu vide. En fait, c'est encore pire, il sent toujours la chaleur de celle-ci. Comme un spectre de ce contact qui lui manque. Il n'en revient pas. Il avait compris que Aiken n'aimait pas les contacts. Il suffisait de se remémorer la première fois où il avait vu apparaître Aetios – lui habitué depuis le temps à ce qu'on lui tripote le dos – pour lui passer de la pommade. Il avait fait un tête que le Grec n'était pas prêt d'oublier. Mais blague à part, il réalisait l'effort que venait de faire Aiken. Et cet acte était désormais pour Aetios un secret délicieux. Il a souris à nouveau, et le cœur du brun, la encore, manques un bond. À nouveau, il voudrait poser ses doigts sur sa joue, mais il se retient. Qu'est-ce que ça ferait ? Ses doigts larges sur une peau aussi claire et délicate. Il n'en a pas la moindre idée. Il s’imagine qu'elle doit être douce. Il se dit que ce sourire n'en est peut-être pas vraiment un. C'est peut-être juste une formule de courtoisie pour échapper à ce moment qu'ils viennent de vivre et qui était plutôt embarrassant. Aetios n'aime pas cette idée, mais il ne parvient pas à l'hotter totalement de son esprit. Il répond à son sourire puis à ses mots maladroits. 

«  - Je me nourris de passions Doc'. » 

Aetios parle des livres. Il a toujours le nez dedans et quand il se dit qu'il devrait aller manger, bien souvent, la cloche sonne la reprise des cours et il a passé sa pause à lire. Il est un peu déphasé. Ce qu'il ignore c'est que ces mots peuvent prendre dans l'esprit d'Aiken des formes de vieux démons. A vrai dire, ils n'ont jamais parlé plus que ça tous les deux. Aetios ne sait presque rien de lui. Mais au final ça lui va. Il imagine un truc du genre : quand il aura besoin ou envie de parler, il le fera. Ce qui était sur c'était qu'Aetios n'était pas psy. Mais il savait mieux que personne écouter, et parfois son esprit d'analyse était une ressource précieuse. Il se souvenait des fois ou il avait écouté les tracas de ses amis d’antan. Cela dit, il n'aimait pas aller au fond des choses. Il essayait lui-même de se remettre en question régulièrement, mais il savait que certaines choses étaient plus complexes dans les relations humaines. Il n'avait pas envie de se pencher la dessus. Il se rappelait par exemple le remariage de son père. Au fond de lui, tout au fond, il ne pouvait pas lui pardonner. Maman était morte, et son père avait fini par la remplacer. Il avait fini par fonder une nouvelle famille et dans le fond, Aetios pensait un peu que c'était au détriment de l'ancienne. Malgré ça, il était heureux pour lui, pour sa belle-mère et il adorait plus que tout son petit frère. Encore pire, il s'en voulait encore de la mort de sa mère. Pas que c'était sa faute. Mais c'était les événements qui l'avaient conduit à en prendre la responsabilité. Il n'y avait plus personne pour pleurer sa mère. C'était son devoir désormais. Si ce soir la, son père était monté se coucher plus tot, toute la famille serait sûrement morte dans l'incendie. Si ce soir la, son père avait été chercher en premier sa femme au lieu de son fils, peut être que c'est lui qui ne serait plus de ce monde. Peut être bien aussi qu'ils seraient tous encore la. C'était des questions qui ne pouvaient pas avoir de réponse. Aetios le savait. Il espérait juste qu'elles arrêtent de le hanter dans ses rêves. Finalement, il avait fini par prendre du recul sur tout ça. Parfois, quand le soir, il allait s'endormir et qu'il pensait à sa mère, il se rappelait son sourire et ses longs cheveux noirs dont il avait hérité. Il se souvenait des caresses et des éclats de rire. Il se souvenait que tout cela n'avait pas de prix. Alors, enfin, il pouvait commencer à réfléchir à toutes ses questions qui le déprimaient. Elle était là, il le sentait. Et elle l'envahissait de son amour alors qu'il essayait lui de se faire pardonner. 

Aiken s'était éloigné doucement vers son bureau. Aetios attrapa son tee-shirt blanc et le remit. Il n'avait plus vraiment de gène à être torse nu devant l'infirmier. Même si quand il avait commencé à entrer dans l'adolescence, il avait eu des réticences à se dévoiler ainsi devant quiconque désormais, il s'était fait une raison. C'était ce à quoi il ressemblait. Ce n'était peut-être pas gracieux. Mais c'était lui. Et quoiqu'il puisse en penser, il avait un charme sauvage qui n'était qu'à lui, qui lui appartenait, et qui le rendait beau. Il passa sa main dans ses cheveux et les redressa doucement vers l'arrière de sa tête. Sa paume caressa à contre-sens ses pointes rasés et tandis qu'il jetait un coup d’œil dans le miroir, il se détailla doucement. Oui, il n'était pas si mal. Il avait un beau visage tout du moins. Des traits carrés, mais fins. Il arborait des lèvres pulpeuses et un regard sombre qui lui donnait un air mystérieux. Il avait le nez grec même si ce n'était pas une surprise. Il se surprit à se comparer à sa mère. Il lui ressemblait beaucoup. Mais il avait pris la taille et la carrure de son père. En lui-même, il se mit à rire, il avait réussi à prendre le meilleur de ses deux parents pour le synthétiser sur lui. C'était pas mal. Il repensa à son petit frère. Cheveux brun et les yeux verts. Il avait des joues toutes rondes et les dents du bonheur. Quand parfois, Aetios passait un coup de téléphone sur skype, il demandait à voir son cadet. Et alors qu'il apparaissait dans le champ de vision de l'enfant, Aetios pouvait voir par-delà la caméra le sourire franc et sincère de son petit frère. Lorsqu'il souriait ainsi, Aetios avait plus envie que jamais de rentrer en Grèce, de passer les vignes qui menaient à son petit village. De dévaler la plage qui donnait derrière la maison de son père. Il se voyait ouvrir la baie vitrée et surprendre son petit frère dans son bac à jouet. Aetios ferma les yeux. Il voyait parfaitement l'expression de surprise et de joie intense que ça créait sur le visage du bambin de 20 ans son cadet. Un sourire d'une douceur incroyable s'était installé sur les lèvres du brun. Et quand il entendit le blond écrire sur le bout de papier, il rouvrit les yeux et se retrouva de nouveau dans l'infirmerie. Oui, la Grèce lui manquait, mais il était heureux d'être la. 

« - Ca marche Doc'. » 

Répondit il en riant doucement au ton autoritaire qu'avait pris son vis-à-vis. Il se dirigea vers la sortie de l'infirmerie. Et alors qu'il passait le pas de la porte, il s'arrêta. Sa main sur l'encoignure, il regarda par-dessus son épaule en direction d'Aiken. Un sourire doux imprégna son visage et dans une voix plus grave qu'à son habitude, il lâcha doucement : 

«  - Merci »

C'était presque un murmure. Il resta quelques secondes à regarder le blond comme pour apprécier un peu plus son image avant de passer la porte pour de bon. Au loin, la cloche sonnait l'heure des cours. Il remonta rapidement dans sa chambre pour attraper une pomme. Il avait fait le plein quelques jours plus tôt. Arrivé dans sa chambre, il entra le numéro de téléphone dans son portable, et vérifia deux fois qu'il ne s'était pas trompé dans les touches. Comme un rappel à l'ordre, il reçu un autre SMS. Un camarade le prévenait que son cours de l’après-midi avait été avancé. Il prit son sac et se dirigea vers l’amphithéâtre. 

Deux semaines étaient passées. Globalement, rien de nouveau n'était arrivé. Aetios était plutôt satisfait, il avait proposé aux élèves des cours de rattrapage en littérature pour ceux qui étaient dans son dortoir. Et même si les candidats se faisaient rare, il n'en restait pas moins, que ça avait donné de lui l'image d'un surveillant sympa. Il commençait à s'éloigner de l'image de « sale con » qu'il s'était lui-même créer en arrivant dans le dortoir. C'était lui qui fixait les règles et si au début ça n'avait pas plus à certains. Maintenant, on le respectait suffisamment pour qu'il lâche un peu la bride. Ce soir là, c'était vendredi. Il n'était pas de garde dans le dortoir. Et il en était plutôt content. Il avait un travail à finir et il avait plutôt bien avancé sur sa thèse. Il en était encore au travail de recherche. Mais ça lui plaisait. Aetios regarda son téléphone, il était déjà minuit passé. Il retira ses vêtements et se mit en caleçon. Il se coucha dans son lit. Il n'était pas souvent dans sa chambre universitaire, mais il la préférait à celle des dortoirs, parce qu'elle avait au moins le mérite d'être totalement privée. Il se glissa sous les couvertures et posa son téléphone sur la table de chevet. Il enlaça entre ses doigts sa petite croix en or qui resplendissait sur sa peau presque brune. Il ferma les yeux. Le sommeil l’abattit d'un coup. La chaleur des jours précédents l'avait assommé. 

C'était un rêve ? Des particules s'élevaient lentement devant mon regard brouillé. Quand j'arrivais à ouvrir les yeux, je les reconnaissais un peu plus, c'était des paillettes. Non, non... C'était des étincelles. J'ouvrais encore un peu mes yeux dans un effort surhumain. La chaleur m'envahissait. J'ignorais ou j'étais. Doucement, je me suis mis debout. J'ai avancé vers les étincelles qui devenaient de plus en plus envahissantes. J'ai passé une porte et j'ai reconnu l'infirmerie. J'ai appelé dans mon sommeil « Doc ? » Mais je n'avais aucune réponse. La salle d'observation était entre ouverte. J'entendais le crépitement du bois et la chaleur devenait plus intense. Soudain, j'ai compris. L'infirmerie était en feu. D'un coup, les flammes envahissaient tout. Elles mangeaient les tableaux et dévoraient les bureaux. Les papiers de l'infirmier volaient poussière noire. Et alors que j'essayais d'aller vers la porte, des salves de chaleur me brûlait la peau. J'ai réussi à ouvrir la porte un peu plus et soudain, je l'ai vu. Il trônait au milieu des flammes, son visage impassible couver de larmes. J'ai tendu la main vers lui incapable de l'aider. Dans mon rêve, je criais « AIKEN ! » « VIENS » Je tendais la main. Et puis mes genoux sont devenus trop lourds. Ma main se porta à ma gorge alors qu'il avançait enfin vers mois. J'étouffais. 

Aetios se réveille. Il suffoque. Il manque d'air, pris de panique, il ne parvient pas à se calmer. Il attrape en vitesse son téléphone et compose le numéro. Des larmes coulent de ses yeux sans pouvoir s'arrêter. Il ne parvient plus à avaler le moindre air. Le téléphone sonne. Alors qu'il entend le déclique qui indique qu'Aiken est à l'écoute, Aetios hoquette d'une voix rauque entre coupés par le manque d'oxygène : 

« - … oc'.... Vit.... Ai....Aiken.... »

Le téléphone tombe de ses mains sur le sol. Il porte ses deux mains à son cou. Son corps se tend sous l'effort. Il essaye en vain de reprendre de l'air. Pourvu qu'il arrive vite. Aetios se concentre, mais ne parvient plus à se souvenir du visage d'Aiken. Alors que sa vision commence à se brouiller, il le voit brûler à nouveau. Des larmes perlent sur le côté de ses yeux pour tomber contre ses joues. 
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Aiken Young
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Please, be my strength instead of my weakness.
— Aiken Young —

« Je me nourris de passions Doc'. » De « passions ». Quelqu'un en moi se met à rire devant l'ironie de cette phrase, dite pile à ce moment-là, dite pile au pire moment, rire si fort que je ne m'entends plus penser. Rire si fort que je n'entends pas les mots destructeurs de cette petite voix, qui n'ouvre jamais la bouche que pour m'enfoncer. Rire si fort que ma gorge serait tenté de l'accompagner, si elle n'était pas soudain si sèche. Des passions, j'en avais. Une passion, en tout cas. Mais une passion, ça suffisait. Parce que le mot « passion », c'est un mot fort. Parce que le mot « passion », il veut dire tellement de choses qu'on en aurait jamais avec ce mot, même au bout d'une vie entière. Parce qu'avec moi, ce mot n'a pas duré une vie entière. Parce qu'il n'a duré que quelques années, et parce que je sais que ces quelques années me hanteront toujours, comme un jeune en pleine réussite qui viendrait pavaner devant un vieux sans avenir ni présent. Parce que devant ce mot, « passion », je me sens vieux. Je me sens exceptionnellement vieux, j'ai l'impression que des décennies ont passé depuis que j'ai joué sur un vrai terrain. Une éternité depuis que j'ai touché un vrai ballon. Et soudain, j'ai envie de revenir en arrière. Revenir à cette époque, où je n'imaginais pas lâcher un jour le basket. Cette époque, où je n'imaginais pas devenir aussi vieux. Aussi vide. Aussi loin de tout. Et ma gorge qui est de plus en lus sèche. Et mon corps qui se tend. Et ma vision qui s'égare entre le vide et Aetios. Et la douleur qui s'empare de mon cœur, la douleur qui le broie et est tentée de le détruire. La douleur qui l'empêche de battre, comme ce jour-là, et comme tous les suivants. Et le rire qui s'arrête. Et la voix qui recommence à parler. Et le regret éternel de n'avoir pas pourchassé mon rêve. Le regret d'être parti d'Angleterre. Le regret d'être venu au Japon, et d'être rentré dans cet établissement. Le regret d'être dans cette pièce, et pas dans un stade. Le regret de m'être laissé voler le ballon. Honnêtement, il y a cinq ans, je n'avais aucune idée du sens que pouvait prendre le mot « passion ». Je n'avais aucune idée de son importance et de combien, quand on y a goûté, il est difficile de le quitter. Je n'avais même aucune idée de l'effet qu'il aurait sur moi, physiquement. Ce mot avait écrasé les épaules et fait plier les genoux. Ce mot m'avait donné envie de frapper tout ce qui se présentait. Mes adversaires, qui n'étaient pas plus forts et qui pourtant m'avait écrasé. Mes coéquipiers, qui ne s'étaient pas battus. Jeff, qui était blessé ce jour-là. Alex, qui ne jouait pas aussi bien que moi. Les spectateurs, qui acclamaient les vainqueurs. Les caméras, qui montraient au pays mon échec. Qui montraient au monde mon échec. La « passion », que je croyais inexistante, que je croyais n'être qu'une imbécillité créée par des imbéciles se cherchant quelque chose à quoi se raccrocher pour penser que leur vie n'était pas pathétique, cette même « passion », à laquelle je me raccrochais désespérément, a tué quelque chose en moi, ce jour-là. Elle m'a pris ma vie, m'a pris mon avenir, ne m'a laissé qu'un trou béant et un reste d'âme vidé de tout. Il m'arrive, le matin, de me demander si tout ça vaut que je me lève. Si je ne devrais pas juste rester dans le noir et le froid de mon existence. Si je ne devrais pas tout quitter pour retourner sur un terrain, attraper un ballon, et faire ce que j'ai toujours fait de mieux: marquer. Juste laisser cette « passion » me dévorer de nouveau, faire ce qu'elle veut de moi, bouffer ma vie si elle le veut, à condition qu'elle me laisse retoucher l'euphorie débordante qui s'emparait de moi à chaque fois que le score montait. Et la fierté, inimaginable, grisante, d'être la raison, moi et ma « passion », de cette montée des points. Mais je sais que moi, plus jamais je ne me nourrirais de passions, parce que je n'ai pas su entretenir la mienne au moment où elle était la plus faible. Ou peut-être au moment où elle était la plus forte. Je l'ai étouffé par dégoût de l'Humanité, par dégoût de la société et des gens de mon lycée. Par dégoût du monde entier, et surtout, surtout... par dégoût de moi-même.

Comme pour sortir de ces pensées, comme pour faire taire cette voix qui fait tellement de bruit que je n'entends plus rien, je me lève. Je sais que cette nuit, et les suivantes, elle sera encore plus bruyante. Il va falloir que j'attende un moment avant de pouvoir dormir. Heureusement, la semaine est bientôt terminé. Ca m'évitera de me ramener ici avec des cernes encore plus grandes... ou pas ? Quand je commence à repenser au basket, j'ai l'impression de plonger moi-même dans le vide. D'y sauter avec allégresse, d'y sauter comme si je rêvais de voler. Ou peut-être, peut-être d'y sauter parce que je veux me noyer. Et c'est un vide où personne ne viendra me chercher, une eau trop sombre pour qu'on puisse juste tendre la main et me laisser respirer de nouveau. Et chaque fois que je ferme les yeux, il y a cet espoir qui naît au creux de ma poitrine. Cet espoir qu'une main m'agrippe et me sorte de ce vide, me sorte de cette eau. Ah ! J'en rirais presque, si mon cœur ne me faisait pas autant souffrir. J'en rirais presque. Aucune main ne viendra me sortir de tout ça, parce que ça fait longtemps qu'en moi, il ne reste plus rien à sauver. Parce que c'est une bataille contre moi-même, et que quoi qu'il arrive, j'ai perdu. Alors je chasse les souvenirs qui refont surface et j'écris les formes rondes de chiffres sur un bout de papier, comme voulant briser l'atmosphère de la pièce qui, pendant un instant, m'a fait horriblement vibrer. M'a fait vibrer comme rien de rationnel ne saurait me l'expliquer. L'inconnu a quelque chose d'effrayant, et je ne suis pas dans un assez bon état pour me lancer dans des questionnements dont je ne trouverais jamais la réponse.

Quand je lui remets mon numéro, il me répond avec un léger rire. Je ne sais pas pourquoi, mais ce rire m'apaise, et fait disparaître la voix durant un instant. Je plonge dans ses yeux sombres et me perd dans leurs immenses ténèbres avec un sentiment de me suicider étonnamment agréable. J'ai l'impression de m'abandonner à quelque chose qui me dépasse, et je n'ai pas envie de savoir ce que c'est. Parce que son rire le rend magnifique. Parce qu'il brille plus que n'importe qui et que n'importe quoi, avec ce rire. Et j'ai cette envie, dévorante et envahissante, qui me prend. Ce désir de me rapprocher et de le tirer contre moi. Parce que sa lumière me paraît la seule chose rassurante, et que peut-être que m'y jeter comme un papillon de nuit se jette sur une bougie n'est pas la pire idée qui soit. Et alors qu'il s'apprête à sortir et que moi, je commence à me retourner vers le bureau, sa voix basse résonne. Il a murmuré quelque chose. Et je me demande comment j'ai pu l'entendre aussi bien, comme si j'étais juste en face de lui. A nouveau, je me risque à le regarder. Un sourire doux orne ses lèvres. Et le mot qu'il murmure s'inscrit en moi alors que je me rends compte que j'étais prêt à me perdre une nouvelle fois dans ses yeux. Ses yeux, aussi sombres que le vide où je me jette, que l'eau où je me noie. Et il disparaît, me laissant figé au milieu de la pièce, comme si l'horloge s'était arrêtée juste pour moi, juste pour cette pièce. Et je ferme les yeux, prend une profonde inspiration et attrape son dossier, m'apprête à quitter à mon tour cette salle étrange. Et alors que je tire sur la poignée et que la seule ouverture se ferme, je repense à ce mot qu'il a murmuré, avant de partir. Et le monde ne tourne plus qu'autour de lui, comme s'il expliquait tout, comme s'il changeait tout. « Merci. »

(...)

Merde.

Cette injure brisa le silence de l'infirmerie vide. Devant mes yeux, sous le cadre lumineux où détonait l'heure, un message trônait. Ni Jeff ni Alex ne pouvaient venir me chercher. J'étais resté avec un élève dont les parents avaient eu énormément de retard parce qu'il se sentait trop mal pour prendre le car. Un interne, qui habitait dans une ville à presque deux heures de route et dont les géniteurs, bien sûr, étaient restés longtemps coincés dans un bouchon. Alors évidemment, des 16h où je devais être parti, on était passé à 18h, puis à 19. Et à sept heures du soir, le dernier car pour la ville où j'habite est déjà parti depuis un moment. Depuis un bon moment, même. Et n'ayant aucune voiture pour le moment —ce serait une bonne idée d'en acheter une, mais encore faudrait-il avoir l'argent et en plus, étant en internat, ça ne me servirait pas beaucoup en période hors-vacances—, mon dernier espoir était qu'un de mes deux colocataires, qui eux ont chacun une petite voiture achetée d'occasion il y a de-cela quelques années, sont tous deux dans l'incapacité de venir me chercher ce soir. Jeff est au restaurant avec des collègues de travail et son patron est présent, et Alex est en rendez-vous avec une fille qu'il drague depuis plusieurs mois. Il a l'air fou d'elle, vu comment il nous en parle tout le temps et vu la manière dont ses yeux brillent au-dessus d'un sourire béat, quand le sujet de la conversation se tourne vers ce qui se rapproche de l'amour. L'amour, c'est quelque chose que je n'ai jamais connu et quand je le vois je me dis que c'est tant mieux, mais je ne vais pas gâcher sa soirée avec elle. Il ne rêvait que de ça. Et puis, au moins on entendra de nouvelles choses sur elle, quand il nous racontera tout, ce week-end. Ca changera. Enfin. Du coup, je vais devoir passer encore une nuit ici et repartir avec le premier car demain matin. J'attrape mon sac et quitte l'infirmerie déjà silencieuse, la plongeant dans l'obscurité et la fermant à clef. J'y retournerais lundi, comme toujours, et la routine des rendez-vous avec les élèves et des gamins malades ou morts de fatigue reprendra. Le lundi est un jour difficile pour tout le monde, c'est clair. C'est le jour où j'ai le plus de lits remplis ici. Enfin. Je monte dans la chambre où je suis, dans le troisième dortoir, celui du personnel. Et une fois là-bas, je laisse tomber mon sac sur ma chaise de bureau, retire mes lentilles et me déshabille, ne gardant que mon caleçon. Parce que clairement, il fait trop chaud, et parce que j'ai passé l'âge de mettre un pyjama. Enfin remarque, j'en ai jamais vraiment mis. Je me couche sur les draps et avant que je ne le vois venir, je me sens sombrer dans un sommeil reposant. Un sommeil dont j'ai bien besoin...

Et soudain, au milieu d'un rêve qui me semblait être uniquement blanc, bien trop blanc pour être normal, une sonnerie résonne. Un sursaut me prend alors que je quitte à peine un demi-sommeil agréable. Il est quatre heures. Quatre heures et quart, d'après le cadran à la luminosité agressive de mon écran. je me concentre pour lire les chiffres flous qui dansent devant moi et attrape en tâtonnant mes lunettes sur ma table de chevet en faisant glisser le symbole vert vers la gauche. Je m'apprête à ouvrir la bouche pour demander qui c'est quand je l'entends. Sa voix est faible, basse, tremblante. Je me redresse brusquement quand j'entends un bruit monstre me vriller les tympans. Il a laissé tomber son téléphone. Je jette le mien sur le lit encore chaud, attrape mes lunettes et prend une chemise blanche posée négligemment sur le dossier de la chaise. Il faut que je me dépêche. Je reprends le téléphone, que je garde contre mon oreille au cas où. Putain, je me suis jamais réveillé aussi vite. Je l'appelle, espérant qu'il me réponde, mais je sais qu'il ne le peut pas. Alors je descends les escaliers quatre par quatre et passe l'immense porte qui mène au dortoir des garçons. Merde... Je n'arrive plus à penser. Je n'arrive qu'à courir. Et une fois devant le numéro que je sais être sa chambre, je me jette sur la poignée et pousse la porte. Elle est ouverte ? Ce n'est pas très étonnant maintenant que j'y pense, beaucoup de gens la laissent ouverte mais ça me surprend une seconde. Au moins, j'imagine que je n'aurais pas à péter la serrure. Dans l'obscurité, je le vois très bien. La lumière de la lune me laisse le voir se tordre, mains autour de la gorge. J'entends sa respiration difficile. J'avance à grandes enjambées vers son lit. A moins que je ne courre ? Je ne sais plus. Je ne sais plus non plus à quel moment j'ai lâché mon téléphone. Quand je suis arrivé ? Dans le couloir ? Sur les draps ? Je sais juste que je me suis retrouvé en un rien de temps près de lui, et que j'ai serré son corps contre le mien. Que je l'ai serré le plus tendrement possible, pour ne pas l'étouffer, mais que je l'ai serré plus fort que je n'ai jamais serré quelqu'un. Je voyais son visage rempli de larmes, comme autant de paillettes argentées, et mon cœur s'est serré. Je l'ai bercé contre moi, ai caressé ses cheveux et lui ai soufflé des mots de ma voix la plus rassurante.

Je suis là. Je suis juste là... Tout va bien. Tout va très bien. Je suis là, on est juste tous les deux, dans ta chambre. On est là. Respire, respire, tout va bien. Tout va bien... On va bien, je te le promets. Je suis là, concentre-toi sur ma voix. Je suis là alors ça va aller, tu n'es pas seul.
2571 mots.
Hope you like it dear Oracle.
eh bah au final il l'a fait, ce câlin !


Dernière édition par Aiken Young le Dim 2 Juil - 2:10:32, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptySam 1 Juil - 16:51:44

Aiken Young & Aetios Sillohe
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The Boy who Lost Himself in Water
 Aetios est sous l'eau. Elle le submerge. Il en sent les remous. Il sait qu'il ne doit pas s'y abandonner et pourtant ce flottement continuel le pousse à lâcher prise. Il doit continuer à nager vers la surface. Son corps se secoue dans tous les sens. Les spasmes dirigent d'un bras autoritaire tout son être. Il se tord et soulève son torse. Son bassin touche encore le lit. Ou bien est-ce le fond de l'océan ? Il tente de reprendre le dessus. Mais la pression est trop forte. Des bulles d'air s'échappent de sa bouche et de ses narines. Il voudrait les récupérer, putain elles lui appartiennent ! Il en a besoin. Les algues empoignent ses chevilles et le tirent par le fond. Est-ce que ça y est ? Est-ce que c'est comme ça qu'il va mourir ? Pourquoi pas …. Ahhhhh... Il laisse s'échapper les dernières bulles de vie. Finalement, il est bien là. C'est un peu froid, c'est un peu sombre, mais il peut s'y détendre et enfin lâcher prise. C'est à ce moment qu'IL est apparu. 

« Je suis là ». Qu'est-ce que c'est cet écho ? « Je...su...is...j...ste la...a.... » . J'étais bien. C'est quoi cette sensation qui me réchauffe ? J' essaye d'écouter un peu plus. Mais l'eau remplit mes oreilles. La pression des grands fonds me comprime. « Tout va bien ». J'étends mieux. Je vois les bulles qui reviennent vers moi. Il y en as une. Juste là. Chaude, brillante, douce. Bleue. Blonde. Blond ? Elle reflète une image que j'ai du mal à voir. « Tout va très bien ». Elle pivote. C'est Aiken. Sur son reflet. Il a l'air paniqué. Qu'est-ce que c'est cette caresse contre mon crâne ? Est-ce que c'est le remous des vagues ? La bulle grandit petit à petit. « On est juste tous les deux. ». Oui, oui, je sais. Oui, juste toi et moi et l'immense vide de l'océan qui nous enlacent. La bulle est assez grande pour que je le voit en entier. Il a l'air un peu perdu. J'ai posé ma main contre sa joue. J'en avais envie. Dieu, combien j'en avais envie depuis tant de temps. Je ne m'en étais pas vraiment rendu compte. La bulle s'approche lentement. « dans ta chambre » . Hein ? Dans ma chambre ? Non... il doit se tromper. « On est là ». TAIT-TOI ! J'étais bien. Mais si je reste là... Je le laisse derrière non ? J'ai posé mes lèvres contre les siennes et alors qu'un frisson parcourait mon échine, j'ai aspiré la bulle. Mes poumons se sont gonflés d'un coup. C'est douloureux. Dieux comme ça fait mal. « Respire. » . Pitié... La pression est trop forte. Elle me comprime. La pression ? Mon corps remonte vers la surface et j'ai de plus en plus la sensation de me noyer. « Respire ». Non, ce n'est pas la pression. C'est Aiken qui m'enlace. Une nouvelle bulle m'embrasse alors que je reprends à nouveau mon souffle. « Tout va bien, tout va bien. ». Et mon corps qui brave les courants glacés pour retourner à la surface. Balancé dans tous les sens. Je vais craquer, c'est trop violent. Enfin, j’émerge. « on va bien ». Je respire un grand bol d'air. Il coince encore au fond de ma gorge. « Je te le promets ». Soudain, l'océan retrouve ses droits. Les murs de ma chambre vacillent. Ils semblent onduler au rythme des vagues. « Je suis là ». J'ai levé les yeux et j'ai vu son visage. J'ai envie de lui sourire et de lui dire que ça va. Mais ça ne va pas. Ma respiration peine encore à reprendre ses droits. « Concentre-toi sur ma voix ». Oui, promis, j'essaye. Mes doigts passent dans son dos et enlacent son haut. De toutes mes forces je m’accroche à lui. « je suis la alors ça va aller ». J'ai tendu mon cou vers l'arrière et j'ai basculé ma tête contre mon oreiller alors que mon corps se cambrait dans un arc de cercle quasi-parfait. Et puis la délivrance. J'ai respiré. « Tu n'es pas seul ». J'ai respiré à nouveau. Ma trachée s'est emplie d'air, j'ai abandonné l'océan pour revenir ici. J'ai détendu mon corps. C'est la première fois depuis une éternité que je fais une crise aussi violente. C'est la première fois que c'est une voix qui me calme. J'ai laissé mon corps retomber lourdement sur le lit. À bout de souffle. J'ai repris ma respiration. Et puis j'ai craqué. 


Le corps d'Aetios balance de haut en bas au rythme de sa respiration qui redevient petit à petit à la normal. Ses joues sont encore humides. Aiken ne l'a pas lâché. Lui aussi l'enlace de toutes ses forces. Il se redresse et s'approche de lui. Aetios fond contre son cou. Là, il inspire profondément son odeur. Puis, il pleure. Ses bras tremblent doucement autour du blond. Est-ce qu'il est ridicule ? Peut-être un peu. Lui, l'armoire à glace, pleurant à chaudes larmes contre Aiken. Mais s'il devait être franc, il avouerait, qu'il n'a jamais pleuré de la sorte. Là, tout contre le blond, il se laisse aller. Est-ce qu'il devrait s’excuser de l'avoir réveillé au milieu de la nuit ? Est-ce qu'il devrait le remercier ? Il laisse doucement ses larmes parler pour lui alors que dans cette chambre couverte de roman, il réalise qu'Aiken vient de lui sauver la vie. 

C'était une suite de hasard qui avait valu à Aetios être toujours en vie en fait. Un, son père était venu le chercher lui durant l'incendie. Deux, les médecins étaient intervenus très rapidement. Trois, il avait subi de lourdes opérations de chirurgies mais il en était sorti indemne. Quatre, il s'était éveillé du coma. Cinq, on le surveillait rigoureusement depuis. Six, Aiken Young. Il avait passé un nombre de mois ahurissant dans les hôpitaux si on faisait le total de sa jeune existence. Mais ca lui permettait d'être la aujourd'hui. De faire ses choix, d'avoir des rêves. Depuis la dernière fois à l'infirmerie, il avait écrit. Il avait eu le besoin de coucher sur le papier les sensations étranges qu'il avait ressentis au contact de l'infirmier. Il ne s'était relu qu'une fois. Et quand il l'avait fait, il avait eu du mal à le supporter. Ce qu'il décrivait, il n'avait pas de mots assez fort pour le dire. Ce qu'il lisait de lui-même, c'était une sorte d'admiration. Enfin pas vraiment une admiration, plus une proximité douce. Il n'avait pas trouvé. Mais il était sur d'une chose. S'il devait un jour écrire un roman et concrétiser son rêve de toujours, il le ferait sur ces émotions. Il écrirait quelque chose qui n'avais pas de nom, pas d'odeur, pas de mot. Il écrirait au rythme des notes que jouent les mélodies harmonieuses qui l'enlacent quand il regarde le blond. Il écrirait sur le tumulte incessant qui se cache derrière ses yeux qui lui semblaient alors jusque la si froids. Il avait ressentit le besoin d'en savoir plus. Il avait ressentit l'envie irrépressible de décrire sa voix, ses gestes, ses plus intimes secrets. Et quand il avait réalisé que ça lui était impossible, ça l'avait un peu déprimé. Il avait enfermé les notes dans un des tiroirs de son bureau. Il les avaient planqués sous des livres triés sur le volet pour que personne ne puisse les trouver. Là, alors qu'il se laissait aller contre la nuque du blond, il jeta un coup d’œil vers le meuble. Elles étaient toujours là. Fantasme d'un univers qu'il ignorait totalement. Il se sentait impuissant. Mais désormais, il avait à nouveau tellement à écrire. Mais il n'en ressentait pas le besoin immédiat. Et alors que se tarissaient lentement ses larmes, il se demanda comment un seul être était capable de montrer tant de choses tout en restant parfaitement stoïque. Aetios espérait, tout au fond de lui, qu'il était le seul au monde capable de capter les appels au secours d'Aiken. Après tout, il lui avait permis d'avoir un répit contre la faucheuse, il lui devait bien ça. Il lui devait bien de devenir le gardien immortel de ses secrets les plus noirs. Plus que tout, il sentait qu'à lui, il pouvait tout abandonner.

Aetios s'éloigna doucement. Il sentait sur ses lèvres ses larmes qui mourraient. Il frotta sa bouche du revers de la main. C'était un peu salé. Il leva ses yeux pour les poser dans ceux de Aiken. Alors que son autre main agrippait encore son haut fermement. Il ne voulait pas le laisser s'enfuir. Il était encore dans l'urgence de la survie. Mais ne plus avoir l'océan sous les yeux lui faisait du bien. Il était bel et bien là. Dans sa chambre. En compagnie du blond. Il était sauf. Aetios leva sa main libre. Lentement, il déplia ses doigts. Sans un mot, elle s'approcha. Doucement, tout doucement, il posa ses doigts contre le menton d'Aiken. Il ne faisait qu'effleurer dans une prudence douce. Petit à petit, il remonta vers son oreille. Quand sa paume eue atteint la joue du blond, il la posa contre sa peau, comme s'il tenait au creux de la main quelque chose de fragile. Il lui semblait soudain, que ce n'était pas lui l'animal fragile. Il lui semblait enfin, qu'Aiken, malgré tous ses efforts pour se dérober à ses démons était peuplé de doutes et de remords. 


«  - Tout va bien, je te le promets. »

Sa voix chaude perçait le silence qu'avait imposé la cessation de ses râles rauques. Il lui semblait qu'il soufflait ces mots assez doucement pour qu'ils n'appartiennent qu'à eux. Sans y faire attention, il lui avait répété ses propres mots. Aetios parlait pour lui. Il parlait pour Aiken. Il parlait pour le monde autour. Pour celui qui avait de l'importance. Et pour celui qui n'en avait plus ou pas encore. Il parlait des choses qu'il ignorait mais qu'il brûlait de savoir. Il parlait pour lui, pour ses crises. Pour l’effarement que produisait encore en lui le simple fait qu'Aiken avait réussi à le faire respirer avec de simples mots. Ce n'était pas ces mots qui l'avaient ramené à la vie. C'était la voix d'Aiken. C'était sa douceur et sa détermination totale qui avait repêché Aetios du fond de l'eau. 

Je me suis senti un peu coupable parce qu'il m'avait sauvé et que je le remerciais avec un égoïsme inouï. Si j'avais pu m'en empêcher peut-être l'aurais-je fait. Étrangement, je me sentais vulnérable et je le sentais hésitant. Peut-être était-ce moi qui avais envie de le voir ainsi. Peut-être était-il simplement ce qu'on voyait de lui au quotidien. Mais j'avais le désir fou que ce n'était pas le cas. J'ai bougé mon pouce contre sa peau dans une caresse délicate. J'ai sondé ses yeux pour y trouver du réconfort. Mais il ne pouvait pas me donner plus que ce qu'il venait de faire. Alors j'ai pris jalousement ce dont j'avais envie. J'ai approché mon visage du sien. J'ai inspiré et j'ai senti une bouffée d'air chaud. J'ai posé mes lèvres contre les siennes. J'ai gardé les yeux ouverts parce que je voulais le voir. Sa peau était douce. Ses lèvres un peu salées parce que j'avais pleuré contre lui. Quel mal il y avait-il ? Non, ce n'était pas mon genre de faire ce genre de choses sans l'approbation des autres. Je n'étais rien de plus qu'un égoïste. Mais jamais je n'avais été aussi heureux et paisible. J'avais chaud. Je transpirais. Il faisait nuit. La lune brillait par-delà ma fenêtre et éclairait son visage d'un bleu surréel. Je me souviens de mes mots. « Tout va bien, je te le promets » et, dans un silence imposant, je t'ai embrassé.



I try so hard to understand. In the end, I can only remember the taste of your lips.
I lost myself in you.
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Aiken Young
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyDim 2 Juil - 1:50:39

Please, be my strength instead of my weakness.
— Aiken Young —

Il est juste là, contre moi. Ses larges épaules entre mes bras fins. Sa mâchoire puissante dans le creux de mon cou mince. Ses muscles tendus, ses doigts s'agrippant au dos de ma chemise. Le torrent de larmes qui la mouillent. Et ses tremblements, incessants, qui reflètent sa grande faiblesse. Qui aurait crû qu'il soit un jour comme ça devant moi ? Qui aurait crû que je verrais ses larmes, à lui qui me sourie toujours si doucement ? Qui aurait crû que son sourire me manquerait tant ? Qui aurait crû que le sourire de quiconque me manque tant ? Même si c'était une bonne chose qu'il se laisse aller, qu'il évacue, même si quelque chose en moi se réjouissait qu'il se soit ouvert à moi —alors qu'une autre part de mon être regrettait énormément les conditions qui l'ont poussé à s'ouvrir—, même si j'étais là pour lui maintenant, je regrettais son sourire. Je regrettais ses yeux sombres qui brillaient doucement, comme deux perles noires. Je regrettais son rire, dont la tonalité me transportait dans un monde où on était seul, un monde que j'avais appris à apprécier. Je regrettais les moments qui n'étaient rien qu'à nous, lors des consultations, deux fois par semaine. Je regrettais les quelques mots qu'on échangeait, quand la séance approchait de la fin. Je regrettais les silences paisibles, les regards échangés, l'horloge sur lesquels l'aiguille des secondes semblaient suspendue. Je regrettais le monde, je regrettais la vie, je regrettais jusqu'aux nuits passées à sentir la mort rire de moi. Je regrettais tout, les élèves qui simulaient et les parents qui me prenaient la tête, les nuits de pluie passées dehors et les jours ensoleillés qui me rappelaient de mauvais souvenirs, Alex qui me noie sous les anecdotes autour de celle qu'il aime et Jeff qui me réveille en pleine nuit pour une partie de Call Of. Les larmes qui ont roulé sur mes joues et celles qui sont restées bloquées. Les mots qu'ont a pas dit et ceux qu'on aurait dû garder pour soi. Les fois où je n'aurais pas dû boire et les fois où j'aurais dû. Les rêves du passé et les démons du présent. J'ai regretté tout ce que j'avais connu et tout ce que je n'avais pas connu, j'ai regretté de l'avoir laissé se coucher seul, j'ai regretté les horreurs que j'ai vu. J'ai regretté son sourire et j'ai regretté son rire. J'aurais voulu qu'il n'ait jamais à pleurer, et j'ai eu la sensation de pouvoir tout faire pour qu'il arrête, pour que ça n'arrive plus jamais. Alors, soufflant des prières silencieuses, je l'ai serré davantage et j'ai caressé ses cheveux, criant à un monde qui n'existait pas de m'aider. De l'aider.

J'aurais pu le trouver ridicule. J'aurais peut-être dû ? Si je ne le suivais pas depuis plus d'un an, si je n'aimais pas tant ses sourires, si je ne le connaissais pas, je l'aurais peut-être trouvé ridicule. Pathétique. Ou pas ? Peut-être que je l'aurais serré, peut-être que je lui aurais demandé les raisons de ses larmes, les raisons de sa peur, les raisons de ses cauchemars. Peut-être que je lui aurais demandé ce qu'il aimait, ce qu'il n'aimait pas, quelle était la couleur qui l'attirait et quelle destination le faisait rêver. Peut-être que je lui aurais offert l'ombre d'un sourire, et peut-être que j'aurais passé l'éternité avec lui, ici, dans cette pièce où le temps ne semblait plus s'écouler, dans un monde où on aurait été seul, sans contrainte ni démons. Peut-être que je lui aurais dit combien il était beau, son sourire, et combien son rire était mélodieux. Peut-être alors que tout aurait été différent. Peut-être qu'on se serait enfui de la réalité pour découvrir un extérieur qui aurait eu plus de couleurs, parfois un Soleil d'Hiver plus étincelant, parfois une douce pluie de Printemps. Peut-être que j'aimerais pouvoir rester dans cette pièce jusqu'à ce que je ne vois passer sur son visage qu'un sourire, et qu'après je sortirais voir des choses que je vois tous les jours, et des choses que je n'ai jamais remarqué. Des inconnus si proches, ou des connus si loin. Et alors, peut-être... peut-être que les couleurs changeraient. Peut-être que les rêves reviendraient. Peut-être que je ferais disparaître le feu durant une seconde, une minute, un moment. Peut-être que je ferais disparaître les passés pendant un instant, peut-être une heure entière, peut-être un jour, peut-être une vie.

Je me suis laissé bercer par le mouvement de balancier, d'avant en arrière, tellement léger qu'on le remarquait à peine dans cette pièce pleine de larmes et de tremblements. Et une scène m'a frappé, avec la violence mélancolique des souvenirs qui nous surprend. C'était il y a longtemps, tellement longtemps que je ne connaissais même pas l'existence du basket. J'avais couru, sur le chemin pour rentrer à la maison, bien devant mes parents. Tellement devant que je pouvais à peine les entendre. Je m'étais fait, le matin-même, deux compagnons, que j'avais appelé timidement « amis » pendant des mois, dans mon lit, avant d'oser prononcer à voix haute en public ce terme. Il m'avait fallu encore trois ans pour que je les présente comme mes « amis », lors d'une embrouille qui m'avait particulièrement agacé. J'étais aussi remonté que je n'ai jamais pu l'être quand j'avais vu qu'on avait failli cogner les deux enfants qui passaient leur journée à me tourner autour. Peut-être n'aurais-je dû jamais les appeler par ce mot affectif, car ils m'avaient suivi encore plus les semaines suivantes, persuadés qu'ils ne me dérangeaient pas du tout. Je ne leur ai donné raison qu'une fois, avant les grandes vacances. Un murmure que je n'étais pas sûr qu'ils entendent mais qu'étonnamment, ils avaient si bien réussi à capter qu'ils l'avaient presque crié. Je m'étais enfui de ces gamins étranges à grandes enjambées, mais j'étais déjà habitué depuis longtemps à leur présence, si tant est qu'on puisse s'habituer à leurs rires bruyants et leur façon désagréable de manquer de me sauter dessus à chaque fois qu'ils me voyaient. Une habitude qu'ils ont vite perdu quand Jeff s'est pris un poteau parce qu'il avait foncé sans réfléchir. Il croyait vraiment que j'allais rester sans bouger ? Je l'avais esquivé et il s'était écrasé nez le premier. Cet imbécile avait frôlé la fracture, d'ailleurs, il me semble. Heureusement que les enfants sont solides. Enfin. Ne plus me sauter dessus le matin n'empêche pas leurs attaques « surprise », qu'ils font de temps en temps. Décidément, même depuis 20 ans qu'on se connaît, ils n'ont pas abandonné l'idée de me toucher. Je n'ai jamais compris leur amour des contacts. Il suffit de voir Jeff avec sa fiancée. Ils passent des heures l'un dans les bras de l'autre, et je ne parle même pas du nombre de baisers qu'ils échangent. Enfin, de ce que j'ai vu en côtoyant très vaguement d'autres couples, ils sont loin d'être les pires. Je suppose qu'ils sont plutôt normaux. Si je sortais avec quelqu'un —et c'est un grand « si »—, il aurait intérêt à garder ses bras le long de son corps, et ses lèvres loin des miennes. Et alors, pour les rendez-vous, jamais de la vie. Sortir pour sortir, aller dans des endroits bruyants et trop peuplés, je n'en vois pas l'utilité. Tant qu'au lit, il dormirait dans sa chambre, et moi dans la mienne. Chacun son indépendance, un peu. S'il pouvait rester dans son appart', aussi... Ouais, je suis peut-être pas fait pour être en couple, tout simplement. Mais je n'ai jamais vu personne qui me plaît vraiment. Qui me plaît assez. Je n'irais pas abandonner ma liberté et mes journées seules pour les passer avec un imbécile trop collant qui ne sait que se laisser influencer par la foule. Si ça se trouve, il n'y a personne qui me correspond, ou à qui je correspond. Peut-être que je suis fait pour être juste l'infirmier qui s'occupe d'élèves, et le pote en coloc'. Ca me dérangerait pas plus que ça, au contraire, ça me va bien mieux, d'être seul dans mon coin, à vivre ma vie. Maintenant que j'y pense, aussi, je n'ai jamais couché avec personne. C'est tant mieux, j'imagine, mais c'est peut-être quelque chose qui en vaut le coup. Enfin, ne serait-ce que pour emmerder les règles sociales, j'ai bien envie de rester puceau jusqu'à encore un moment. Et j'en ai pas grand-chose à faire, de ça. C'est le cadet de mes soucis, honnêtement.

Enfin, mes pensées sont trop confuses. Je parlais de ce souvenir, qui me revenait... Un souvenir que j'avais oublié pendant des années, parce qu'il n'a rien d'exceptionnel. Quand j'étais très jeune, trois ans peut-être, je courrais loin devant mes parents, sur la bordure du trottoir. Bordure que j'ai eu l'excellente idée de quitter pour traverser la rue quand j'ai vu notre maison blanche du coin de l’œil. Un vélo, qui passait pile à ce moment, a dû faire un violent écart et l'homme adulte m'est tombé dessus. Je me souviens que je n'ai pas pleuré. J'ai oublié la douleur, parce que je devais avoir eu vraiment mal. Je me souviens juste des cris de mes parents, des bras de mon père puis d'excuses de tous les côtés. Et le soir-même, ma mère m'avait pris dans ses bras et m'avait bercé doucement en chantonnant une chanson dont elle avait oublié les paroles, une chanson de son enfance, qu'elle avait entendu tant de fois, dans les toutes premières années de sa vie. Elle me berçait en me serrant délicatement, comme si j'étais la chose la plus précieuse du monde. Et ce soir-là, j'ai pleuré pour la première et dernière fois devant mes parents. Pleuré la douleur, peut-être. Pleuré ma peur, et pleuré le futur qui m'attendait, avant même que je le connaisse. Et ce soir-là, c'est le seul moment de ma vie où j'ai ressenti une connexion entre moi et mes géniteurs. Dans mon esprit, une voix se met à chantonner cette chanson, qu'elle me soufflait, et je m'abandonne à l'instant en « le » serrant plus contre moi, tentant de calmer ses pleurs comme ma mère avait accueilli et fait disparaître les miens. Et alors, dans cette obscurité lumineuse, dans cette nuit éclairée, je me suis rendu compte d'à quel point je voulais le voir sourire. J'ai compris combien j'étais accroché à son sourire, et à tout le reste. J'ai compris combien j'étais accroché à lui. Et, à cet instant, j'aurais tout donné pour qu'il redresse la tête, me sourit doucement, un petit rire prêt à naître dans la gorge, ouvre la bouche et m'appelle « Doc ».

C'est à ce moment qu'il s'écarte de moi, le fleuve salée se tarissant pour mon plus grand soulagement. Il lève ses yeux vers moi, et je peux enfin revoir ses yeux. Ses yeux si sombres. Ses yeux si beaux. Et putain, j'ai jamais vu des yeux aussi magnifiques. Ils sont comme cette nuit, noire parsemée de paillettes blanches, d'une tristesse qui me vrille le cœur mais d'un calme apaisant. Je pourrais les regarder durant des heures, durant des jours ou des années sans jamais m'en lasser. J'y vois tellement de choses, tellement de choses qui y naissent et y meurent, y rient et y pleurent. Puis, il lève sa main et je m'arrête une seconde dans la contemplation de ses iris mouillées. Je ne bouge pas, même quand ses doigts effleurèrent mon menton dans un geste tellement doux que je n'osais le briser. Sa grande paume enveloppe alors ma joue et un violent frisson secoue ma colonne. Mais je ne bouge pas. Et mes paupières sont tentées de s'abaisser. Peut-être qu'elles se sont abaissées à moitié, car ma vision diminue durant un instant. Je déteste les contacts. Et pourtant... et pourtant sentir sa peau chaude me donne l'impression que mon corps entier est enveloppé dans le creux de sa main. Sentir sa peau chaude contre la mienne me donnerait presque la chair de poule, tant j'ai cette envie de me laisser aller, de me reposer sur cette main et de m'abandonner un instant à ses grands doigts, qui m'inspire malgré moi tant de confiance. Et aux mots qu'il prononce, rompant un silence étrangement dépourvu de malaise ou de tension, je rouvre les yeux plus grands, pour pouvoir le regarder dans les yeux, et j'ai cherché dans ces deux ciels nocturnes quelque chose que je ne connais pas. J'ai cherché ce qui existe et ce qui n'existe pas. Ce qu'on peut voir et ce qu'on ne peut pas. J'ai cherché ce qu'il ressentait et ce que je ressentais. J'ai cherché les mots que je pourrais lui souffler, parce que ma gorge était soudain sèche, j'ai cherché les gestes que je devrais faire, parce que je ne pouvais plus bouger, j'ai cherché tout ce que je pouvais trouver, parce que je ne savais rien, et peut-être que j'ai un peu espéré apercevoir mon reflet en lui, pour m'assurer que je n'étais pas le seul dont le cœur jouait une mélodie belle et inconnue.

La caresse de son pouce m'arracha un second frisson, léger mais qui secoua jusqu'à mes organes. Quelque chose en moi me disait de me dégager, que la crise était finie, que c'était bon, que je devais partir. Mais mon corps refusait farouchement de quitter ce lit, de quitter cette pièce, de quitter cette atmosphère étrange qui me mettait dans des états encore plus étranges. Puis, dans cette atmosphère dont je ne parvenais pas à saisir la nature, il s'est rapproché de moi et j'ai pensé qu'il avait besoin que je le serre encore dans mes bras. Je n'étais pas totalement contre cette idée, mais sa main sur ma joue gelait mon corps et le remplissait d'une douce chaleur. Il prend une légère inspiration, et alors que je m'apprête à ouvrir la bouche pour lui dire quelque chose, ses lèvres rencontrent les miennes. Ses lèvres. Ses lèvres. Posées sur ma joue ? Non. Posées sur mon front ? Non. Posées sur mes lèvres. Droites sur mes lèvres. Et leur pression me fait perdre mes mots. Qu'est-ce que je voulais lui dire ? Je ne sais plus... Est-ce que je voulais vraiment lui dire quelque chose ? Est-ce que je suis en train de délirer ? Non... Cette sensation est bien trop réelle. Pourtant, j'ai l'impression de rêver. Est-ce que j'ai tout rêvé ? Quel rêve étrange... Je croise son regard, juste en face de moi, son regard si sombre. Et dedans, il y a quelque chose d'étrange. Quelque chose de vrai. Comme si mon corps avait été frappé par la foudre, je me raidis. Merde, je comprends pas. Il délire encore ? Il m'a pris pour quelqu'un d'autre ? Quand nos lèvres se séparent, je m'arrache à cette main qui tenait ma joue et mes doigts se plaquent contre mes lèvres. La sensation des siennes y est toujours, comme le fantôme d'un rêve qu'on garde, même une fois réveillé. Je n'en reviens pas. C'est la vérité ? Il m'a... Aetios m'a... Je sens mon corps être envahi par une vague de chaleur et mon visage me brûle. Je détourne mes yeux, incapable de continuer à fixer les siens et souffle après quelques secondes de silence, de la voix la plus normale dont je suis capable dans de telles conditions:

Tu t'es trompé. Je suis Aiken, l'infirmier, tu te rappelles ?

Et durant cette nuit-là plus que dans toute autre, je remercie l'obscurité de cacher les couleurs qui ont saturé connement mes joues d'un rouge aussi flamboyant que les flammes d'un feu naissant. Un feu qui risque de me dévorer si je ne m'enfuis pas très vite. Alors je me lève du lit, dans l'espoir de fuir cette chaleur, mais n'arrive pas à quitter la pièce. Encore quelques secondes. Encore quelques minutes. J'ai envie de rester là pour entendre sa réponse, même si la sensation sur mes lèvres me rend fou de colère contre moi-même, et peut-être un peu contre lui aussi. Parce que c'est à cause de son erreur, que je suis là, avec cette sensation inconnue qui s'empare de tout mon corps. Avec cette sensation inconnue qui s'empare de mon cœur.
2927 mots.
Hope you like it dear Oracle.
n'empêche, j'écris plus à chaque réponse. si ça continue comme ça Aiken va battre l'record d'3500 mots d'Mickael !
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyLun 3 Juil - 22:16:42

Aiken Young & Aetios Sillohe
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The Boy who Thought too Hard
Aetios a des fourmis dans les doigts. Il sent leurs picotements incessants, comme une multitude de pattes qui l'enivre. Elles remontent lentement le long de sa main. Sa paume est envahie par leur présence. Contre la peau d'Aiken, elles s’immiscent mais s'accolent un peu plus contre Aetios. Le Grec les sent remonter vers son bras. Son coude s’engourdit. Puis dans leur course folle, les voilà arrivées contre son épaule. Il voudrait bouger, il voudrait rester là. Il voudrait profiter de ce moment encore une éternité. Pourvu que demain ne vienne jamais. Pense-t-il. Et comme la réponse intransigeante de leur dictature, les fourmis se remettent en route pour venir engourdir sa nuque. Ses oreilles bourdonnent du bruit de leur pas. Il n'entend plus que la respiration d'Ailken. Ses yeux rivés dans les siens. Rien ne peut le distraire de la vue qui l'envahit. Pas même les frissons que produisent contre son corps des milliards de fourmis. 

Soudain, le voilà transporté ailleurs comme son cerveau sait y faire. Le voilà seul. Seul et Aiken dont le souffle brise le silence de cette nuit. Sa main contre sa joue. Aetios l'embrasse dans un soupir solennel. Il ne le repousse pas. Comme le brun jubile de pouvoir l'étreindre ainsi. Les yeux d'Aiken partagent peut-être leur surprise. Il espère secrètement qu'il y prend autant de plaisir que lui. Un peu comme une nécessité. C'est la première fois qu'Aetios rêve de la réalité. Si bien qu'il se demande, est-il vraiment là ? Vient-il réellement de faire une crise et d'éviter la mort ? Peut-être qu'il est mort. Peut-être que tout ca n'est qu'un rêve. Après tout, c'est presque grotesque d'avoir Aiken contre lui. Mais quand le blond s'échappe de son étreinte, Aetios réalise. Ce n'est ni un rêve, ni même un paradis. Il est toujours la, prisonnier d'une voix qui l’ensorcelle. 

Oui, une voix comme il n'en connaît pas. Un parfum délicat et fragile qu'il est le seul à percevoir. Est ce qu'il est ridicule d'avoir eu cette impulsion soudaine ? Il a beau y réfléchir, si c'était à refaire, il ne changerait rien. En fait, il espère au fond de son cœur que c'est quelque chose qui se reproduira. Aiken l'immerge. Tout, l'immerge. Et Aetios refuse de lutter. Jamais, personne n'avais eu cet effet sur lui. Personne ne pouvait calmer le feu qui brûlait en lui. Personne ne pouvait éteindre l’incendie qui consumait son cœur. Personne ne pouvait apaiser ses douleurs, ses craintes sans y perdre une part de lui-même. Aiken était personne. Le grec venait de le réaliser. S'il y avait au monde, une personne dont il voulait faire la connaissance, c'était Aiken. S'il existait une seule personne au monde à qui il pouvait déléguer un peu de son fardeau, c'était le blond. Tout lui revenais dans la figure comme une évidence. Ses doigts sur le dos de Aetios et ses frissons qui parcouraient son échine. Sa voix douce et imprenable. Ces longues minutes à l'infirmerie. L'apaisement total qu'il ressentait en sa présence. Et puis ses yeux. Les miroirs qui parlaient à Aetios. Il se souvenait que dans la littérature, ils étaient rarement des éléments positifs. Mais là, ils avaient un pouvoir de fascination qui ne tarissait pas. Aetios l'avais déjà remarqué, désormais, c'était une évidence, il pouvait se perdre dans ces yeux pour l'éternité sans crainte pour lui-même. Il pouvait vivre de ses couleurs claires qui exprimaient tant à la fois. Pire, il le désirait. La maintenant, il en avait envie plus que tout autre chose. 



Ce sentiment, ce n'était rien d'aussi futile qu'un coup de foudre. D'ailleurs Aetios ne croyait pas vraiment en ce concept étrangement romantique. Non, ca n'avais rien à voir. C'était une transe, sensuelle, lancinante. C'était une fascination sans limite. C'était un picotement constant. Une électricité permanente. C'était l'envie profonde d'en savoir plus. Aetios ne croyait pas vraiment au concept étrange qu'était l'amour. C'était un mot pompeux. Ca ne voulait rien dire et trop souvent, il l'avait entendu être déclamé sans aucune forme d'intensité propice. Et s'il avait presque envie de le poser sur ce qu'il ressentait, il se l'interdisait. L'amour, c'était idiot, c'était un concept pas même concret. C'était ce qu'on avait trouvé, de plus, fort pour signifier l'attachement. Aetios ne ressentait pas exactement ça. Il posait le doigt sur ses sentiments avec beaucoup d'hésitation, mais s'il lui fallut nommer ce qui lui passait sur le cœur en cet instant, il aurait exprimé une admiration sans borne, une adoration toute aussi forte. Peut-être un début de dépendance ? La seule chose qui créait chez lui le semblant de ses sentiments, c'était la littérature. Il réalisa. Il n'était jamais tombé amoureux d'autre chose que de la littérature. C'était un peu triste à vrai dire. La littérature regorgeait de fioritures pour décrire ce qu'était ce sentiment dont il ne pouvait pas même percevoir la nature. Et il était coincé avec elle dans une admiration et une fascination sans borne. Il avait tendance à ne pas se battre pour les choses. Mais, pour les livres, il le faisait. Et alors que son cerveau se mettait en alerte rouge parce qu'Aiken s'éloignait de lui, il se prit à penser que, pour lui, peut être qu'il pourrait bien se battre aussi. 

Aiken s'échappe. Et Aetios désespère. Il le regarde poser ses doigts sur ses lèvres comme pour se confirmer ce qu'il vient de se passer. Le grec aimerait prendre ses doigts dans les siens et l'étourdir encore plus. Il se l'interdit. Il n'a pas le droit. Il vient de lui voler quelque chose de presque sacré. Plus il regarde Aiken, plus il en prend conscience. Est-ce qu'il regrette, cette idée ne lui effleure même plus l'esprit. Mais il se dit qu'il ne l'a peut-être pas vraiment fait dans les règles de l'art. L'infirmier brise ce silence qui devenait trop lourd pour le dos meurtris du brun. Mais ses mots ne lui font pas le moindre bien. Il sent son cœur se serrer. Il a mal, dieu comme il a mal. Il aimerait s'excuser, mais pour quoi ? Peut-être pour être égoïste au possible. Cette douleur ne lui vient pas vraiment des mots d'Aiken, même s'il ne peut pas nier qu'ils ont le goût amer du rejet. Non, elle prend racine dans la voix du blond. Il essaye de paraître naturel . Mais l'effet ne trompe pas. Et si la nuit ne les enveloppait pas, Aetios jurerait qu'il pourrait le voir trembler de tout son être. Aiken se lève. Et dans un mouvement brusque, Aetios se redresse un peu plus. Il tend le bras et attrape les doigts d'Aiken. Il le retient. Il veut le retenir. Il veut le retenir de toutes ses forces.

Il n'aurait aucun mal à le maîtriser. Et l'idée parcourt son cerveau. Là, maintenant, il pouvait prendre ce qu'il désirait. Il pouvait attirer Aiken sur le lit de sa chambre, il pouvait l'enfermer ici pour toujours. Il pouvait le coincer sous son étreinte et l'envahir de tout son être. Il pouvait poser ses lèvres à nouveau contre les siennes sans le moindre mal. Sa carrure le lui permettait. Il pouvait avec une facilité décourageante l'obliger à lui appartenir sans autre forme d'approbation. Mais cette idée le fascinait autant qu'elle le terrifiait. Est-ce que sa mère l'avait élevé ainsi ? Est-ce que Dieu, quel qu'il soit pourrait lui pardonner cet acte ? Est-ce qu'Aiken pourrait lui pardonner de ne serait ce avoir pensé l'enfermer de la sorte s'il l'apprenait ? Cette idée lui faisait peut. Plus que toute autre chose. Il avait forcé ses lèvres. Mais c'était insuffisant pour lui. Il le savait. Il lui fallait plus. Et plus, impliquait qu'il devait s'approprier tout ce qui faisait d'Aiken ce qu'il était. Aetios réalisa soudain que ce serait difficile. Un nouveau frisson le parcouru. Il était prêt à braver les démons de quelqu'un d'autre. Il serra la main de l'infirmier dans la sienne. 

La lune reflétait leurs visages l'un contre l'autre. Les nuages s'étaient quelque peu dispersés et désormais, le brun voyait son vis-à-vis clairement. Il savait que c'était le cas pour Aiken également. Il ouvrit la bouche. Et la voix qui sortit lui paru presque ne pas lui appartenir tant elle était résolue. 

« -Je sais. » 

Il parlait de cette voix douce et calme qui était la sienne, mais son intonation ne trompait pas. Il était parfaitement conscient de ses propres mots. Peut-être même était-il conscient de ce qu'ils impliquaient pour Aiken. 

« - Je crois que je n'ai jamais été aussi lucide. » 

Je n'avais pas la moindre envie de lâcher ta main. Alors dans la lueur de la nuit, j'ai entremêlé nos doigts les uns avec les autres. J'avais peur que tu t'échappes. J'avais juste envie de rester avec toi. De t'avoir à mes côtés parce que tu me faisais du bien. J'aurais voulu te dire que si tu refusais catégoriquement, tu ferais mieux de me le dire maintenant, mais je ne pouvais pas m'y résoudre. Parce que j'avais peur que tu répondes par l'affirmative. Parce que ça aurait été un mensonge. Je ne pouvais plus t'abandonner. C'était déjà trop tard. 

I swear I can hear an heartbeating. And I hope it's not mine.
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyMar 4 Juil - 12:48:59

Please, be my strength instead of my weakness.
— Aiken Young —

Je m'écarte. Parce que je ne peux pas rester contre lui plus longtemps. Putain, je peux vraiment pas. Il m'a fait peur. Ses yeux noirs, si réels, m'ont fait peur. Leur beauté n'a pas changé, mais je ne sais pas pourquoi cette fois, ils avaient une beauté effrayante. Ses doigts qui s'agrippaient à mon dos et sa paume aussi, étaient devenus effrayants. Bien trop réels. Bien trop chauds. Ca ne m'est jamais arrivé, quelque chose comme ça. J'ai envie de m'enfuir. J'ai envie de sortir de cette chambre et de courir sans m'arrêter. Jusqu'à l'autre bout de la ville, peut-être. Ou jusqu'à la fin du couloir. Je ne comprends même pas pourquoi, maintenant que je suis loin de lui, les endroits qu'il a touché hurle son absence. J'ai envie de faire partir la sensation de sa paume sur ma joue. Celle de ses lèvres sur les miennes. Dans un début d'essai pour faire disparaître cette chaleur brûlante, je pose mes doigts sur ma bouche. Mais au lieu de frotter follement comme j'en ai envie, je me contente de les poser. Peut-être pour vérifier qu'il était bien là. Est-ce que je deviens fou ? Je ne fais rien de ce que j'ai envie de faire ! Je devrais m'enfuir, maintenant. Ou pas ? Je devrais rester et faire comme si de rien n'était. J'ai toujours fait comme ça, non ? Un regard froid, et je continuais ma route. Ca s'est toujours passé comme ça, quand les gens disaient avoir « mal compris ». Je ne me suis jamais arrêté dessus. Mais là, j'ai l'impression que je ne peux pas juste continuer ma route. Non... ce n'est pas qu'une impression. Je ne suis même plus sûr d'être capable de lui lancer un regard qui ne soit pas doux. Depuis combien de temps suis-je incapable d'être complètement neutre avec lui ? Je ne sais même pas. Putain, il est clairement temps que je m'enfuis. Il a l'air bien, pas vrai ? Sa crise s'est arrêtée. Il n'en a jamais eu deux en une nuit, si ? Et s'il en a une autre et qu'il ne m'appelle pas parce que je me suis barré ? Merde, maintenant même mon travail se joue là-dessus ? Pas seulement ma vie privée ? D'ailleurs, « vie privée » est un grand mot. Il s'y passe pas grand-chose. Peut-être que c'est mieux. C'est clairement mieux. Parce que la, il suffit qu'il... fasse « ça » pour que je ne sache plus où j'en suis. C'est un de mes patients, un des élèves. Est-ce que je devrais considérer que c'est dans un reste de sa crise qu'il a agit ? Peut-être. Sûrement. Je devrais penser ça. On devrait penser ça. Parce que sinon, sinon... qu'est-ce que je suis censé penser d'autre ?

Pris encore une fois de cette envie de m'enfuir, plus violente, je me lève. Je dois être levé. Je dois m'écarter. Il faut que je ne sente plus sa chaleur et que je m'échappe de ses yeux, où je me perds sans arrêt. Je ne peux pas me permettre de me perdre. Je ne peux pas me permettre de rester près de cette chaleur. Il est une flamme quand je suis gelé, mais je ne dois plus m'en approcher. La flamme devient vite un feu, puis un incendie, et je sens déjà mon corps brûler de l'intérieur. Est-ce que je suis suicidaire ? Je sens quelque chose en moi me pousser vers lui, mais je ne peux pas plus. Je dois m'éloigner. Mais je suis retenu par une sensation à la fois désagréable et agréable qui s'empare de tous mes muscles. Et alors que je lutte pour m'en débarrasser, je le vois se redresser, presque brutalement, comme s'il plongeait pour attraper quelque chose qui tomberait. Ou pour retenir quelque chose ? Dans le prolongement de son corps, sa main attrape la mienne. Et j'ai envie de reculer. J'ai envie de l'obliger à me lâcher, et j'ai envie de m'enfuir. J'en meurs d'envie. Oui, clairement... j'en meurs d'envie. Ou peut-être que je devrais en avoir envie ? Je ne sais plus. Mais je retrouve sa chaleur. Et sa chaleur me fige. Je ne peux pas m'en éloigner. Pas si je la sens encore une fois. Lâche-moi. Lâche-moi. S'il-te-plaît, laisse-moi partir. J'ai peur. J'ai peur de ce que tu vas dire, et de ce que je vais vouloir. Mais tu vas dire que tu t'es trompé, pas vrai ? Tu vas dire que tu m'as confondu avec quelqu'un d'autre. Et tu vas me lâcher. Et tout va rentrer dans l'ordre. Ou peut-être que j'aurais un peu mal ? En y pensant, ma poitrine se serre. Elle n'a aucune raison logique de se serrer. Je suis infirmier, je sais de quoi je parle. Et pourtant, c'est indubitable, elle me fait mal. Et avec la chaleur qui remonte doucement dans mon bras, je réalise que ce n'est que le commencement. Mes années d'étude ne serviraient plus à rien ? Est-ce que j'aurais raté quelque chose quelque part ? Est-ce que des cours parlant de ce genre de douleur existait ? Je suis perdu.

Mais en vérité, je sais. Je sais que ce n'est pas une douleur logique. Je sais qu'il n'y a aucun feu qui brûle devant moi, ou dans cette pièce. Je sais qu'aucun professeur n'apprend d'où ce serrement vient, ou la raison de sa présence. Je sais que ça arrive à tout le monde, et que ça aurait certainement déjà dû m'arriver. Je sais que c'est ce dont parlent Jeff et Alexander. Je le sais. Je le sais tellement bien que ça m'effraie. J'ai peur de trop de choses. Peur de savoir ce que signifie cette douleur, tout ce qu'elle comprend et tout ce qu'elle m'apprend. J'ai peur de découvrir avec elle d'autres douleurs. J'ai peur d'être passionné par autre chose. J'ai peur que cette passion m'échappe, et que ce rêve s'envole hors de ma portée. J'ai peur de me jeter dans un trou sans même savoir s'il y a de fond. J'ai peur de foncer dans un mur, et d'entendre autour de moi que parfois, on traverse le mur, et que parfois non. J'ai peur que cette fois, je ne puisse pas le traverser. J'ai peur de me réveiller et de comprendre que ce n'était qu'un rêve pathétique. J'ai peur que ce ne soit pas un rêve, et que ce que je m'apprête à faire ait une répercussion sur toute ma vie, en bien ou en mal. J'ai peur que si je m'abandonne à cette chaleur, je finisse par me brûler définitivement. J'ai peur que tout ça se finisse mal, et que je n'ai plus du tout de raison de me lever, le matin. J'ai peur de l'espoir. J'ai peur de l'abandon. J'ai peur de la solitude, et de la compagnie. J'ai peur de n'être plus capable de faire même les petites choses du quotidien sans que quelqu'un me manque. J'ai peur que ce quelqu'un, se soit lui. J'ai peur de ne plus pouvoir le détester, si j'ai un jour pu. J'ai peur de lui, j'ai peur du monde, j'ai peur de moi. J'ai peur de ce qu'il ne dira pas, et de ce qu'il dira. Peut-être qu'aussi, j'ai peur de me mettre à trop aimer un fantôme. Peut-être.

Il me regarde dans les yeux. Je fais de même. Dedans, j'y lis plus encore que cette beauté réelle de tout à l'heure. J'y lis tellement de choses que je ne saurais comment les décrire. Mais toutes ces choses sont teintées d'une résolution surprenante. D'une détermination qui fait naître un frisson le long de ma colonne vertébrale. Et quand il ouvre la bouche, j'ai envie de lui crier de se taire, de ne rien dire. Parce que je sens mes poils se hérisser sur ma nuque. Parce que je sens une vague d'appréhension me traverser. Et que quoiqu'il puisse dire maintenant, ça m'empêchera de m'enfuir. J'ai envie de m'éloigner. Que mes doigts s'échappent de l'emprise des siens. J'ai envie de rester et d'apprécier cette chaleur. J'ai envie de l'écouter. Et ce qu'il dit n'est pas ce à quoi je m'attendais. Peut-être à cause de la surprise, mon cœur rate un battement et j'ai peur pendant une seconde qu'il ne redémarre plus. Mais comme pour rattraper son écart, il reprend, à une cadence anormalement élevée. Et je ne sais pas quoi répondre. Est-ce que je dois même répondre quelque chose ? Que peut-on répondre à ça ? « Je crois que je n'ai jamais été aussi lucide. » Je ne suis même pas sûr d'être lucide, moi. Pour avoir mes pensées qui ne cessent d'apparaître n'importe comment, pour que mes propres incohérences me choquent, je ne sais pas si je le suis vraiment. Mais je dois lui dire quelque chose. J'ai beau chercher, je ne vois pas. Je ne sais pas. Qu'est-ce que je sais, exactement ? Je le sens qui entremêle nos doigts, et je me rends compte de quelque chose. Peu importe combien je suis confus, je viens de saisir une envie dans le tas. Et je comprends que je ne fais que fuir ce que je veux depuis le début. Peut-être que grâce à ses mots, si vagues mais pourtant si clairs, j'ose accepter cette envie. Je ne quitte pas son visage des yeux, son visage dont les traits me fascinent un instant, et je murmure tout en sachant parfaitement qu'il m'entendra.

Je ne suis pas sûr d'être aussi lucide que toi, mais mon cœur bat fort.

Et j'ai envie de sentir encore ta chaleur. Mais je passe sous silence cette phrase, qui sonne bien trop étrangement, et me contente de coller juste un peu plus nos paumes, exerçant une pression suffisante pour qu'il la sente légèrement. Je ne sais pas pourquoi, mais ce contact me calme. Et pourtant, mon cœur ne ralentit pas. J'ai presque envie de fermer les yeux, mais j'ai besoin de voir ce qu'il pense. Ce qu'il ressent. Je veux le voir, s'il me repousse. Est-ce que tu vas me repousser, Aetios ?
1849 mots.
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argh, j'aime pas ma réponse... hope u'll like it ! sinon, j'la r'fais !
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyMar 4 Juil - 22:13:44

Aiken Young & Aetios Sillohe
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The Boy who talk to the moon 
Je me suis levé. Debout devant lui, à moitié nu, j'avais l'air imposant. Mais jamais de ma vie je n'avais été envahi par autan de calme qu'en cet instant. J'ai serré un peu plus ses doigts. Ses mots raisonnent dans ma tête comme l'écho cacophonique de ses sentiments. Il y a tellement de choses qu'il me dit, et tellement qu'il ne me dit pas. Et j'ai la sensation de pouvoir tout entendre. J'approche. Est-ce que je vais lui faire peur ? J'ai levé sa main, et j'ai posé sa paume contre ma poitrine. Mon cœur faisait des siennes, je le sentais battre à tout rompre. Et je voulais qu'il le sache. J’étais comme lui. Sans détourner mes yeux des siens j'ai baissé ma tête vers lui. J’étais plus grand, et il avait l'air fragile. J'ai gardé sa main dans la mienne, tout contre ma peau. Il avait les doigts froids. Mais je brûlais de son contact. J'ai murmuré. 

«  - Mes épaules sont assez larges pour deux tu sais. » 

Parce que je voudrais qu'il s'abandonne à moi. Parce que savoir que son cœur bat fort me remplis d'une joie indescriptible. Parce que savoir qu'il perd cette lucidité qu'il imbrique devant lui comme un mur infranchissable me rassure. Parce que sa voix était douce et que j'aurais voulu m'y perdre. J'aurais tout donné de moi, si j'avais la moindre chance de l'embraser au plus profond de lui-même. 

Ses craintes. Ses désirs. Ses envies. Ses Peurs. Aetios voulait tout connaître. Désormais, il était avide de tout ce qui était ou avait été de près ou de loin Aiken. Putain, il était avide de cet instant qui pour eux durait une éternité. Aetios le savait. Il donnerait n'importe quoi pour vivre des millions d'autres éternités comme celle-ci si cela impliquait l'infirmier .C'était une mélodie lancinante, mélancolique. Et plus la lune reflétai les imperfections parfaites de la peau d'Aiken, plus le Grec entendait les notes délicates que jouait tout son corps. Il aurait voulu le serrer contre lui. Il aurait voulu lui dire que cela allait. Il préférait les mots durs d'un homme résolu à la caresse tranquille d'une parole rassurante. Il ne voulait pas rassurer Aiken, il voulait lui faire comprendre que jamais il n'avait été aussi sérieux. Ce n'était pas la crise. Ce n'était pas la nuit. Ce n'était pas même cette année qu'ils avaient passée ensembles à communiquer par des silences. Ils se faisaient un bien. Mutuellement. Aetios en était convaincu. Oui il voulait le prendre dans ses bras. Il voulait l'entendre parler de tout ce que le brun ignorait. Il voulait se perdre dans ses yeux qui le fascinaient. Il voulait pouvoir prétendre, être, l'être le plus important sur Terre pour Aiken. Il en avait le désir farouche. 


Aetios s'était toujours vu comme un animal. Tantôt, il était craintif, tantôt, il était fier et prédateur. En réalité, ce qui se passait dans la tête d'Aetios, était bien souvent l'expression d'un million de pensées qui raisonnaient dans sa cervelle. Il en avait trop à dire, trop à faire. Et son corps ne le lui permettait pas. Les mots lui manquaient trop souvent. Tant et si bien, qu'il avait fini par devenir presque un peu renfermé sur lui-même. À l'extérieur, c'était quelqu'un de terriblement calme. C'était le genre de type qui parlait peu. Qui pouvait répondre par un sourire parce que ses sourires traduisaient d'innombrables choses. À l'intérieur, il brûlait d'un feu incessant. À l'intérieur, il était dévoré par une passion qu'on ne comprenait pas. Il était quelqu'un de sur de lui. Il était quelqu'un qui n'aimait pas avoir tort. Il était quelqu'un de maladivement jaloux. Mais ca il l'ignorait encore. Il eu un sourire timide. 


Ses yeux sombres se perdaient lentement contre son vis-à-vis. Il regardait ses pupilles. Puis, dans une lenteur presque religieuse, il descendit son regard contre les joues du blond. Elles n'étaient plus aussi pales qu'elles auraient peut-être dû l'être à la base. Est ce qu'il rougissait ? Ça plaisait à Aetios. Soudain, il avait envie de voir l'infirmier muet de gêne. Il voulait le voir se tordre de plaisir. Il lui déformerait le visage et le corps. Il poserait ses doigts là ou personne jamais n'avait osé les poser. Il parcourait cet être qu'il sacralisait presque. Il regarderait la cambrure de ses hanches et se délecterait de le voir rouge de honte. Sa peau brune ne rougissait jamais lui. Mais si Aiken n'avait pas la lumière face à lui, il aurait peut être pu remarquer que perlait sur les joues d'Aetios une pointe de pourpre qui caractérisait sa gêne. Il n'était pas gêné de ce qu'il ressentait. Mais il prenait conscience de l'intensité de ses émotions. Et de ca, il en avait presque honte. Il avait le sentiment d'être un enfant. Il avait une friandise sous les yeux, et il était ébahi. Il voulait la posséder plus que tout au monde. Il n'était plus un enfant. Et son désir, c'était Aiken. Plus il le regardait dans le silence de la nuit, plus il en était déterminé. 

Ses pupilles tombèrent lentement sur ces lèvres. Il se rappela soudainement la sensation qu'elles lui avaient faites. Il n'en avait plus tout à fait la même approche. Ne restait plus que leur douceur incroyable qui parcourait encore l'échine du Grec. Il avait envie de revenir là. Il voulait l'embrasser à nouveau. Dieu, comme il en avait envie. Il détaillait les strilles de cette peau qui sous la lueur de la nuit semblait plus pale encore. Son corps, s'approchait de celui d'Aiken, il était désormais à quelques centimètres de lui. Là, tout près, les yeux fixés sur ces lèvres, il brûlait de leur voler à nouveau ce qu'elles avaient de plus précieux. Mais il ne voulait pas perturber plus que de raison Aiken. Le brun avait pris conscience qu'il l'avait embrasser sans permission. Il avait réalisé qu'Aiken avait un jardin secret. Ses lèvres fines en étaient une clé. Il voulait pousser la porte, mais il avait déjà peut être trop tirer sur la poignée. Il prit la résolution de ne posséder ses lèvres à nouveau que lorsqu'il aurait la permission de leur propriétaire. Allait-il résister à la tentation, très honnêtement, il n'en avait aucune idée, mais tant qu'il lui resterait de la raison, il le tenterait de toutes ses forces. 

Oui, Aetios s'était toujours vu comme un animal. Et dans le fond, c'était ce que tous les êtres humains étaient ni plus ni moins. Mais il se savait dominant. S'il eut fallu établir une chaîne alimentaire de l'éspèce humaine, il aurait fait partie de ceux qui trônait au sommet. Il avait la carrure pour. Il avait le charisme pour également, il ne s'en cachait pas. Il savait que l'animal qui vivait en son être pouvait obtenir ce qu'il désirait. Et ce dont il avait envie la maintenant, c'était quelqu'un qu'il ne pouvait se résoudre à voir comme un animal. Aetios serra les doigts d'Aiken un peu plus contre lui. Pour une fois, il n'était ni un animal, ni un petit garçon dans un incendie. Pour une fois, il n'était ni l'homme calme qu'on voyait de lui, ni l'homme extravagant qu'il avait parfois l'impression d'être. Pour une fois, Aetios Sillohe, n'était rien d'autre qu'Aetios Sillohe. Il inspira profondément. Il était persuadé qu'un attachement comme il en ressentait obligeait à abandonner une part de soi-même. Aiken était capable par sa seule présence de briser ses règles absurdes. Il était capable de faire en sorte qu'Aetios soit lui-même, comme il ne l'avait jamais été auparavant. 

Il fallait que je lui demande, je ne pouvais pas faire autrement. J'avais peur de sa réponse, oui. Mais par-dessus tout, je savais que pour moi il était trop tard. J'avais pris ses mots comme un appel à l'ordre. Ce n'en était rien. Les mots qu'il m'avait dit ce n'était qu'un appel à un laissé aller total. Je ne voulais rien de plus que de le voir s'abandonner à moi. 

« - Me laisserais-tu t’ôter la moindre parcelle de raison qui te reste ? » 

Mon cœur s'était remis à battre la chamade. Il pouvait le sentir parce que j'avais sa main contre ma poitrine. Je pouvais sentir le sien parce que mes doigts glissaient contre son poignet. Il parlait par battement. J'ai posé mon front contre le sien. Dans un soupir j'ai regardé son être depuis mon poste. Il m'a semblé alors, que je n'avais jamais rien vu d'aussi beau que ce moment.  

I saw you as you were, and you were so beautiful that I could have wept.


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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyMer 5 Juil - 0:43:05

Please, be my strength instead of my weakness.
— Aiken Young —

Il s'est levé. Et je me suis senti plus petit. Pas que notre différence de taille soit énorme, ce ne sont que trois pauvres centimètres qui nous séparent. C'était juste qu'avec ses épaules larges, sa mâchoire carrée et son corps puissant, moi et ma minceur on ne semblait pas peser très lourd face à lui. C'était vrai, dans les deux sens du terme. Et j'ai soudain remarqué qu'il était presque nu. Il n'avait qu'un caleçon pour l'habiller. Je n'y avais pas fait attention avant, mais maintenant ce fait me percute avec la force des choses qu'on aurait dû voir plus tôt. Une vague de quelque chose me traverse, et je sens la chaleur me gagner encore plus. Et j'ai l'impression que ce n'est pas seulement le résultat du contact de sa main. Je suis pourtant conscient que ce n'est pas la première fois que je le vois comme ça. Enfin, je veux dire, sans haut. C'est très loin d'être la première fois. Et pourtant, ça a un goût très différent des consultations. Ici, dans sa chambre, ce n'est pas la même atmosphère qu'à l'infirmerie. Ici, il fait nuit et il n'y a personne. Ici, il me fait face au lieu d'être dos à moi. Ici, je me rends compte que oui, il est définitivement plus musclé que moi. Je me rends compte aussi que ses traits baignés dans la lumière de la lune sont magnifiques. Peut-être même que j'irais jusqu'à dire qu'ils sont très séduisants... Oui, ils le sont. Quand il s'approche, je me fige instinctivement. Il était tellement immobile et tellement beau qu'on aurait crû à une statue. Mais maintenant qu'il bougeait pour venir vers moi, je comprenais qu'il n'avait rien d'une statue. Il n'était pas froid ni gris, il était brûlant et le monde autour de lui était plein de couleurs. Peut-être que j'appréciais les couleurs qu'il donnait aux objets et aux moments. Il a soulevé ma main pour la poser contre sa poitrine à nu et je me suis demandé quelle couleur il donnait à cet instant.

Et quand ma paume fut pressée par ses longs doigts contre sa peau, un battement traversa mon bras et un violent frisson me parcourut à son tour. C'était un battement puissant, qui résonnait en moi avec force, et alors que je coupais mon souffle je réalisa qu'il lui ressemblait énormément. C'était un battement franc et qui semblait à la fois brusque et horriblement calme. Et j'ai voulu fermer les yeux pour mieux m'en imprégner, parce qu'il était assez intense pour faire trembler mon être. Et alors que mes paupières s'abaissaient et que je reprenais vie avec une inspiration discrète, j'entendais mon propre cœur m'assourdir alors qu'il recopiait l'air infernal que jouait celui d'Aetios. Et il parla. Ses mots me tirèrent de l'état de contemplation silencieuse dans lequel j'étais. Je rouvris les yeux, et me perdis à nouveau dans les siens. Et j'eus cette envie folle d'ouvrir la bouche. De lui raconter tout. De lui parler des nuits où je n'arrive pas à trouver le sommeil, de celles où je lutte pour ne pas sombrer dans les maudits bras de Morphée. De lui parler des pleurs que j'étouffe quand je les sens monter, de la douleur de se trouver à faire un métier qui ne m'a jamais spécialement attiré. De lui parler de ma ville, de Londres, de ses rues interminables et de ses torrents de pluie, qui me manquent. De lui parler du basket. Des terrains qui me hantent, des ballons qui m'appellent. De la difficulté avec laquelle je refuse de poser un pied dans une salle de sport. De la façon dont quand j'y joue rapidement avec Jeff et Alexander, on utilise une balle de volley-ball pour éviter la vieille sensation de revenir. De la tristesse qui m'empoigne, les jours où il fait trop beau, parce que ça me rappelle la demi-finale. Du couteau qui s'enfonce dans ma poitrine quand je vois des élèves marquer des paniers, ou dribbler en riant. De l'immense insatisfaction qui me bloque et de l'éternelle douleur de savoir que je ne pourrais jamais prendre ma revanche sur cette équipe. Des rêves qui me font me réveiller en sursaut la nuit, et du ridicule de la chose. J'ai envie de tout lui dire, même si après ça il saurait à quel point je suis pathétique. Je n'ai pas vécu d'incendie, ni d'accident, rien d'exceptionnel. Je suis juste un garçon trop vide qui a rencontré une passion trop forte. Et je sais que je ne brillerais plus de la même façon que je brillais durant un match, quand j'enchaînais les paniers et quand je couvrais l'ensemble du terrain à moi tout seul. Parce que c'est une époque qui est passée depuis bien trop longtemps, et parce que je ne peux plus revenir en arrière. Parce que je n'ai plus de raison de m'y remettre.

Et alors que je songeais, il ouvre à nouveau la bouche. « Me laisserais-tu t’ôter la moindre parcelle de raison qui te reste ? » Et ses mots résonnent dans mon crâne, avec une force qui manque de me faire vaciller. Ca ne rate pas pour mon cœur, en tout cas. Il semble s'arrêter et pendant une éternité, le temps s'arrête. Je pourrais parier que si quelque part il pleut, les gouttes restent en suspens maintenant. Le monde s'arrête de tourner, comme pour me laisser le temps de réfléchir. Le temps de répondre. Parce que derrière cette question, il y a tellement de choses. Des choses qui détermineront l'instant présent, des choses qui détermineront demain et après-demain, des choses qui détermineront la semaine prochaine, les mois, les années qui viennent. Peut-être aussi un peu de choses qui détermineront ma vie, j'ose espérer la sienne aussi. Est-ce que j'ai encore peur ? Tant de choses dépendront de ce qui sortira de mes lèvres. Mais étrangement, je n'ai plus cette angoisse qui m'entrave. Je ne ressens qu'un mélange d’inquiétude grisante et de calme imperturbable. Peut-être que c'est une sensation qui se rapproche de celle que j'avais avant un match ? Ou peut-être —peut-être— que ça la dépasse en intensité. Je devrais avoir peur, sans doute. Ce serait plus raisonnable, plus normal et —Dieu !— plus compréhensible. Mais je suis d'une incohérence surprenante, et ça ne m'étonne même pas. Je me demande si c'est comme ça que vivent les gens, ou si je suis devenu encore plus étrange que je ne l'étais. Est-ce que c'était vraiment possible ? Moi, qui n'ai jamais compris l'intérêt autour des passions ni le principe même de la passion entre deux personnes, je crois qu'en cet instant, Aetios est ma passion. Parce que seulement une passion peut jouer autant avec la température d'un corps et transformer un cœur en batteur de groupe de rock, non ? Parce que seulement une passion peut me faire désirer autant être avec quelqu'un, ou quelque chose. Parce que seulement une passion peut me faire vouloir arrêter le temps et ne jamais mettre fin à ce moment. Que le Jour ne se lève jamais. Que la nuit ne se termine jamais. Qu'il ne lâche jamais ma main. Qu'il ne parte jamais. Qu'il ne cesse jamais de me regarder comme ça. Je ne pense pas un jour pouvoir me lasser de ces yeux si noirs baissés pour rencontrer les miens. Non... je ne me lasserais jamais de m'y noyer et d'y lire des choses qui font frissonner tout mon être. Il pose son front contre le mien. Et la chaleur qui m'enveloppait augmente encore. Je sens mon corps s'échauffer. Surtout où sa peau est collée à moi. J'ai envie de m'écarter, parce que je ne suis pas habitué à autant de contact. Mais cette envie se tait d'elle-même face aux sentiments contradictoires, bien plus forts, qui me prennent. J'ai presque envie de me rapprocher. L'air entre nous me glace. Qui aurait crû que le froid puisse me geler à ce point ? J'ai besoin de sa chaleur. J'ai besoin de la flamme qu'il représente, et je donnerais beaucoup trop pour pouvoir toujours la sentir près de moi. Pendant une seconde, je songe que je peux même offrir une part de ma liberté. Mais quand j'ouvre la bouche pour lui répondre, je réalise que je suis peut-être déjà enchaîné depuis le début.

Est-ce que tu ne l'as pas déjà fait ?

Mon murmure est à peine audible, mais il est si proche qu'il doit l'avoir entendu. Et même s'il n'en est rien, j'ai la sensation étrange que dans mes yeux se trouve toutes les réponses à ses questions. Peut-être aussi aux miennes. Il est de ces instants où l'on croit hésiter en doutant et en étant plein d'interrogations, mais où au fond de nous, on sait très bien ce qu'il en est; on n'a pas besoin d'une seconde de réflexion, tout est clair, on ne fait que retarder le moment où l'on passera à l'action par simple appréhension. Et je sens que cette nuit en est un. Je sens aussi que quelque part, j'avais déjà décidé d'abandonner ma raison dès la seconde où ses lèvres ont effleuré les miennes. Dès la seconde où sa chaleur m'a manqué. Alors peut-être que c'est l'obscurité qui a un effet sur moi, mais je me sens de faire ce que je n'ai jamais fait, et peu importe ce qu'il se passera après. Demain est un autre jour. Aujourd'hui, maintenant, je suis peut-être pris dans l'euphorie du moment, mais peut-être que c'est un acte mûrement réfléchi. Peut-être que je souhaiterais ne jamais l'avoir fait, mais peut-être que je me remercierais cent fois de l'avoir fait. Peut-être que je n'aurais jamais dû, parce qu'il est un élève et que même âgé de plusieurs mois de plus que moi, je reste juste un infirmier. Peut-être que je profite d'une nuit de faiblesse d'un homme trop seul, peut-être qu'il profite d'une de mes nuits de faiblesse. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Et putain, j'ai pas envie de savoir. J'en ai plus rien à faire. Parce que je suis un adulte, un adulte pas forcément responsable, mais un adulte quand même. Et même dans le cas où on me reprochait cette nuit, je suis humain, et c'est sûrement la plus agréable connerie que j'ai jamais faite. Qui sait, après tout, ce que le futur nous réserve ? Qui sait combien un passé bruyant peut devenir muet ? Et qui sait combien un présent inattendu peut être beau ? J'ai ancré mon regard dans tes yeux et, dans les ténèbres de la chambre où je sentais ton odeur imprégner les meubles et les draps, j'ai passé mes doigts libres dans tes cheveux et je t'ai attiré vers moi avec une assurance folle, voulant réunir une nouvelle fois nos lèvres en une caresse hésitante. Dis-moi, va-t-on regretter les écarts d'une nuit, quand le Soleil nous rattrapera ?
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyMer 5 Juil - 2:44:35

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The Boy who bite
C'est là, tout contre son ventre. C'est une boule compacte qui se détend et s’imprègne dans son estomac. C'est une chaleur diffuse qu'il sent remonter le long de ses côtes. Il la sent respirer dans ses poumons et les emplir d'un air nouveau. C'est là, tout contre lui, dans les méandres même de sa chaire. C'est cette émotion indescriptible qu'il vient d'étreindre Aetios alors que sortait de ces lèvres aguicheuses des mots qu'il n'aurait pas même pu rêver. Il la sent se lover contre ses membranes musculaires et s'étirer paresseuse le long de son système nerveux. Il sent ses mots parcourir son corps comme des milliers d'essaims. Et Dieu, comme il adore cette sensation. Les mots d'Aiken semblent raisonner dans la pièce. Ils rebondissent contre les murs et se font l'écho d'eux-mêmes. Ils imprègnent l'air ambiant dans un soupçon délicat. Oui, Aetios lui avait dit qu'il était lucide. Mais il se sent vaciller à ses mots-là. Il a le sentiment que quelque chose d'incroyable se produit. Il n'a pas tout à fait tort. La voix d'Aiken qui murmure un accord timide s'infiltre dans ses oreilles. Aetios a l'impression d'être pris de vertige. Ce ne sont que ces mots qui perturbent son oreille interne. Et Dieu, comme il adore ça. 

Oui, ce n'est peut-être qu'un songe éphémère. Ce n'est peut-être qu'un papillon de nuit. Un être fragile et magnifique qui ne vit que pour passer une nuit puis mourir au matin venu. Aetios verrait peut-être ses ailes battre à tout rompre en cherchant une lumière réconfortante. Aiken était peut-être simplement sa source de lumière la maintenant. Peut-être que malgré ses efforts, tout cela allait finir par mourir au bout d'un jour. Peut-être cette fièvre se dissiperait. Après tout, ils ne savaient presque rien l'un de l'autre. Ils ne partageaient qu'une conviction qu'ils pouvaient peut-être se suffire. Peut-être n'était-ce pas le cas. Peut être Aiken était le seul à calmer Aetios, et Aetios était le seul à calmer Aiken, mais qu'ils n'étaient liés que par ça. Était-ce seulement suffisant pour justifier cette maladie soudaine ? Le brun en voulait plus. Il n'était pas pressé, mais il savait désormais que sa recherche n'aurait aucune limite. Pas même celles que pourrait lui imposer le blond. Aetios n'était pas quelqu'un qui faisait les choses à la légère. C'était un homme réfléchi. Il prenait le temps de savoir de quoi on parlait pour prendre la parole. Ses actes et ses mots étaient rarement sans signification plus profonde. En réalité, sa nature même était réfléchie. Son aspect physique, étrangement, reflétait à merveille l'homme décidé, mais sérieux qu'il était. C'était la raison pour laquelle il ne redoutait pas l'aurore. Il n'avait pas le moindre doute sur ce qu'il éprouvait. Et si effectivement, il ne connaissait pas Aiken, il n'était pas étranger à lui. Il lisait sur son corps les méandres de ses tourments. Ça ne suffisait pas au Grec, mais pour le moment, il s'en contentait. Ce qu'il ressentait, c'était une évidence. Ça paraissait peut-être soudain parce qu'il l'avait réalisé en lui-même quelques instants plus tôt. Mais il savait au fond de lui, qu'il n'en avait jamais douté. Peut-être cela remontait-il précisément au jour où ils s'étaient rencontrés. Peut-être ces sentiments étaient ils nés petit à petit en lui et il les avaient couvés délicatement jusqu'à ce soir. Et ce soir, ils avaient explosé de manière magistrale. Aiken était devenu nécessaire. Et Aetios avait du mal à s'exprimer quant à ce besoin exigent.  
Il a passé sa main dans mes cheveux. Alors j'ai perdu cette lucidité que j'avais eue. J'ai même cru l'avoir feinte durant quelques secondes. Il m'a attiré vers lui alors j'ai senti tout son désir. Mon cœur s'est mis à battre comme un dératé. J'avais ses lèvres sur les miennes. Ses doigts enserraient mes mèches brunes et j'aurais pu jurer que tous les poils de mon corps suivaient leur mouvement docilement. J'ai frissonné. J'ai senti mes lèvres retrouver leurs jumelles. Je me suis senti fou. Je me suis senti submergé par ce qu'il était. Par ce qu'il faisait. Il a respiré alors qu'il m'embrassait. Là, entre ses lèvres et les miennes, j'ai senti mourir son souffle chaud. J'ai inspiré longuement pour ne pas en rater une miette. Et je l'ai senti s'immiscer en moi. Sa caresse parcourant mon âme. J'ai senti le tintement froid de la croix que je portais au coup me ramener à la réalité. Et j'ai ignoré ses rappels à l'ordre. Quel Dieu pourrait refuser ça. Il n'y avait rien de plus vrai. Il n'y avait rien de plus doux. J'étais terrassé par sa résolution. J'étais épris par ses lèvres. J'étais muselé par son baiser. J'aurais pu pleurer de bonheur. Je me suis contenté de l'embrasser en retour. Le cerveau d'Aetios se vide. Rien, plus rien n'y prend place. Peut-être si, un blanc. Un blanc complet qui déjà lui semble être beaucoup trop à supporter. Il n'y a plus rien. Ni littérature, ni incendie. Il n'y a plus maman qui crie par-dessus la bonbonne de gaz. Il n'y a plus les amis laissés derrière, les petits frères trop adorables. Il n'y a plus le dos qu'il porte comme un fardeau. Il n'y a plus rien. Il détend ses muscles. Sa main se lève pour venir se poser contre la joue d'Aiken. Jamais, il n'aurait pu imaginer en arriver là. Aiken qui l'embrasse. Aiken qui abandonne jusqu'aux miettes de sa fierté pour l'embrasser. Qui laisse derrière lui ses a-priori sur les contacts humains. Aiken qui se livre à lui dans un geste si significatif. Ce même Aiken qui ne laisse rien au hasard. Aetios en pèse chaque mot de ce discours scellé. Il entend la dedans l'abandon total qu'opère le blond. Est ce que c'est parce qu'il n'est pas lucide ? Est ce que c'est ce soir seulement ? Aetios ne veut pas en douter. Et dans le vide sidéral de son esprit, il se dit que celui qu'il pense être Aiken Young, ne se laisserait pas aller de la sorte sur un coup de tête fugace. Le brun caresse l'espoir fou, et pourtant si délicieux qu'ils sachent parfaitement ce qu'ils font. Et pourtant son esprit est vide. Et ce manque de contenance lui fait perdre cette raison qui le tourmente. Infirmier, élève. Grec, Anglais. Plus rien n'a d'importance. Le cerveau d'Aetios est blanc. Blanc de toute passion. Alors qu'explose en lui tous les désirs du monde. Sa seconde main agrippe les hanches du blond. Lentement, ses doigts bruns glissent contre son aine. Il tire un peu sur son tee-shirt. Il sent sa peau par-dessus le tissu. Comme il aimerait lui hoter ce dernier rempart. Il serre un peu plus le poing. Les formes d'Aiken se dessinent gracieusement contre sa paume. Il appuie contre le bas de son dos. Il le pousse vers lui. Lentement, il colle leurs bassins l'un contre l'autre. Et sa folie l'immerge. Plus il découvre cet être, plus il se sent inaccessible à toute autre forme de raison. Ses lèvres s'ouvrent doucement dans ce baiser pudique. Il ne joue pas comme ça . Tout du moins, pas quand sa raison lui fait défaut. Il caresse de ses dents les lèvres de l'infirmier. Ses mâchoires caressent cette peau pulpeuse à leur contact. Il mordille lentement la lèvre inférieur d'Aiken. Plus rien ne répond. Soudain, il s'éloigne d'Aiken réalisant. Il a collé leurs deux corps l'un contre l'autre. Impossible que le blond ne l'ai pas réalisé, Aetios à du désir pour lui. Et se traduit sa passion par la bosse distinctive qui pulse dans son caleçon qui ne laisse pas de place à l'imagination. « -Arrête-moi. »Parce que c'est impossible pour moi de me stopper maintenant. Parce que je me sens dévoré de l’intérieur par une passion éternelle. Parce que je ne réponds plus de rien. Parce que mon cerveau me hurle de m'arrêter, mais que tout mon être crie bien plus fort encore qu'il ne veut que toi. Parce que tu me fais frissonner à chacun de tes mots, chacune de tes expressions. J'ai rompu ce baiser pour te dire que si tu ne faisais rien pour te protéger de moi, alors rien au monde ne pourrait plus me retenir. I feel a passion inside me. It was burning my body. 
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyMer 12 Juil - 17:15:49

Please, be my strength instead of my weakness.
— Aiken Young —

Est-ce que j'ai envie de croire que ce n'est pas qu'un rêve ? Je n'en sais rien. Peut-être que j'aimerais me réveiller maintenant, même si j'aurais honte d'avoir imaginé tant de choses avec lui. Peut-être que j'aimerais ne jamais me réveiller, et que le rêve continue même demain, ou après-demain. Et alors je me maudirais pour avoir laissé tout ça se produire. Je ne sais même pas si je regretterais nos contacts. Est-ce que l'idée qu'il me touche à nouveau me rendra malade, quand je reprendrais mes esprits ? Aurais-je envie de ne plus jamais le voir, et que quelqu'un d'autre s'occupe de lui ? Que quelqu'un d'autre soit là pour le calmer, et lui appliquer de la pommade ? Je crois que cette idée me dérangerait. Parce que c'est à moi de faire attention à ce qui lui arrive, pas vrai ? Jusqu'à preuve du contraire, c'est à moi qu'on a donné son dossier. Et tant que c'est le cas, je le verrais chaque semaine. Comment les prochaines séances se dérouleront ? Est-ce qu'on oubliera l'existence de cette nuit, est-ce qu'elle nous hantera ? Est-ce qu'elle me hantera ? J'aimerais ne plus redevenir comme avant. Et j'aimerais n'avoir jamais dérapé. Ou est-ce qu'au lieu d'un dérapage, c'est un changement ? Qui sait ? Peut-être aussi que j'ai toujours plus ou moins attendu ce moment. Attendu une nuit avec quelqu'un de spécial, où j'en oublierais tout pendant un instant. Je recroise ses yeux et me perd dans leurs ténèbres infinies. Je me laisse aller à la chaleur qui parcoure mon corps et cesse totalement de résister devant le feu qui est tenté de me dévorer. Je le regarde, avec un frisson qui parcoure ma colonne, et je me rends compte que je serais presque prêt à le laisser me dévorer. M'engloutir dans l'immensité des sentiments qu'il me transmet, et qui résonnent en moi avec plus encore de force. Je ne me rappelle pas avoir déjà émis un souhait ne serait-ce que légèrement semblable. Est-ce la lune qui brille haut dans le ciel et qui se débat avec les nuages qui me fait cet effet ? Ou bien est-ce qu'Aetios est spécial ?

Oui, il l'est. Il est spécial. Parce qu'il est différent des autres, et que c'est la définition même de « spécial ». S'il ne l'était pas, je ne serais pas du tout ravi quand ses visites hebdomadaires arrivent. Pas que je sois spécialement content, loin de là, je n'aime pas ça, mais ça m'offre toujours une courte pause dans ma journée. Il n'est ni un simulateur, ni un gamin qui me prend pour son psy', ni un petit con. Il a mon âge, donc il y a des choses pour lesquelles on s'entend naturellement mieux, et il est quelqu'un d'intéressant. Plus intéressant que la majorité des élèves qui passent la porte de l'infirmerie. Je ne suis pas sûr de le comprendre toujours parfaitement, mais c'est ce qui m'intrigue chez lui. Qui aurait crû que je tombe sur un homme que je n'arrive pas vraiment à analyser ? Enfin, ça fait un moment que j'ai arrêté d'essayer de mettre les gens dans des cases —ça devient trop énervant quand on se rend compte que les plus nombreux sont les plus insupportables—, mais lui parler m'a toujours amusé. Jusqu'à un certain niveau, bien sûr, nos discussions n'ont jamais été très abondantes —et c'est mieux comme ça. Disons qu'il a une manière de penser acceptable et un comportement agréable, le tout donnant une personne vraiment appréciable. Mais avant cette nuit, je n'avais jamais pensé à être aussi proche de lui. Je n'avais jamais pensé à être aussi proche de quiconque. Et une pensée me traverse vaguement, sa seule existence faisant vibrer mon cœur trop pour qu'il ne puisse pas le remarquer. Il n'y a personne que j'aurais préféré voir à sa place maintenant.

J'ai levé la main et attrapé ses cheveux. Je l'ai attiré à moi et j'ai scellé une promesse muette avec un second baiser. Je ne fuirais pas et ne retournerais pas dans le couloir. Pas tant que la chaleur ne me quitte pas, pas tant que mon corps et mon esprit le réclame à ce point. Je me promets à moi-même de ne pas me mentir, je lui promets de ne pas disparaître, je promets à la lune d'accepter cet instant baigné de sa précieuse lumière d'argent. Ce n'est que la deuxième fois que je sens ses lèvres sur les miennes, alors je me nourris de cette sensation plus que je ne saurais jamais l'avouer. Et je le sens se presser contre moi en réponse à mon geste. J'ai l'impression qu'il pourrait m'avaler. J'ai l'impression que je pourrais le vouloir. J'ai plus serré les mèches que j'attrapais. C'était comme si je me noyais. Il était à la fois la bouée de sauvetage et le raz-de-marée. Je m'accrochais à lui avec un mélange d'espoir et de désespoir, de folie et de raison. Au fond de moi, je le savais. Pas un instant j'ai perdu les pédales. Tout ce que je disais, je le pensais, et tout ce que je faisais, je le voulais. Est-ce que je lui faisais mal ? J'ai relâché ses cheveux et j'ai descendu ma main jusqu'à sa nuque. Je l'ai doucement agrippé, parce que je ne voulais pas qu'il s'éloigne. Parce que je ne voulais pas m'éloigner. Parce que je souhaitais que ce moment devienne éternel.

Il pose sa main sur ma joue, et je sens ce contact me brûler un peu plus. Puis, c'est au tour de son autre main de venir se poser contre mes hanches. Il tire sur mon haut, et soudain j'ai l'impression que la chemise est en trop. Elle l'est peut-être ? J'ai chaud. Je cherche à reprendre mon souffle, perturbé par nos lèvres qui se sont pressées, alors qu'il colle nos bassins. Et j'ai l'impression de m'embraser. Il y a trop peu d'espace entre nous. Ou trop ? Je ne sais plus. Il entrouvre sa bouche et je sens ses dents venir mordiller ma lèvre inférieure. Un long frisson me prend, inarrêtable. Mon corps tremble pendant qu'il descend jusqu'au bas de mon dos, lentement et avec force. Est-ce qu'il est trop près ? Je ne sais pas si mon cœur va pouvoir tenir encore longtemps. Il encaisse les chocs de cette nuit tellement laborieusement qu'il se peut qu'il me lâche en cours de route. Et je l'ai senti, juste avant qu'il s'éloigne brusquement. J'ai senti son désir et la passion qui l'empoignait. J'ai imaginé à quel point il avait du mal à se contenir. J'aurais presque voulu le retenir, quand il s'est écarté. J'aurais voulu saisir tout son être et le garder près de moi. J'aurais voulu que sa chaleur ne parte pas. Mais le creux qui se forme entre nous me glace. L'espace qu'il met volontairement me fait retomber. Et je retombe seul. Quelque chose se réveille en moi, parce que quand je comprends ce qu'il doit vouloir, une vague de peur s'abat sur moi. Je me prends tout ce que j'avais laissé de côté de plein fouet. Mes joues se sont mises à me déranger affreusement, et je sais qu'elles changent déjà de couleur. Mes poils se dressent sur ma peau, et j'ai des sueurs froides. Ce serait ça, mon « réveil » ? Je retombe de très haut, alors que je ne me rendais même pas compte être monté. C'est trop. Trop pour cette nuit. Aussi fortes soient les flammes et aussi intense soit mon envie de m'abandonner à lui, ma raison me rattrape. Je suis à la fois mal à l'aise et effrayé. Je n'ai aucune idée de quoi faire, ou de quoi dire. Je devrais peut-être juste m'enfuir ? La porte est toujours ouverte. Je n'ai pas pris le temps de la fermer, quand je l'ai vu. Pourquoi l'aurais-je fait ? Même si quelqu'un passait, il ne pouvait voir qu'un infirmier tentant de calmer un étudiant. Et je n'avais même pas envisagé que ça puisse déraper. Mais de toute façon, personne ne passera en pleine nuit, et pour le coup ça m'arrange. Après sa panique, tout s'est enchaîné, et maintenant, elle semble m'appeler. Elle est mon issue de secours. Ma seule opportunité de mettre fin à cette nuit. Ma seule opportunité d'avorter ce rêve. Mais j'ai fait une promesse. A lui, à moi, au monde. Et même si personne ne le saurait si je la rompais, ça reste une promesse, alors je me fige simplement et ne quitte pas des yeux la porte.

Mais sa voix résonne. Et les deux mots qu'il prononce de sa voix grave retentissent en moi comme des boulets de canon. Ils brisent l'envie irrépressible qui me poussait à choisir la voie de la facilité en m'enfuyant et en faisant comme si de rien n'était. Et je déglutis en le regardant de nouveau.

Tu n'es pas juste. Tu ne peux pas me demander quelque chose que tu me sais incapable de faire.

C'est vrai. Voir qu'il me désire à ce point m'effraie énormément. C'est vrai, je n'ai jamais été aussi proche de quelqu'un, et je n'ai jamais fait un seul geste pour avoir un contact avec qui que ce soit. Un contact physique, ou un contact tout court d'ailleurs. J'ai toujours trouvé désagréable que quelqu'un me touche, et j'évite toujours au maximum que ça arrive, à part quand c'est nécessaire pour mon travail. C'est vrai, il n'a jamais vraiment fait exception. Je n'ai jamais particulièrement apprécié le toucher. Je le faisais parce que je le devais, et je ne m'attardais jamais. C'est vrai, il me fait peur, avec sa passion et sa proximité. Mais je ne peux pas lui dire d'arrêter. Je ne peux pas m'enfuir. Je ne peux pas le repousser clairement, pas après ce qu'il vient de me dire. Pas maintenant que je glace à cause de son absence. Pas maintenant que je veux le sentir près de moi. Je ne peux clairement pas lui dire d'arrêter, quand bien même je ne veux pas aller plus loin. Je peux peut-être réussir à lui demander de ne pas continuer, je peux lui souffler une requête, mais je ne peux rien lui ordonner. Je suis clairement bizarre, cette nuit. Je ne suis pas capable de l'expliquer, mais je suis illogique et contradictoire. Je déteste ça autant que je l'aime. Et je regrette son toucher, parce qu'il m'apaisait tant que je ne me questionnais plus.
1908 mots.
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j'ai mis teeeeellement de temps sorry !
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyDim 23 Juil - 23:22:55

Aiken Young & Aetios Sillohe
J'aurais pû dire des milliards de choses pour briser le silence. Il n'y a qu'un unique mot qui me paru suffisamment pertinent pour te faire comprendre que tu étais un univers.

The Boy who had the moon in his hands
 L'air ambiant, imprègne la pièce de son souffle brûlant. Doucement, il pose le voile d'une lourde attente comme un fantôme opale sur les deux êtres. Ils sont si proches et si loin à la fois. Ils sont comme deux miroirs face à face qui se renverraient leur image à l'infini sans jamais pouvoir s'approcher. L'air les enveloppent, les enlacent, les étouffent. Il étrangle dans son sein le moindre battement de cœur, le moindre déglutit timide. Il distille en traître les émotions de corps qui ne lui appartiennent pas. Aetios sent sa gorge se serrer alors que l'atmosphère presse lentement, mais sûrement contre sa trachée. Jaloux, il retient cet instant hors du temps. C'est sa malédiction, c'est son excitation. Il fige en lui-même les affres d'une phrase qui vient de trébucher contre les lèvres d'Aiken. Il fige les oreilles d'un Grec qui comprend ces mots mais n'en saisit pas le sens. Il fige ce haut-le-cœur qui s'empare de lui comme s'il était sur des montagnes russes. Aetios sent son oreille interne, centre de sa gravité, se perdre dans les remous statiques de la pièce. Il sent son corps flancher vers l'avant sans bouger, puis vers l'arrière. Il pourrait tomber ? Non, objectivement, il ne bouge pas. Objectivement, ce moment n'existe pas, pas ailleurs que dans sa tête que dans l'air ambiant qui imprègne férocement la pièce. Et pourtant, il a le tournis, il sent son équilibre flancher. Il a le mal de mer. Ou bien peut être le mal du sol, il ne sait plus vraiment. Dans son esprit, tout est vide et tout est rempli en même temps. Dans son thorax, ses poumons inspirent lentement, mais il a le sentiment de ne plus cesser de gonfler sa poitrine. Sous l'émotion, il pourrait pleurer. Mais il n'en fait rien. Ses yeux se voilent lentement, cette réponse, il ne l'attendait pas. Et pourtant, elle viens de faire voler en éclats toutes ses certitudes. Dans cet instant qui n'existe pas, imposé, par l'air qui daigne encore les séparer, il prend le temps de profiter de ce répit qu'il s'est imposé. Peut-être pour être sûr d'avoir bien entendu. Il profite un instant avant de sombrer contre Aiken. 

Je pesais mes mots. Ma conscience s'effritait. Il était tellement beau. Que Dieu me pardonne, j'ai compris en moi-même que j'étais non seulement jaloux de ceux qui savait sur lui des choses que j'ignorais, mais également de tous ceux qui un jour avaient posé leurs yeux sur son être. Je me consumais dans un big bang incroyable et mon âme tout entière s'affaissait sur elle-même alors qu'explosait en moi toutes les choses les plus cruelles que je possédais. Il avait des couleurs qui n'existaient pas, d'ailleurs, rien de tout ca ne devait exister. Parce que c'était bien trop puissant pour moi. Je regardais dans ces pupilles et je me sentais misérable et invincible. Il était tout ça à la fois. Il était mon bourreau, il était ma délivrance. Et quand sa réponse passa ses lèvres je savais que déjà j'étais perdu. Jamais je ne me suis senti si riche, si heureux. 

Aetios à sa main droite sur la joue d'Aiken, doucement, il la descend sur sa nuque. Ses yeux sombres suivent ses propres doigts dévallaient cette peau opaline qui sous la lumière de la lune prend cette teinte bleutée particulière. Aiken est frais. Le Grec le sait, il brûle autant que lui. Mais sa peau ici, à l'orée de l'os de sa clavicule est frais. Il a ce sentiment d'avoir sous sa peau quelque chose de délicat. En fait, il lui semblerait que s'il lui prenait l'envie de forcer un peu, il pourrait apposer sur cette clavicule, la marque distincte de son empreinte digitale. Cette peau de poupée délivrée à son contact, il dégringole à nouveau ses doigts. Lentement, il marque du bout de l'index le milieu de son torse. La dans le creux de cette anatomie fine, il décèle ce qui n'existe pour personne d'autre. Il a détaché dans son mouvement les premiers boutons du haut d'Aiken. Le blond pourrait broncher. Mais peut il encore le faire alors qu'il a donné tant de libertés à Aetios ?  

Sa main gauche se posa assurée, sur la hanche de l'infirmier. Comme plus tôt il l'a fait, il l'approche de lui. Impossible de le laisser s'échapper. Et si Aiken avait refusé sa présence, s'il l'avait arrêté ? Aetios aurait il pu s'y résoudre ? Ou bien aurait il laissé court aux démons qui ravageaient son corps et son âme ? Il n'en avait aucune idée. Et il ne voulait pas y penser. Pourtant une petite voix, toute petite, lui glissait dans le coin de son cortex cérébral qu'il était sujet aux émotions plus que personne d'autres. Il se mentait à lui-même, une fois pour toute, il acceptait ses affirmations de ce qu'il était et qu'il n'avait jamais voulu admettre. Oui, il était croyant, terriblement, et il préférait ainsi, ne pas croire en Dieu revenait non seulement à abandonner sa mère, mais aussi à ne plus admettre qu'il pouvait être différent sous les couleurs d'un protecteur. Sa foi était importante pour lui. Oui, il était croyant. Oui, il était capable de se laisser emporter par ses émotions comme peu de gens en étaient capable. IL pouvait passer des heures à contempler une chose et s'imprégner d'elle jusque dans sa chaire même. Oui, il était émotif. Oui, il vivait sa vie comme un livre ouvert, il se laissait guider par ses lyrismes et rien n'était plus vrai à ses yeux que ce qu'il pouvait décrire ce qu'il pouvait exprimer. Et pour tout ce qu'il ne pouvait pas exprimer, il était fasciné de chercher des mots à mettre sur ces sentiments. Il pouvait passer des heures à faire ces constats sur lui-même mais il bûchait. Oui, si Aiken s'était refusé, Aetios l'aurait laissé partir, et puis, chaque jours, et chaque jour encore, il aurait été le voir, il l'aurais courtisé, il l'aurais déstabilisé, il aurais regardé dans le fond de son cœur pour y inserer cruellement ses propres envie. Petit à petit, il aurait tout mis en œuvre pour qu'Aiken lui cède. Il était patient, il l'aurait fait. Parce que oui, il ressentait une forme d'amour pour le blond. Il lui semblait que ce n'était pas un amour conventionnel comme on en voit dans les films ou qu'on en lit dans les livres, c'était un amour primaire et rassurant, c'était l'amour d'un bambin pour sa mère lorsqu'il sent pulser son cœur apaisant dans sa poitrine, c'était l'amour d'un père qui regarde sa famille s'éloigner puis revenir. C'était l'amour d'un soutien, d'un trésor précieux auquel on avait confié tous les moindres de ses secrets, c'était l'amour d'un paysage, d'une nuit d'été, du vent dans les cimes des arbres, de la lune claires et presque rondes qui ondule contre une fenêtre d'internat. Et sa lueur pale qui découpe les branchages et les feuilles en ombres sur le visage d'un infirmier qui voudrait cacher sa gène, mais dont elle dévoile malicieusement les couleurs à son vis-à-vis. Et Aetios regardait danser les ombres des plantes sur Aiken, et il regardait ce rouge qui perlait timidement contre ses oreilles. Il l'aimait. De tout son cœur. Il l'aimait. 

Il passa sa main gauche sur le bas du dos du blond, elle continuait sa chute sans vouloir se stopper. Elle passa sur ses fesses. Dans sa paume, il sentait son boxer s'imprimer délicatement contre sa peau et sa chaleur se diffusait contre cette partie de son anatomie. Sa paume englobait sa fesse droite et pourtant, il lui semblait que ce galbe parfait ne pouvait égaler les plus fous de ses rêves. Et peut être demain, Aiken préférerait y voir un rêve, peut être reviendrais t'il sur ses paroles, peut être préférerait-il tout oublier et revenir à cette relation distante et silencieuse qu'ils avaient eus jusque la. Et Aetios savait que même s'il faisait ce choix, c'était déjà trop tard pour le blond. Parce que c'était dans leur silence qu'ils en avaient le plus dit. C'était dans les contacts muets et les attentes imperceptibles qu'ils s'étaient découverts. Aetios se souvenait de la main de l'infirmier contre son dos. Alors qu'il en dessinait les courbes et les maladresses, alors qu'il apaisait ses plaies, il passait de la pommade contre son dos. Involontairement, il avait pansé toutes les blessures du Grec. Inconsciemment, il s'était permis de prendre sa place dans son cerveau, il s'était insinué comme un poison délicat dans son organisme. Et Aetios saturait, il saturait de ce produit délicat dont il n'avait jamais pu jusque la goûter les effluves. Il posa son front contre celui d'Aiken . Il avait trop de choses en lui. Il allait exploser. Mais il voulait laisser le temps à Aiken de se mettre en phase avec lui-même avant de chambouler son être. Il voulait qu'il ressente le typhon dévastateur à son tour, comme il l'avait fait avec Aetios. Aetios devait trouver le moyen d'extérioriser l'univers entier qui s'était créer en lui. L'orage aveuglant qui grondait en lui. Mais il se refusait le moindre mot, il se refusait de gâcher cet instant de paroles inutiles. 

Sa main gauche descendit encore. Elle passa sur la cuisse d'Aiken. Lentement, elle pivota contre l'intérieur de sa cuisse. Le souffle du grac s'intensifiait. Il sentait passer de ses lèvres brunes un souffle chaud qui trahissait ses désirs les plus primaires. Sa main remontait contre l'interieur de cette cuisses douce. Il sentait contre ses doigts rudes les marques de sa chaire et de ses formes. Et tandis que cette main intrusive trouvait le chemin de l'entre-jambe d'Aiken, Aetios trouva enfin ce qui lui permettrait de ce délivrer du fardeau qui bouillonnait en lui. Sa voix rauque passa contre sa gorge dans un son qu'il ne connaissait pas lui-même. Il murmura dans un bruit assourdissant. 

« -Aiken. » 

Cinq lettres. Il avait suffi de cinq lettres pour se libérer de ce picotement incessant qui tiraillait sa poitrine. Alors dans un nouveau, soupire, il répéta son prénom. Comme une incantation, comme une promesse, comme un silence absolu. Il le répéta encore et encore. À s'en soûler d'ivresse. À en connaître les moindre consonances, les moindres détails. Il le répéta encore et bien plus encore. 

Ta peau brillait sous la lune, et même si mon front se collait contre le tien alors que ton nom passait mes lèvres, je pouvais deviner à ton odeur l'image que tu avais. Est ce que tu rougissais de mes caresses ? Ca m'aurait plu. Est ce que tu avais honte de me laisser te toucher là où s'aiment les hommes ? Ca m'aurait plu. Parce que j'avais envie de briser la moindre de tes certitudes, de noyer la moindre de tes pensées. De t'enivrer de moi jusqu'à ce que tu t'écroules. J'ai senti ton membre contre ton boxer. Et j'ai laissé mes doigts dessus. En murmurant ton nom. Que dieu me pardonne, tu étais tellement beau.
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyLun 24 Juil - 16:31:03

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Il est loin. Et j'ai froid. C'est peut-être la première fois que j'ai vraiment froid. C'est comme si j'étais plongé dans une eau glacée puis ressorti et qu'on m'empêchait de m'approcher du feu. C'est comme si le feu avait été proche de moi dès le début mais que soudainement il s'était reculé. Et je ne peux plus l'atteindre. Est-ce que je devrais ajouter autre chose ? Est-ce qu'il existe des mots qui pourraient faire revenir le feu près de moi ? Est-ce que je ne devrais pas m'approcher, cette fois ? Faire un pas. Puis un autre. Me retrouver face à la chaleur et me brûler en me blottissant contre elle. Parce que j'ai froid. Je meurs de froid. Mes dents ne claquent pas, comme dans tous ces films ridicules, mais je crois bien que je tremble. Faiblement, avec force. Et je découvre à tâtons que j'ai une faiblesse que je n'avais encore jamais analysée. Et cette faiblesse, elle est devant moi. Cette faiblesse, elle est dans mon cœur devenu asthmatique, dans mes pupilles qui vacillent et dans mon monde qui tangue. J'aurais juré que depuis qu'il s'était éloigné tout était différent. J'avais l'impression d'être tombé dans un gouffre et la Lune ne semblait plus juste écouter mes promesses et le baigner d'une lumière qui le rendait encore plus beau. Elle paraissait rire de moi, rire de ce que je ressentais et j'avais envie de fermer les rideaux. De plaquer mes mains sur mes oreilles et de fermer les yeux, parce que tout se faisait bruyant. Les battements dans ma poitrine étaient assourdissants. La petite voix se réveillait pour me conseiller bien mal et je ne sais même plus pourquoi il s'est éloigné. Est-ce que ça a vraiment de l'importance ? Tout ce que je veux, c'est qu'il fasse partir les tremblements qui parcourent ma peau glacée. Qu'il me réchauffe et revienne contre moi. Peut-être que j'ai envie de passer la nuit dans ses bras. Oui... j'en suis aussi sûr que je peux l'être avec un esprit aussi perdu que le mien maintenant. J'ai envie que cette nuit soit éternelle. Ou peut-être que j'ai juste envie de ne pas reprendre mes esprits. Est-ce que j'en viendrais à regretter tout ce qui s'est passé ? Même si c'est le cas, même si je regrette, je ne pourrais rien effacer de tout ce que j'ai souhaité secrètement. De ce que j'ai dit ouvertement. De ce que j'ai fait, à l'aube d'un samedi comme les autres. Même si je regrette tout, me jugeant comme on jugerait un enfant inconscient ou un adolescent saoul, je ne pourrais jamais effacer les sentiments de cette nuit, qui m'envahissent et me noient sous leur force. Je ne pourrais jamais oublier la puissance de tout ça, ni l'envie irrépressible de sentir une fois encore sa peau contre la mienne. Il est un aimant et je suis un morceau de fer. Est-ce qu'il se rend même compte d'à quel point il m'attire ?

Dieu qu'il est magnifique. Ses yeux sombres comme le ciel nocturne, pleins d'éclats de lumière comme autant d'étoiles, son visage aux traits fins et à la mâchoire carrée, ses cheveux aussi noirs que le plumage d'un corbeau, sa peau, sa nuque, ses épaules... Tout en lui est d'une beauté inatteignable, un trésor mis hors de ma portée que j'ai eu droit d'effleurer pendant un instant. Tout en lui est surprenant. Magique. Puissant. Peut-être trop pour moi. Peut-être trop pour n'importe qui. Qui ne le trouverait pas irrésistible, s'il se trouvait ici durant cette nuit hors du temps ? Qui saurait résister au charme mystique qui se dégage de lui ? Cette pensée me donne le tournis. Personne ne pourrait lui résister, s'ils le voyaient comme je le vois maintenant. Mais je le savais déjà. Son sourire rendait ma journée un peu meilleure, les visites à l'infirmerie qui lui étaient imposées rompaient mes journées un peu trop longues. Il était ma pause. Mon instant de calme. Il était ce qui, sans que je ne m'en rende compte, apaisait mon esprit. Depuis combien de temps ? Je n'en sais rien. Je ne veux pas savoir, d'ailleurs. Mais il est clair que ce n'est pas simplement l'affaire d'une nuit. Et c'est effrayant de le constater. Peut-être que j'aurais préféré remarquer le contraire. Mais il y a toujours cette sensation qui me tiraille. Il pourrait faire craquer n'importe qui, dans une nuit comme celle-là. Il a déjà pu faire craquer n'importe qui. Est-ce que c'est juste un écart d'une nuit ? Est-ce qu'il a déjà quelqu'un de cher à ses yeux ? Est-ce que c'est simplement parce que j'étais là au bon moment, et que n'importe qui aurait pu être à ma place sans que ses réactions ne changent ? Si quelqu'un d'autre était venu, l'aurait-il aimer comme il semble m'aimer ? Un amour d'une nuit, un amour d'une vie. La différence phonétique n'est pas si grande, pourtant un creux immense sépare leur sens. Et je me surprends à me demander si cet amour est éphémère ou s'il continuera même quand ce sera le Soleil qui nous éclairera et plus la Lune. Est-ce que pour moi aussi, ça aurait pu être n'importe qui ? Je n'en sais rien. Peut-être. Ou peut-être que ça fait longtemps qu'il m'a attiré dans un piège dont je ne suis pas prêt de sortir. Dis-moi, Aetios, est-ce que si ce n'était pas moi tu aurais eu ce regard-là ? C'est une question qui a une réponse que je ne peux pas deviner, et il est clair que je suis bien loin de la formuler à voix haute. Peut-être qu'un jour j'oserais te la poser. Peut-être que ce sera quand j'aurais toute ma raison, même si j'ai l'impression que tu es en train de me voler toute la raison que j'aurais dû avoir. Est-ce que je pourrais un jour redevenir celui que j'étais ? Je ne me posais pas autant de questions. C'était plus agréable. Alors, s'il-te-plaît, reviens-moi ou rends-moi tout ce qui me constituait. Pour que si le jour se lève, tu ne me laisses pas seul et incomplet.

Il est là. Devant moi. Il se rapproche. Et, pétrifié, je ne peux bouger. J'attends simplement avec une impatience remplie d'espoir qu'il me permette de sentir sa chaleur à nouveau. Les quelques pas qu'il fait me paraissent durer une éternité, et je n'arrive pas à détourner mes yeux des siens. Mon cœur s'emballe quand je me rends compte qu'il est soudain à quelques centimètres. Et je ne lâche toujours pas ses pupilles des yeux, pupilles qui se confondent presque dans ses iris. Je capture cette vision et la grave dans mon esprit. La grave dans mes souvenirs. Je ne veux rien oublier de ce soir. Je ne veux rien oublier de lui. Le premier nouveau contact physique qu'on a, c'est sa paume qui vient se poser contre ma joue. Et elle l'enveloppe. Elle la réchauffe. La somnolence douce me reprend et je suis tenté de fermer les yeux. Ou bien est-ce davantage de l'apaisement que de la somnolence ? Mon rythme cardiaque ne se calme pas, pourtant je me sens si bien. Je n'ai plus froid. Je ne souffre plus de l'écart qui nous sépare. Et j'ai l'impression que je pourrais lui abandonner bien plus que ma raison. J'aurais pu prendre peur, si je ne brûlais pas autant à son toucher. Et ses doigts glissent jusqu'à mon cou, descendent et s'arrêtent un instant au niveau de ma clavicule. Et je frissonne de ce contact. Je le laisse faire, dévoré par une force que je ne comprends même pas. Et doucement, il descend ses doigts, ouvrant ma chemise sur son passage. Cette chemise que j'avais enfilé dans l'urgence, que j'avais boutonné en courant, et qui en était froissée. Cette chemise, qui forme une barrière entre moi et lui. Je n'aurais jamais crû penser un jour que les vêtements soient en trop. Et pourtant, sentir sa chaleur directement sur mon torse, même si ce n'est qu'en un point, me remplit d'un sentiment très particulier. Mes yeux s'aventurent doucement sur sa propre nuque, puis sur ses épaules, sa poitrine. Et je suis tenté de poser mes mains sur cette peau que je n'arrive qu'à admirer. Ai-je droit de faire autre chose que le regarder ? Il est tellement... magnifique. Brûlant. Apaisant. Différent de tout ce que j'ai connu. Différent de tout ce que je connaîtrais. Différent de tout ce que j'ai pu imaginé. Et cette différence me séduit avec une facilité déstabilisante. Il est tout ce que j'ai toujours rêvé de trouver, tout ce que je n'ai jamais osé formuler. Ou peut-être qu'il est juste un homme qui est parvenu à me faire douter de tout.

Son autre main se pose sur ma hanche, et il m'attire à lui. Et cette fois, plus rien ne me gêne. Ni sa passion que je sens toujours clairement, ni la lune, qui nous juge et nous observe, là-haut dans le ciel. Il n'y a plus que lui et moi. Ses mains et ses yeux. Ses lèvres. Sa peau. Sa chaleur et le monde qui n'existe plus que pour nous. Et sa main descend. Elle glisse jusqu'en-dessous de mon dos et je la sens se presser doucement. Je prends une profonde inspiration et sens mon souffle se bloquer dans ma gorge. J’étouffe en silence, mais ça n'est même pas désagréable. J'étouffe comme si c'était ce que je voulais, et le laisse continuer sa route jusqu'à l'intérieur de ma cuisse. Un long frisson me secoue quand il commence à remonter et le souffle toujours coincé se meurt en voulant sortir. Et il s'enfuit de mes lèvres quand je sens ses doigts atteindre un endroit que personne n'a jamais touché. Il murmure mon nom. Une fois. Deux. Trois. Une infinité de fois. Et à chaque répétition, un nouveau souffle se bloque dans ma gorge et je me raidis légèrement. Si tu savais, Aetios, comme t'entendre dire mon nom de cette manière me rend fou. Fou de joie, fou de cette nuit et des suivantes, peut-être aussi fou de toi. Nos fronts se collent, attirés comme chaque partie de mon corps appelle ton toucher, mais une envie étrange me prend et je m'échappe à ce contact. Je penche légèrement mon corps en avant et pose mes lèvres sur les tiennes. Mon souffle court se répercute sur ton visage et je descend mes lèvres jusque dans ton cou. Là, je les dépose doucement, puis un peu plus brusquement. Mon abdomen se creuse, mon ventre se tord sous ma respiration qui se fait plus forte. Et mes mains s'accrochent à toi comme à une bouée. La droite attrape ton épaule gauche et l'autre se pose à plat sur le haut de ton torse. Et je sens les battements de ton cœur vibrer en moi avec une force qui me fait trembler. Mon souffle chaud s'échoue contre ton cou et je remonte doucement vers ton oreille en murmurant:

Aetios.

Et dire ton nom provoque une vague de chaleur dans mon thorax. Sans vraiment comprendre ce que je fais, je passe ma langue sur ton lobe puis le mordille en continuant d'une voix basse et vacillante:

Ne t'éloigne plus s'il-te-plaît...

J'aurais tout donné pour que tu ne partes plus. Pour que tu ne laisses plus cet écart glaçant entre nous. Est-ce que j'avais dit quelque chose, pour que tu te sois reculé tout à l'heure ? Est-ce que j'avais fait quelque chose ? Si tu savais, Aetios, combien j'avais besoin que tu restes juste là où tu es. Près de moi. Je m'appuyais sur ton épaule comme si je craignais de tomber, et doucement mes doigts s'y accrochaient. Retiens-moi, si je m'écroule. Retiens-moi, parce que j'en ai besoin. Si je tombe, tomberais-tu avec moi ?
2120 mots.
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyLun 24 Juil - 18:27:41

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The Boy who lost count
J'enterrais avide et un peu honteux toutes les dissonances qui hantaient mon esprit. Aurais-tu pris tes jambes à ton cou si tu avais perçu ne serait ce qu'une infinie partie de la jalousie qui m'étreint ? Aurais-je le moindre doute quant à ma capacité à te vouloir entier sans laisser de toi la moindre miette au monde. Et j'annihilerais d'un revers de la paume les curieux, les affables, les séducteurs qui posent sur ton être un regard. Et je détruirais sans procès la moindre pensée d'autre chose que moi dans ton esprit. Alors tu seras servile et emplis de mon âme. Ton désir torturera ton corps et tes envies marqueront ta peau d'une couleur indélébile. Alors nous nous unirons dans un silence et tu m'appartiendras. Et ainsi, je t'appartiendrais en retour. Mais pour le moment, je me contentais d'enterrer avide, et un peu honteux, toutes ces fichu dissonances qui hantaient mon esprit. J'étais malade. Malade de toi. Et je n'avais plus envie de guérir. 

Comme s'il elle avait su qu'il ne fallait plus déranger deux âmes qui se découvraient la Lune passa lentement sur la droite de la fenêtre. Elle allait mourir sa course contre l'horizon. Bientôt, ses rayons ne reflétaient plus les corps en mouvement qui soupiraient de plaisir dans cette chambre. Bientôt, elle viderait de son absence les tumultes de son romantisme pour ne laisser derrière elle que le constat doux de l'aube. Mais pour une heure encore, peut être deux, elle perçait timidement les nuages qui s'étaient affairés autour de sa lueur. Elle, qui jusque la, avait été détentrice de l'intimité qu'ils avaient entre eux, à son tour déclinait pour ne leur offrir plus rien que son souvenir éphémère. Tel était l'astre, brûlante, déformante, magnifique, et maladivement timide. Et le prénom du Grec raisonna dans la pièce. Et ces lettres brutes formaient contre son oreille une mélodie qui n'avait pas de sens mais qui voulait tout dire. C'était une réponse magnifique, c'était une promesse, un accord, c'était peut-être un peu de l'amour. Oui, s'en était certainement. Aetios inspira profondément. Il stoppa ses gestes quelques secondes pour apprécier le son que faisait son prénom. Il le sentait rebondir contre les murs, il entendait la vitre derrière lui qui vibrait légèrement à chacune de ces lettres. Il sentait le son parcourir son échine, remonter le long de sa colonne vertébrale pour mourir sur sa nuque. Il se sentait ivre et envahis de ce mot qu'il avait entendu tant de fois, mais qui jamais n'avais été dit de cette manière. 

Il sent les lèvres d'Aiken à nouveau trouver les siennes. Il a l'impression que jamais il n'avait eue autant besoin de ce contact, et pourtant il est si vital qu'il ne pourrait plus s'en passer. Que chaque minute qui passe entre leur retrouvaille lui manques intensément. Il sent ce souffle caresser son visage. Il inspire lentement, pour capter de ce soupir les intentions. Il se dit que ce souffle n'a rien de normal, il est emprunt de plaisir, et de bonheur. Dans un sens, il ne s'est jamais sentit aussi heureux lui aussi. Est ce qu'il donne du plaisir à Aiken ? Il a envie de crier de bonheur, se sauter dans tous les sens, de pleurer de joie. Parce que ce soupire contre lui qui vient de précéder ce baiser parle pour Aiken, parce qu'il lui exprime tout ce que le blond ne peut pas dire. Aetios écoutait doucement ce murmure inaudible, comme une nécessité, comme une réponse silencieuse au prénom d'Aiken qu'il ne pouvait cesser de murmurer. 

Une main se posait sur le torse d'Aetios, doucement, il sentait son cœur battre à tout rompre. Il pouvait percevoir dans sa poitrine, son organe frapper lourdement contre ses poumons, contorsionner ses cotes, déchirer ses muscles. Il le sentait jusque dans sa trachée. Et il battait comme un diable dans un grondement rauque. Il martelait sa gorge dans un bruit sourd et grave comme jamais auparavant, il n'avait battu. Allait-il décider de tout plaquer ? De sortir de sa poitrine, de prendre des vacances bien mérité, de s'échapper par la première sortie en vue pour se lover contre cette main intrusive qui s'était déposé sur lui par-delà la chaire et le sang ? Il en avait le droit, et pour rien au monde, le grec ne l'aurais empêché de le faire. Car après tout, il était le symbole de toute cette foi qui débordait de lui et qui n'avait d'yeux que pour Aiken. Il ouvrirait lui-même sa poitrine et entre la graisse et les muscles, il déchiquetait son corps pour offrir au blond, même l'espace d'un instant, cet organe si précieux, si vital, si nécessaire. Comme des milliards de plaies ouvertes, Aetios sentait dans son corps se planter les aiguilles de la passion. Elles l'enserraient en leur pointes et le gardait prisonnier, elles jalousaient à leur tour, tout ce qu'il avait connu, tout ce qu'il allait connaître. Et il se laisser à aller à cette passion dévorante dans un soupir d'extase. Bientôt, elle réduiraient sa raison en charpie et il n'oscillerait plus entre la lucidité et la folie. Il pencherait d'un coté ou de l'autre et s'abandonnerait totalement à ce choix décisif qui n'avait plus aucune importance pour lui. Il s'abandonnerait. Pour le meilleur, pour le pire, mais juste pour Aiken. 

Une seconde main agrippa son épaule. Et dans un soupir, Aetios passa son doigt sur cette partie si sensible du corps de son vis-à-vis. Comme pour lui arracher un soupir de plaisir alors qu'il s'abandonnait à lui dans une offrande splendide. Et pour toute réponse, il ressentit ce contact de la langue de l'infirmier contre son lobe. Et petit à petit, l'amas de chair qui finissait son oreille se réchauffa à l'en brûler plus que de raison. Rien n'était comparable, rien de réel, pas même les flammes qui lui avais jadis dévorées le dos. Elles ne rivalisaient pas une seule seconde avec la chaleur ardente qui passait sur lui en cet instant. Il se sentait pris au vif, cuit dans une immense marmite aux odeurs fulgurante. Et il adorait ça. Ses doigts un peu plus déboutonnèrent cette chemise qui le gênait désormais. Il devait l'enlever, elle était un obstacle infranchissable. Elle était de trop et Aetios la trouvait insupportable. S'il s'était écouté, il l'aurait arraché, il l'aurait réduite en charpie, il l'aurait avalée pour ne plus avoir jamais à souffrir son refus. Quand enfin le dernier bouton céda, Aiken murmura. Sa voix était plus grave qu'à l'accoutumée. Elle tremblait un peu. Et dans son regard, Aetios remarqua que sa voix trahissait ses peurs, ses pensées, ses ardeurs. Il en était l'objet, il en était fou de joie. 

Tu m'as supplié, et d'une phrase de ta part, je perdais tout ce que j'étais. D'un battement de paupière, tu anéantissais les monts et les océans qui peuplaient mes pensées. D'un mot tu détruisais qui j'étais et tu tiraillais mes doutes en incertitudes les plus inimaginables. En une phrase, tu formais un trou immense ou en son sein je ne trouvais que désir et passion. Tu me jetais dans le gouffre sans le moindre remord et mon corps se sentait si lourd que j'aurais pu m'y perdre. Une phrase avait suffi à me détruire. J'étais au bord d'une falaise, à ses pieds, les rochers se battaient contre des vagues enragées. Et une phrase de toi m'avait persuadé de sauter. J'avais ouvert les yeux, et j'avais laissé tomber mon corps vers l'arrière. La gravité m'avait attiré vers le récif dans une chute qui n'en finissait pas. Ce n'était pas un suicide, c'était une renaissance. C'était une perte totale de ce que j'appelais un temps « contrôle ». Car telle était ta volonté, tu étais cruel, et j'adorais ça. 

Aetios murmure sèchement. 

« -merde »

Puis, il perd la raison. Il pousse Aiken contre le mur. Plaque sa main droite contre la paroi de la chambre dans un bruit net. A quelques centimètres à peine du visage d'Aiken. Il n'est plus humain, il n'en a plus l'air. Il est assoiffé de chaire, il est affamé de désir. Il est un animal sanguinaire qui fond sur sa proie et se délecte de ses soupirs. Sa main gauche passe sous le caleçon du blond. Aucune raison de se laisser influencer par ce bout de tissus ridicule. Il caresse sans retenue cet endroit si sensible. Et ses longs doigts, découvrent sans pudeur cette partie du corps d'Aiken sans lui laisser le choix de se rétracter. Ses lèvres fondent contre ce cou. Il passe sa langue contre sa peau et sent sa jugulaire. Il s'imprègne de ce goût de sel légèrement amer qui caractérise la peau humaine se disant que sa douceur n'égale rien sur cette terre. Ses dents s'enfoncent dans la chair alors il inspire profondément. Son corps se plaque contre l'infirmier, doucement il le surplombe. Ses dents dans cette peau tendre pour lui arracher un bruit de plaisir. Et il réveillerait tout l'internat de tes soupirs, de tes cris et il en prendrait un plaisir immense. Il marquera ta peau de sa présence si durement que tout le monde saura que tu n'es qu'à lui. Il bouge son bassin, se frotte contre son homologue. Il sent leurs deux membres se toucher par-delà leurs tissus respectifs. Il va briser tout ce que tu croyais possible ou impossible. Il va se nourrir de ta peur et de ton plaisir. Avais-tu peur de sa passion obsédante ? Jamais il n'aurait pu en être plus avide. Car il allait pervertir ton corps, ton âme, jusque dans la moindre de tes cellules. Il allait faire savoir à l'univers entier, avec un air de défis, que tu n'étais qu'à lui.
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyMar 25 Juil - 12:29:29

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Le bruit régulier et puissant retentit, et me tire de mes pensées. Me tire du sommeil. Me tire de l'état indescriptible dans lequel j'étais. Je suis debout, dans un endroit qui n'existe pas, et un ballon tombe et retombe, comme si l'air dribblait. Puis, quand je pose mes yeux sur lui, il roule tout simplement jusqu'à moi, abandonné. La gravité veut-elle jouer avec moi ? Je me penche, pose ma paume à plat sur la balle. Et le monde change. Sur un terrain de basket vide, je sens chacune des lignes de ma main se graver sur la surface de l'objet dont j'ai tant rêvé durant tant d'années. Comme une preuve indéniable de mon existence. Comme la preuve la plus totale que j'ai existé, et qu'avec cet objet rond j'ai fait crié des foules et pleuré des équipes. J'ai créé des records et fait battre des cœurs à l'unisson. Le moindre de mes gestes influençait leur rythme, je jouais avec l'organisme des gens avec un plaisir grisant. J'en retirais une excitation inimaginable. J'étais le roi. J'étais presque un Dieu, parfois. Je surplombais le stade et parcourais comme je voulais son terrain. Personne ne pouvait m'arrêter, ou prendre ce que j'avais dans les mains. Certains disaient que je paraissais disparaître à certains moments. C'était faux. Je me contentais de passer plus rapidement à un endroit qu'ils n'avaient pas soupçonné, et le fait qu'ils soient trop concentrés sur ma position précédente leur donnait l'illusion que pendant une demi-seconde, j'étais nulle part. Je baisse les yeux sur ce ballon. Je n'ai pas envie de le lancer. J'ai envie de ne plus jamais oublier la sensation de cette texture, de ce poids, de cette forme entre mes doigts. Mais en même temps, le panier est juste là. A quelques mètres. Et j'ai avec moi l'unique chose qu'on devrait jamais lancer en le voyant. Cette fois, les airs ne pourront pas me refuser. Je lève mes bras, vise, prend une impulsion et d'un geste, la balle s'élance. Sa courbe est parfaite. Sa trajectoire est parfaite. La beauté de ce tir me rappelle tout ce que j'aimais dans le basket. La confrontation de style de jeu entre équipes, les tirs et les tactiques, magnifiques ou catastrophiques. Les gouttes de sueur qui coule au creux du dos lentement, celles qui plaquent les cheveux en arrière. Les pupilles qui changent de taille pour essayer de capter chaque mouvement, la balle qui se perd dans le seuil trop lumineux, avec tous les éclairages, et enfin, enfin, cette sensation de surplomber le monde, quand on amène le ballon jusqu'au panier et qu'on saute, haut, très haut, pour finir par entendre les cris derrière et autour de nous. L'immense satisfaction, quand on marque un point. Et alors que la gravité fait le reste, je regarde le ballon tomber vers son but, et sais qu'il va rentrer. Alors je savoure chaque centimètre qu'il fait jusqu'à l'arceau.

Et l'air refuse mon panier. Le projectile est envoyé à des mètres sur le côté. Ca a toujours été ma plus grande peur, depuis que j'ai arrêté le basket. Si un jour je m'y remets et que la nature ne veut plus de moi là-haut, si un jour je m'y remets et que je me plante lamentablement, qu'est-ce qu'il me restera ? A quoi est-ce que je pourrais me raccrocher ? Je n'aurais comme souvenirs qu'un échec cuisant et me serait fait comme ennemi le pire qui soit. Si même les airs ne veulent plus de moi alors qu'ils m'embrassaient quand je brillais encore, qui voudrait de moi ? Aurais-je encore un allié ? Qui voudrait de quelqu'un qui n'est plus capable de luire ? Je ne suis que l'ombre d'un gamin rêveur et ambitieux. Qu'est-ce qu'un adulte qui n'est que l'ombre d'un adolescent ? Le vent souffle plus fort et me pousse à terre. Les mains sur mon visage, je ferme les yeux. Je n'aurais jamais dû arrêter le basket. Mais qu'aurais-je dû faire ? Je n'avais pas le choix. J'ai froid. Je ne peux plus me relever, les airs me refuse. Je ne pourrais plus me relever et voler comme avant. J'avais des ailes, mais on me les a volées. Ah. Quelle drôle de comparaison. Et pourtant, je n'en vois pas de meilleure. On me les a arrachées. Et j'ai fini à des milliers et des milliers de kilomètres de là, à donner des médicaments sans ne faire pas grand-chose de plus. J'ai froid. Je suis seul, ici. Seul par terre. Seul à avoir été banni des airs. Un feu ? J'en sens un. Proche. Je devrais m'en approcher, non ? Mais comment peut-il résister aux bourrasques qui me vrillent la peau ? A moins que je ne sois le seul à les sentir ? A tâtons car je ne peux plus ouvrir les yeux, je me rapproche. Et quand la chaleur est devant moi, je l'enlace. Mais je ne brûle pas. Je me colle à cette chaleur, la laisse me réchauffer, et je me sens plus calme. Le vent a cessé. Le froid s'est enfui. Et j'enlace ce feu comme s'il était la chose dont j'avais le plus besoin. Est-ce que tout ça n'est qu'un rêve ? Je devrais me brûler. Et pourtant, le feu ne me fait pas mal. Il ne fait que me réchauffer. Un soupir s'échappe de mes lèvres. C'est la première fois que quelque chose apparaît dans mes cauchemars pour m'en sauver de cette manière. M'en sauver... le mot est juste. Il ne pourrait pas l'être davantage. La douleur que le vent m'a procuré n'est plus là. Je ne ressens qu'un apaisement profond, et je voudrais remercier le feu. Lui souffler, lui murmurer, lui crier ma gratitude. Mais je ne sais pas comment remercier un feu, ni quelqu'un d'ailleurs. Alors je le serre plus contre moi et je me laisse aller contre lui. Qui aurait crû qu'un feu ait un tel pouvoir ?

J'ouvre doucement les yeux. Est-ce que je vais voir un feu danser sous mes yeux, ou est-ce que la chaleur que je ressens contre moi n'est qu'un souvenir du pays des rêves ? Je reconnais la texture caractéristique des draps et je comprends. Je vais me réveiller comme toujours, dans mon lit, seul. Sans chaleur. Sans vent ni feu. D'abord, je ne vois rien. Juste la lumière toute nouvelle du Soleil cachée par quelque chose entre elle et moi. Et la chaleur ne disparaît pas. Je redresse mes yeux jusqu'à reconnaître un visage. Un visage ? C'est celui d'Aetios. Paupières baissées, souffle régulier. Je me sens virer au rouge. De honte ? Sûrement pas de gêne. Je n'ai aucune raison d'être gêné. Les brides de cette nuit me revienne et peut-être que si, j'aurais des raisons d'être gêné. Il m'a vu sous des angles que je n'aurais jamais crû laisser voir à quiconque. Il a entendu mes soupirs et des bruits que je préfère oublier tant il me paraît impossible que ce soit moi qui les ai poussé. Ses mains ont parcouru tout mon corps, et je brûle encore de leur contact. Cet écart n'aurait jamais dû exister. Cette nuit n'aurait pas dû se dérouler comme ça. Parce qu'il en a trop vu de moi, et parce que je lui ai ouvert mon âme en un rituel silencieux. Parce que j'étais prêt à tout lui donner, s'il me le demandait. J'étais prêt à l'aimer comme on aimait une passion, à ne jamais le lâcher, à tout lui montrer, tout lui offrir. Peut-être même qu'on peut appeler ça de l'amour. Je suis pour l'instant incapable d'en saisir la forme, mais n'est-ce pas le genre de récits fous et ridicules qu'on entend par centaines ? Un abandon total, un désir inimaginable, une infinité de sentiments tous plus forts que les autres. J'aurais toutes les raisons du monde d'être gêné. Et ma peau pâle se rappelle vivement de chaque détail de cette nuit. Est-ce que je ne serais pas moi-même le feu de mon rêve ? Parce que je brûle plus que je ne le croyais possible, actuellement. Et j'aurais besoin que quelqu'un me fasse redescendre sur Terre, parce que je crains d'être parti très loin. Trop loin. Qu'est-ce qu'il m'arrive, au juste ? Ca ne peut plus se reproduire. Je m'apprête à le lâcher et à me séparer de lui pour de bon, mais je me fige. Comment peut-on décemment être aussi beau ? Ahh... Et puis j'ai peut-être encore le temps. Je ne suis pas obligé de m'écarter immédiatement. Je peux le regarder un peu. De toute façon, je n'en aurais plus jamais l'occasion, de le voir au réveil comme ça. Alors il n'y a pas de mal à repousser un peu le départ. Je dois avouer que pour le coup, je suis plutôt réveillé. D'habitude, j'ai vraiment du mal. A en juger par l'éclat du Soleil, il doit être six heures et quelques. Six heures et demi, je pense. Une mèche glisse doucement du dessus de son crâne jusqu'à devant ses yeux et je retiens un léger gloussement, la remettant derrière. La gravité doit bien faire son boulot, de temps en temps, il est vrai !

Si tu savais, Aetios, comme j'ai envie de juste m'allonger, fermer les yeux et rester comme ça durant une vie entière. Parce que quand je quitterais ce lit, que je sais très bien le tien, je n'y reviendrais plus jamais. Parce que je ne peux juste pas me le permettre. Même si l'envie irrépressible de me pencher et de couvrir tes lèvres des miennes fait vaciller ma détermination. Fait vaciller tout. Mon être, mes certitudes, tout ce que je croyais et tout ce que je ne croyais pas. Est-ce que je pourrais vivre en continuant de te côtoyer comme maintenant ? Je ne pense pas. Tu détruirais tout. Tu as déjà tout détruit. Rien n'a su résister à l'assaut de cette nuit, parce que je t'ai ouvert les portes et je t'ai laissé t'emparer de tout. Que dirait Jeff et Alex, si je leur disais que j'avais trouvé quelqu'un comme toi ? Ils riraient sûrement. Me féliciteraient. Mais me féliciter de quoi ? D'avoir oublié jusqu'aux bases même de mon être ? De m'être laissé submerger par des choses que je ne pensais pas exister ? Ils voudraient sûrement te voir, aussi. Ces deux imbéciles se mêlent toujours de tout. Mais je ne les laisserais pas te rencontrer. Qui sait ce qu'ils iraient raconter... A un moment où j'essaierais de laisser cette nuit derrière moi, qu'ils viennent te dire que je n'ai jamais ressenti ça pour personne ou que je ne voudrais pas te laisser de côté serait la pire chose qui pourrait arriver. Même si tu l'as peut-être déjà compris cette nuit, dans ces regards plein de choses et dans ces silences trop bavards. Doucement, je me penche légèrement vers toi pour sentir ton odeur, pour retenir ta chaleur et pour être sûr que je ne rêve plus. Parce que si je rêve encore, je t'embrasserais peut-être encore une fois. Ou plusieurs. Peut-être jusqu'à ce que je me réveille. Ca ne doit être qu'une réaction normale après une nuit si proche de quelqu'un, mais il m'a semblé que cette nuit était spéciale. Peu importe pour qui. Il m'a semblé que ce n'était pas normal que mon monde tourne autant autour de toi. Mais peut-être que c'est juste prétentieux de penser que ce qu'on a vécu n'était pas commun ? Je m'écarte de toi. Tu dors, non ? Je n'en sais rien, mais il faut que je m'écarte. Et à tâtons, je cherche mes lunettes. Elles ont dû tomber, à un moment. Je peux le voir nettement, mais ça me demande un effort qui me fait plisser les yeux. Lorsque je les retrouve enfin, je me penche pour les attraper. Elles sont par terre, à côté du lit. Et je vois aussi ma chemise. Je réalise que je ne suis qu'en sous-vêtement et une vague gêne me prend. Pas qu'il n'ai pas déjà tout vu cette nuit, au contraire, mais ça reste... gênant. Un peu. Beaucoup. Passionnément. Peut-être à la folie. Ou pas du tout ? Je remets mes lunettes fines sur mon nez et remonte mon boxer, qui glissait légèrement. Je suis tenté de me lever pour attraper ma chemise, mais elle est loin, près du mur. De l'autre côté du lit. Là où il m'a plaqué au mur et là où... oh. Oui. Là. J'irais la chercher plus tard. Pas maintenant. Parce qu'il faudrait soit se lever —et je doute être assez éveillé pour pouvoir compter sur la force de mes jambes—, soit se pencher au-dessus de lui —et je crains que si je le fais, il m'attrape dans un piège que je n'ai pas vu venir, comme durant cette nuit, et dont je ne peux m'extraire.

Avec une honte brûlante, notre nuit passée ensemble me revient en tête dans les moindres détails, et j'espère qu'il n'est pas déjà réveillé ou qu'il attend avant d'ouvrir les yeux, parce que je peux jurer, sans même me voir, que je n'ai jamais rougi autant que maintenant.
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyMar 25 Juil - 20:23:09

Aiken Young & Aetios Sillohe
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The Boy who look like a child
Aetios n'avait pas dormi. Ou tout du moins, il avait somnolé de ci de la quelques minute ou quelques heures. En vérité, il n'avait pas eu envie de s'endormir. Il ne voulait pas constater que l'éphémère Aiken s'était échappé durant son sommeil. Il avait explosé de cruauté, de désir, d'égoïsme. Cette nuit intime, il l'avait enlacé comme un amant, il avait découvert de lui ses parties les plus secrètes. Il avait exploré ses sons les plus suaves. Il avait enlacé son corps. Et il l'avait touché sans se retenir, il avait regardé avec délectation son visage se déformer de plaisir et l'avais scruté comme un animal en rute alors que dans l'extase, il lui offrait ce qu'il cachait aux yeux du monde : sa vulnérabilité. Et quand enfin, il s'était satisfait, il était tombé lourdement sur son matelas. Et il avait entraîné avec lui l'infirmier dans sa chute. Ils s'étaient allongés l'un contre l'autre et Aetios l'avais enlacé un peu ignorant la chaleur de cette nuit brûlante juste pour satisfaire ce besoin de ne pas s'éloigner. La, exténué, il avait écouté en silence la respiration de son partenaire. Il l'avait entendu se calmer pour prendre un rythme régulier et monotone. Il avait fixé son torse se soulever délicatement sous le poids du sommeil et retomber lourdement creusant ses cotes dans une innocence incroyable. Aiken était beau. Il était d'une beauté qui n'appartenait qu'à lui, une légèreté et une douceur qu'il cachait au monde sous un visage impassible et un soi-disant cœur de glace. Mais dans son état le plus fragile, il se dévoilait sous son véritable jour, comme un être meurtri par son passé, comme un être recroquevillé dans les bras puissant du Grec. Il était d'une beauté envoûtante, irréelle. Aetios voyait ses paupières fermées, vibrer sous les mouvements saccadés de ses orbites à une allure hallucinante. Aiken rêvait sans doutes. Et il n'était pas serein. La lumière de l'aube reflétait ses mèches blondes comme un millier de rivières d'or. Ils scintillaient en silence dans ce lit bien morne pour illuminer de leur lueur divine la pièce tout entière. Mais là ou ils brillaient le plus, c'était dans le cœur du Grec. Durant une heure peut être, il avait prit entre ses doigts brun chacune d'entre elles pour les repositionner. Comme s'il touchait un objet inestimable, il soulevait une mèche légère et la replaçait derrière l'oreille de l'endormi. Dans cette caresse apaisante, il avait vu les yeux d'Aiken se calmer. Peut-être son cauchemar c'était il transformé en rêve désormais. Le brun s'émerveillait, avait il était capable de calmer ce fantasme effrayant qui avait étreint Aiken ? Était-il réellement capable de dissiper ses mauvais rêves à coups de tendresse. Il était heureux. À son tour, il ferma les yeux. Luttant contre morphée il ne pouvait pas l'empêcher de lui grappiller quelques précieuses minutes. Et à intervalles réguliers, son horloge biologique s'était calé sur l'être qui dormait à ses cotés pour réveiller Aetios afin qu'il constate qu'il était toujours là. Il avait vu ce visage délicat, embué par le masque étrange du sommeil profond. Sa peau s'était détendue et avait légèrement gonflé, ses pores s'étaient ouverts comme si tout en lui s'était endormi le plus innocemment du monde. Mais ce qui ne changeait pas, à chaque réveil du brun, c'était l'envie de voir Aiken la prochaine fois qu'il ouvrirait les yeux. Quand il trouva le sommeil véritable, le jour s'était levé. 


Il ne travaillait pas le samedi, c'était une chance pour lui. Mais si le contraire était arrivé, il ne se serait pas levé pour autant. Qui pouvais bien se donner le droit de le priver de ce moment de répit qu'il possédait ? En un sens, même s'il était persuadé qu'il n'aurait pour rien au monde gâché cette matinée quel que soit le jour, il était plutôt satisfait de savoir qu'il n'avait pas à s'en inquiéter, il était sérieux dans son travail. Presque autant que dans ses études. Sa vie s'était réglée comme du papier à musique. Il avait fait ce qu'il savait faire de mieux, il en avait fait une routine et avait ancré en lui des habitudes tenaces. Il pouvait changer ses habitudes rapidement, mais quand elles étaient la il aimait les préserver. Il s'imaginait que s'était en partie dû à l'incendie. Tout ce qui gravitait autour de lui semblait lier à ce passage de son existence. Mais pour le coup, s'était un raisonnement logique. Il avait été habitué très tôt à inclure dans ses journées des visites de l'extérieur, il était resté presque huit mois à l'hôpital de manières plus ou moins continue. Entre les opérations et les mises à pied, il avait appris très jeune à fixer des heures, des jours, des dates aux événements imprévus ou prévus. Aetios était un petit garçon qui avait grandit trop vite. Il n'en avait jamais vraiment voulu à qui que ce soit. Parce qu'il s'imaginait que c'était le lot de beaucoup d'autres enfants. C'était peut-être aussi ce qui motivait son émerveillement quand il retrouvait son petit frère, lui avait cette enfance magique dont il avait été privé. Et Aetios loin de le jalousais, désirait au plus profond de lui-même lui offrir toute la candeur et l'ignorance qu'il était capable de porter. Il voulait le préserver du monde et de ses travers. Il voulait le défendre et lui offrir pour toujours une place où il se sentirait bien. Et quand il rentrait en Grèce et qu'il voyait ce visage aux boucles brunes et aux grands yeux verts lui sourire dans une sincérité magistrale, il ne pouvait pas résister à l'envie de décrocher pour lui non seulement la lune, mais également tout les autres astres qui daignaient briller dans le ciel. Doucement, alors que le sommeil l'envahissait, il se dit qu'il n'y avait qu'une seule autre personne au monde à qui il se sentait capable d'offrir une telle dévotion. Et cette personne dormait paisiblement à ses côtés. 


Il n'avait pas fait de rêves. En vérité, il avait peu dormis, mais d'un sommeil si sincère qu'il ne se sentait pas le besoin d'en avoir plus. Il sentit le corps à ses côtés bouger doucement signe d'un réveil imminent. Et alors que lui-même s'éveillait, il resta dans la demi-conscience et garda les yeux fermés. Il cala sa respiration sur celle d'une personne supposément endormie et resta à l'écoute de ce qui se passait autour de lui. Aiken remuait. Il semblait définitivement sortit de sa nuit. Aetios avait un peu honte. Il avait le sentiment d'être un gamin qui se cache, il simulait un endormissement total alors que chacun de ses sens étaient à l'affût du moindre mouvement du blond. Puis, il réalisa, s'il ne faisait rien maintenant, Aiken allait s'enfuir. Pas qu'il ne comptait pas le convaincre que ce n'était pas une nuit perdue dans les méandres de ses confusions, mais il préférait profiter du calme qu'imposait cette matinée ensoleillée. Il ouvrit les yeux doucement. Le soleil brûlait sa rétine, se découpant sur son iris entre ses cils noirs. Il fronça le front et les sourcils. Il était un adulte, il devait faire face à Aiken comme un homme. Cette pensée le déstabilisa un peu. Il avait toujours eu du mal à admettre qu'il était bel et bien adulte et non plus un jeune homme. Mais il était résolu ce matin-là à assumer ses actes et ses émotions. Il en était résolu, comme jamais il ne l'avait été. 


Lentement, il se redressa, prenant appui partiellement contre le mur qui collait le lit. C'était un petit lit, et à deux, il se créait par nécessiter une promiscuité qui ne pouvait que l'aider pour retenir Aiken. Aetios n'était pas le genre de personne qui aimait particulièrement les histoires à l'eau de rose et les minauderies. Il aimait le romantisme certes, mais il ne se retrouvait pas dans les rituels cucul la praline qu'avaient certains couples. Pourtant, la maintenant, il avait presque envie d'embrasser à nouveau Aiken en lui lançant un bonjour matinal comme si tout ca était tout à fait naturel. Mais il y avait une chose qu'il voulait plus que ça encore. Une chose qui l'avait tiraillé alors qu'il tentait encore de se contenir cette nuit. Il voulait savoir si Aiken voulait assumer ce qui s'était passé, ou bien s'il préférait lui mettre ses actes sur le dos en prétendant que c'était de sa faute. S'il choisissait la deuxième option, Aetios ne lui en voudrait pas vraiment. Il était convaincu qu'Aiken avait une fierté, elle était peut-être mal placée, peut être un peu réfractaire à certains concepts, mais Aetios admirait les hommes qui étaient fiers. Et peut être, n'était elle pas mal placée, peut être mal grès ou avec elle, Aiken était capable d'admettre qu'il était lui aussi responsable de l'écart monumental qui s'était déroulé la nuit précédente. 


Aetios plongeât ses yeux noirs dans les pupilles bleues du blond. Il le regardait rougir un peu. Il devina qu'il avait du rougir bien plus quelques minutes plus tôt et il s'en voulait de ne pas avoir été plus courageux à ce moment la. Il détourna les yeux. Pas parce qu'il ne se sentait pas de soutenir son regard mais parce qu'il avait peur d'y trouver ne serait qu'un soupçon de rancune. Il posa son front contre l'épaule claires d'Aiken et demanda d'une voix encore un peu tiraillée par le sommeil mais résolument lucide : 


« - Tu m'en veux ? » 


Durant une délicieuse seconde, il eu réellement envie d'entendre la réponse. Mais la seconde qui la précéda l'affubla d'une chose plus terrible encore qu'un refus pur et simple. Elle lui imposa le doute. Et si Aiken lui en voulait ? S'il lui en voulait tellement qu'il brûlait déjà en lui les moindres brides de souvenirs de cette nuit ? Alors il ajoutât sans même laisser à l'infirmier le temps de répondre à sa première question : 


« -Soit mon petit ami. » 


Sa voix était posée, mais un peu paniqué. Il avait précipité cette demande et déjà il s'en voulait un peu. Si on connaissait Aetios, on savait qu'il était quelqu'un de mesurer. Il prenait le temps de peser le pour et le contre. Et le langage était pour lui quelque chose de presque sacré, trop éphémère et trop important pour être laissé au hasard. Rarement il parlait sans réfléchir. Et bien souvent, les mots qu'il employait ou les phrases qu'il prononçait avaient en eux même beaucoup d'autres significations. Mais on ne pouvait ignorer qu'il y avait parfois des moments ou il manquait cruellement de tact. Il n'était parfois pas capable d'exprimer toutes les voluptés qui traversaient son esprit, et parfois, comme dans le cas présent, il était incapable de mesurer ses propos ou ses pensées. Très rarement ses émotions transgressaient sa parole. Mais quand elles le faisaient c'était d'une manière magistrale. D'une manière simple et abrupte. Il les balançaient comme un gamin qui ne savait pas quoi en faire et qui les posait la faute de mieux. Aetios gardait son front collé contre l'épaule d'Aiken. La, contre sa peau, il humait son odeur, mélange subtile de sueur et d'un réveil surpris. Il sentait un peu le savon et cette odeur si particulière qu'il était le seul à posséder et qui enivrait Aetios. Le Grec s'était courbé pour se mettre dans cette position, il exposait son dos ravagé au regard du blond sans la moindre honte. Il inspira profondément. Il avait l'air d'un enfant dans cette position. Prostré contre sa mère, attendant son pardon, et peut être une récompense.
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Aiken Young
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyMar 25 Juil - 22:57:33

Please, be my strength instead of my weakness.
— Aiken Young —

Et alors que mes yeux sont distraitement posés sur ce mur où mon dos avait été collé avec tant de passion durant cette nuit, je le sens qui se redresse. Et avant que je ne puisse me tourner vers lui, avec hésitation et doute quant à quoi faire ou quoi dire, je sens un contact chaud sur mon épaule. En baissant les yeux, je découvre que c'est son front. Il est là devant moi, son dos exposé à l'air, et mon rêve me revient. Mon cauchemar, plutôt. Je revois les bourrasques me garder loin des cieux, et je les imagine s'abattre sur lui. Je hais mon imagination. J'ai peur. J'ai mal. Je veux le protéger. Protéger cette partie de lui qui nous a permis de nous rencontrer, protéger les souvenirs qui y sont liés. Je veux le protéger lui, aussi. De tout ce qui peut lui faire mal. Et je sens un pieu s'enfoncer dans ma poitrine. Je connais les effets que cette blessure a sur sa santé. Je connais les risques, les statistiques, les scénarios catastrophe. Et je sais, mieux que personne, que cette blessure peut endommager ses poumons ou stopper son cœur. Cette blessure, constituée de dizaines de plaies qui semblent toujours ouvertes, peut lui être fatale. On ne compte pas le nombre de grands brûlés morts à cause de leurs brûlures, avec le temps. Et c'est égoïste, mais je ne sais pas ce que je ferais si son état chutait soudain. Qu'est-ce que je pourrais faire ? S'il me laissait après avoir été si présent, que deviendrais-je ? Les lundis et les jeudis seraient sans fin. Les soirs seraient solitaires. Les semaines seraient interminables. Les week-ends seraient horribles. Et je fuirais les cimetières comme jamais. Si son dos était la cause de sa disparition, que pourrais-je dire, que pourrais-je faire ? Il y a tant de choses que j'aimerais lui dire et trop peu que je peux formuler. Dans mon esprit, il y a des couleurs invisibles, des mots imprononçables, des sons muets. Aux frontières de mes lèvres scellées, il y a des cris silencieux et des murmures assourdissants. Et j'aimerais lui souffler des choses que même dans ma langue natale, je ne peux souffler. J'aimerais le faire se redresser, plonger mes yeux dans les siens et m'y perdre. Et alors, je lui raconterais tout. La foule qui scande mon nom, les exclamations étonnées et les rires qui secouent des salles, la danse du ballon entre la terre et les cieux, la joie et la peine. Peut-être que je me laisserais emballer par mes souvenirs et peut-être que je lui parlerais des règles du basket-ball et des tactiques, des courbes parfaites faites par la balle et des manières différentes de la lancer, de tous les effets qu'on peut lui donner et de la sensation folle de voler, quand on saute jusqu'à l'arceau. De l'impression d'avoir atteint le sommet de la montagne la plus haute pendant une seconde. Je lui livrerais mes secrets et ma mémoire, mes doutes et mes certitudes. Et dans un moment de silence et de complexité, où tout est possible, je lui confierais peut-être combien son rire remplit mon monde et combien son sourire remplace n'importe quel Soleil. Et pour une fois, j'aime le Soleil. Avec lui, je peux aimer les beaux jours. Avec lui, je peux peut-être aimer beaucoup plus de choses. Ou au moins, les supporter et ne pas m'en plaindre.

J'ai presque envie qu'Alex et Jeff soient là. Ou bien disons que j'ai hâte de les voir —parce que s'ils étaient là maintenant, alors qu'on est proches et presque nus, ce serait peut-être un peu étrange. J'ai tellement de choses à leur dire, à eux aussi. Je sais qu'au final je ne dirais pas grand-chose, mais j'ai envie de leur faire comprendre en quelques mots combien Aetios est spécial. Combien il fait vaciller ma détermination et brise ma raison. Combien il est beau. Combien il me réchauffe, dans tous les sens du terme. Combien j'aimerais que cet incendie n'ai jamais eu lieu. Ou peut-être combien je suis soulagé qu'il ai eu lieu ? Sans lui, je ne l'aurais jamais rencontré. Ou peut-être que sans lui, je l'aurais rencontré, mais une seule fois, pendant quelques minutes, comme chaque élève, et plus jamais après. J'ai envie de leur dire que s'il n'existait pas, il n'y aurait sûrement personne en ce monde capable d'apaiser mes nuits. Capable de supporter qui je suis dans son intégralité. Même si on a parlé peu en comparaison à tout le temps passé ensemble, j'ai plus échangé avec lui qu'avec n'importe qui. On a plus dit dans nos silences qu'on aurait su dire dans nos paroles. Et chaque mot qu'on a soufflé timidement ou avec conviction valait mille autres dans la bouche de n'importe qui. J'aurais aimé qu'il me dise qu'il n'avait jamais ressenti autant d'attachement pour quiconque. J'aurais aimé qu'il me dise que j'étais le seul avec qui il pourrait partager une autre nuit. J'aurais aimé qu'il me dise qu'il était prêt à tout me céder, son corps et son âme. J'aurais aimé qu'il me dise tout ça parce que moi, je le savais, je pensais tout ça tellement fort que je ne pouvais calmer mon cœur. Il était devenu trop. Il était devenu tout au lieu de rien. J'avais toujours tenté de le tenir à bout de bras et au lieu de ça il en avait profité pour me prendre dans les siens. Et je ne pouvais pas lui en vouloir, parce que de nous deux, c'était moi le plus coupable, pour m'être laissé faire. C'était moi le plus coupable, parce qu'au fond, je n'attendais que ça. Je voulais qu'il devienne mon univers, et maintenant qu'il l'était je ne savais pas quoi faire. Je devrais m'éloigner de lui, rapidement et pour toujours. Je devrais dresser une porte entre nous que même lui ne saurait franchir. Une porte immense, sans serrure. Parce que si elle avait une serrure, je sais que je finirais par lui glisser la clef. Je devrais dresser une porte que je ne pourrais détruire, quand bien même je ne voudrais que ça, car avec lui non loin je me sais tenté de faire tout ce qui est contraire à ce que je devrais faire. A croire que je veux me suicider. Il me mènera à ma perte, et je n'ai même pas envie de l'en empêcher. Je veux seulement m'approcher et lui dire, droit dans les yeux: « Vas-y. »

Sa voix résonne et me tire de mes pensées. Le cheminement que mon esprit a fait n'a dû durer pas plus de deux secondes et pourtant, il m'a paru qu'une éternité passait. La question qui me sort de cet état est posée d'une voix encore légèrement endormie mais étonnamment clair. Son sens aussi, est clair. Pourtant, je mets un moment à l'analyser. Si je lui en veux ? Je ne peux pas lui en vouloir. Pourquoi il en voudrais-je ? Ah... En fait, je devrais lui en vouloir pour une chose. C'est bien la seule chose pour laquelle je ressens une quelconque forme de rancœur —même si c'est un mot à la fois bien trop fort car je ne peux en ressentir pour lui mais aussi bien trop faible parce que ce que je ressens ne peut être décrit avec des termes existants. Cette chose, c'est qu'il m'a volé mon cœur et que je sais déjà que je ne le récupérerais sûrement jamais. Pour le meilleur et pour le pire, je finirais ma vie sans rien dans ma poitrine. Même si scientifiquement parlant, c'est d'une bêtise hallucinante de dire ça, je ne vois rien qui s'approche mieux de ce que je pense. Je doute malheureusement de juste pouvoir me présenter au premier poste de police venu et leur signaler ce genre de vol. Autant que je doute qu'un hôpital du Japon accepte de me greffer un autre cœur. Peut-être alors, si c'était possible, je ne ressentirais plus rien ?... Non, à part ça je ne t'en veux pas. En fait, je ne peux même pas te dire que je t'en veuille, même d'être devenu trop de choses pour moi. Je m'apprête à le dire à voix haute mais tu reprends, avec un ton pressé, comme si tu te sentais obligé de parler pour me persuader de ne pas partir. Comme si tu tenais à me retenir. Et ce que tu dis me coupe le souffle. Mes muscles se raidissent. Tu m'as rendu muet avec ta seule demande. Est-ce que ça t'inquiètes ? Je sens les secondes passer, avec une lenteur qui me torture. Je ressens les secondes passer au plus profond de moi, et je ne sais pas quoi répondre. Je ne sais pas quoi penser. J'ai tout oublié. Est-ce que je sais encore comment respirer ? J'en doute. Mon souffle reste coincé dans ma trachée. J'aurais pu rester avec toi durant toute la journée, j'aurais pu regarder les heures passer dans tes yeux, j'aurais pu fondre sous tes mains sur mes joues et ton front sur le mien. J'aurais pu me mélanger à toi lors des contacts de nos lèvres. J'aurais aimé. Mais j'espère qu'on sait tous les deux que je ne l'aurais jamais fait. Parce que je ne peux pas rester. Je ne peux plus m'attacher plus. Je suis malade, et si je reste près de toi je vais le devenir encore plus. Mais je ne peux pas me permettre de l'être encore plus. C'est une maladie qui fait vibrer mon âme et prend possession de mon cœur. Et à cause d'elle, tu pourrais me blesser en un mot, me donner envie de mourir en deux et m'achever en trois. A cause d'elle, tu as trop de pouvoir, et je ne peux laisser personne devenir si important. Alors, ta question me fait peur. Parce que ma langue brûle de dire quelque chose, mais ma conscience hurle des mots bien plus cruels.

Non, je ne t'en veux pas. Je ne pourrais jamais. Et... non, je ne veux pas de ce type de relation. Je ne vais pas prétendre que rien n'est arrivé cette nuit, parce que ce serait nier l'évidence, mais ça ne se reproduira plus.

Ma voix faiblit légèrement, vers la fin. Ou peut-être que c'est la fermeté qui augmente ? J'ai dit les derniers mots lentement, avec une froideur que je ne me connaissais pas. Ou plutôt, une froideur habituelle, celle que j'ai toujours, mais qui avait disparu depuis longtemps avec lui et qui me paraît à présent irréelle. Ma gorge me fait souffrir. Elle vient de dire des mots qui se sont plantés dans mon abdomen simplement pour me faire souffrir, avec violence et lenteur à la fois. Et je sens ses mots remuer, comme des piques, alors que je prends moi-même conscience de tout ce qu'ils impliquent. Ils me font si mal que je doute un instant les avoir prononcé. Ces mots ne me tueront pas, ils ne sont pas là pour ça, mais ils me feront souffrir pendant bien plus que quelques minutes. Peut-être qu'ils me feront souffrir à chaque fois que je le verrais. Mais peu importe. Je l'ai dit, il faut que je le pense. Il faut que chaque partie de mon corps se mette d'accord pour aller dans le même sens et cesser de me tirer à la fois proche et loin de lui. Quand bien même je meurs d'envie de passer la journée avec lui, je ne peux pas. Je ne sais pas comment me comporter en tant que petit-ami, je ne sais pas comment gérer tous les sentiments qui m'assaillent, j'ai besoin de calme. J'envie la froideur qu'était la mienne avant cette nuit. J'envie la solitude. J'envie l'homme que j'étais autant que je le trouve pathétique et fermé à tout. Aetios. Aetios. Aetios. J'aimerais pouvoir dire ton nom à voix haute comme il résonne dans ma tête, avec les mêmes sons magiques et les mêmes syllabes superbes. Avec la même signification. J'aimerais le dire lentement, faire traîner chaque lettre pour mieux m'en imprégner. J'aimerais le dire avec force, le hurler dans un cri bref, le murmurer un soir d'hiver en regardant la cheminée, le transformer en rire après une blague, l'appeler dans une forêt interminable, le dire en tremblant au milieu d'une mer agitée, le souffler dans une étreinte qui n'appartient qu'aux nuits qu'on ne raconte pas, le revendiquer devant des inconnus, le dire encore et encore, aux quatre coins de nos mondes, aux quatre saisons de nos vies. Aetios, si tu savais comme j'aimerais le dire maintenant. Comme j'aimerais le dire pour que tu saches que je te veux pour aujourd'hui, que je te veux pour demain, que je te veux pour tant de jours que je ne peux tous les citer. Pour que tu saches combien j'espère que tu me veux pour autant de temps. Pour que tu saches que ces mots me transpercent plus que je ne l'aurais jamais crû. Aetios, si tu savais combien je suis désolé.

Pardonne-moi, j'ai pris peur, à trop t'aimer.
2314 mots.
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Et Aiken s'enfuit~ c'tait inévitable.
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyMer 26 Juil - 17:20:23

Aiken Young & Aetios Sillohe
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The Boy who ate the fears
« Non je ne t'en veux pas. » Le cœur d'Aetios sent un remous. Une effluve tranquille et douce qui le parcours. Il sourit doucement alors que meurt sur la commissure de ses lèvres son soulagement. Il s'est plus inquiété de cette question que de la suivante. Oui, savoir si Aiken lui en voulait détruis son cerveau, la peur envahie son système nerveux et se diffuse parmi ses synapses.Il a eu si peur de s'en vouloir lui-même. Savoir qu'Aiken veut ou non être son petit ami, ce n'est pas une vraie question. En réalité, petit ami, est un terme qu'Aetios lui-même as du mal à concevoir. Il n'en définie pas très bien les limites, et même s'il l'a déjà expérimenté, il imagine qu'avec le blond, cela n'aurait rien à voir. Et il laisse retomber ses épaules un peu, comme libéré d'un poids qu'il avait peur de voir devenir un fardeau trop lourd. Puis la voix d'Aiken raisonne à nouveau. « je ne pourrais jamais... » et le sourire d'Aetios qui se creuse un peu plus. Lui qui se connaît et qui est le témoin silencieux de sa passion dévorante, il sait. Il sait que « jamais » est un mot que l'infirmier ne devrait en aucun cas dire à la légère. Il a vu dans les méandres d'une folie qu'il ne connaissait pas en lui s'infiltrer sournoisement son désir de posséder globalement cet être. De tirailler son cœur, de défaire chacune de ses murailles. De le déformer de plaisir, de l'obliger à abdiquer sans pour autant cesser de l'abatte. Alors il en aurait presque envie d'en rire de vive voix. D'éclater dans un éclat de voix violent et hilare que c'est une parole qu'il devrait mesurer. Mais il n'en fait rien. Parce qu'il se dit qu'il pourrait réussir à se contrôler. Mais il sait déjà que c'est vain. Il écoute la suite des mots que prononce le blond. Mais la encore il pourrait en rire. Il pourrait se sentir triste de ce refus catégorique. Et il pourrait presque le toucher tant il se voudrait résolu. Comme si physiquement déjà ce refus existait matérialisé par Aiken lui-même de toute sa volonté. Aetios le regarderait et rirait de cette futile précaution. Il le caresserait doucement pour lui faire croire qu'il n'est pas vain, qu'il est important. Il le dorloterait pour lui insuffler l'espoir qu'il en prendra soin et qu'il le respectera. Puis, dans un éclat de violence, il le briserait en deux, pour s'accaparer de cela les moindres morceaux. La colère ironique du brun se calma aux dernières paroles de son vis-à-vis. 

Ta voix s'éteignait comme pour se convaincre que tu avais fini ta phrase. Comme pour mourir à mes oreilles en priant pour ne pas que je l'entende. Comme si tu t'étais voulu ferme mais que tu n'y croyais pas toi-même. Je me suis pris à divaguer. Pourquoi refusais-tu ? C'était étrange à demander, même pour moi. C'était une catégorie où je n'avais jamais trouvé ma place mais qui avait un sens tout particulier avec toi. C'était un entremêlement de toi et de moi. Je trouvais ce concept magnifique, pourquoi pas toi ? « Petit ami » ça signifiait qu'on se donnait encore le temps de penser l'un à l'autre. Ça voulait dire que l'on s'appartenait farouchement. Ça me rassurait, car ça t'enchaînait à moi et comblait cette peur que tu te carapates sans la moindre semonce. Et soudain je compris. C'était ça justement qui te faisait peur. C'était l'idée même de ne plus pouvoir m'échapper. Et ca impliquait pour toi que tu avais déjà flanché sur mon cœur, comme j'avais flanché dans le tien. Alors que recroquevillé contre toi comme un enfant, je sentait ta respiration se ternir de ta tristesse nouvelle, je prenais conscience que le petit garçon, c'était toi. Peut-être avais-je fait les choses telles qu'il ne fallait pas les faire. Mais tu étais ainsi. Inconsciemment, je m'en étais rendu compte. Maintenant, je le voyais clairement. Il fallait t'imposer ma présence. Ne plus te laisser le moindre choix. Il fallait te livrer sur un plateau, tenaillé dans une chaîne d'or et de diamants. Il fallait t'enlacer, s'enraciner de force sous ton armure frêle. Ta voix raisonna dans ma tête. Elle emplissait en un souvenir clair mon esprit. Tes mêmes mots de la veille se muèrent en un écho assourdissant. N'étais-tu pas celui qui m'avais supplié : «Ne t'éloigne plus, s'il te plaît.. » ? Alors je relevais mon visage. J'avais fini d'avoir peur. Parce qu'on ne pouvait pas être deux à faire ça. Je plongeais mes yeux dans les tiens. Et je prenais ton menton pour t'obliger à soutenir ce regard. 

« - Tu es effrayé n'est ce pas ? Alors continue. Tremble de désespoir, pétrifie toi de peur. Parce que je vais détruire toutes tes certitudes. Je vais t'enchaîner à moi et tu seras dépendant de ma présence. Tu te cacheras sous ton impassible méticulosité. Et quand tu te croiras enfin sauvé de moi. Je serais la, à t'attendre. » 

Aetios regarde Aiken. Ses yeux bruns semblent brûler d'une résolution nouvelle. Il est un peu surréaliste. Dans ses pupilles, des filaments sombres dansent au rythme de ses mots. Il ne cille pas. Il a le visage détendu et rien ne laisse transparaître la moindre trace de colère. Et pourtant, son ton, sa voix rauque et suave, son timbre posé et linéaire, ses doigts qui serrent ce menton délicat, son souffle qui se pose sur le visage du blond dans une chaleur assumé, tout en lui transpire la détermination sans faille dont il emprunt chacun de ses mots. Il approche son visage et pose ses lèvres contre sa joue, elles effleurent presque la peau du blond. Un baiser délicat qu'il laisse se diffuser au coin de cette partie de son visage qui est si proche de ses lèvres. Il marque une légère pose et termine. 

« -Tu ne me fuiras pas. »


Aetios avait beaucoup parlé. C'était rare. Mais il avait senti le besoin irrépressible de le faire. D'exprimer par des mots ce que déjà tout son corps exprimait dans son maintien. Il s'était redressé, et son corps imposait désormais sa carrure comme priorité absolue. Peut-être pour illustrer un peu plus qu'il n'y avait pas d'échappatoire. Il n'allait pas l'embrasser, cette fois, il ne voulait pas être le premier à s'y risquer. Mais Dieu combien il en brûlait déjà. Non, il ferait naître cette envie chez Aiken comme un besoin nécessaire, comme une marque de survie. Il allait devenir un monde pour lui, il allait l'enlacer et l'emprisonner dans les méandres de son propre désespoir. Ils étaient ainsi, deux âmes effacées, brûlées par les souvenirs, envahis pas des choses si forte qu'ils ne les comprenaient pas et ignoraient comment les appréhender. Aetios lui s'y lançait à corps perdu, et dans la violence et l'acharnement comptant y trouver sa rédemption. Aiken, lui, préférait poser un voile opaque sur ses yeux pour ne plus y penser et tenter de l'effacer sachant pertinemment qu'il ne pourrait jamais l'oublier. Le Grec ignorait quels démons hantaient le blond, mais il était sur d'une chose, il avait bousculé dans la vie d'Aiken quelque chose de si fort qu'il pouvait se permettre de le déstabiliser. Il avait fait basculer ce masque qu'il s'efforçait de revêtir et qui était une seconde peau. Et peut-être qu'aux yeux du monde, Aiken Young resterait pour toujours cet homme impassible, froid et asocial. Pour lui, il était différent d'une manière imperceptible. Pour lui il serais toujours l'être qui alors que son corps sombrait dans l'océan de la mort, le ramenait à la vie d'un simple murmure apaisant. Aetios ne voulait pas s'expliquer, il ne ressentait pas le besoin de le faire. Juste parce que quand Aiken était la, l'incendie s'arrêtait. 

Le brun délivra de sa prise ferme le blond. Maintenant qu'il lui avait dit ça, il pouvait le laisser s'enfuir de tout son soul. Et s'il prenait l'envie à Aiken de filer chez lui, de faire ses valises, de prendre le premier avion, le premier taxi, le premier bateau, pour s'échapper à l'autre bout du monde, Aetios était prêt à tout plaquer pour le retrouver. Et l'univers tout entier n'était pas assez vaste pour qu'il puisse se cacher de lui. Car il avait déjà distillé dans son cœur les prémices d'une dépendance anarchique. 

Aetios ferma les yeux quelques instants. Pour le couper de toute autre sensation extérieure. Pour laisser à Aiken le droit de fuir pour cette fois. Pour lui laisser le choix de se résigner ou de combattre. Parce que c'était un soldat qui se battait dans un char, parce qu'il avait les chenilles qui roulaient sur les arbres et écrasaient sur leur passage tout ce qui pouvais s'y trouver. Mais qu'il était incapable d'avancer face au soldat qui se battait uniquement de son corps et de son âme. Tel était Aetios Sillohe, il était dévoué, dévastateur et impardonnable. Il était résolu et inarrêtable. Il était amoureux. 
 
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Aiken Young
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyMer 26 Juil - 20:29:06

Please, be my strength instead of my weakness.
— Aiken Young —

A mes premiers mots, un sourire apparaît sur son visage. Et si j'étais un peu moins caché derrière le mur que je construisais en vitesse, j'aurais pu m'arrêter juste pour ne pas voir son sourire disparaître. J'aurais pu m'arrêter juste pour le graver quelque part sur les parois d'une mémoire ou au creux d'un cœur. Et je me suis demandé si ce cœur pouvait être le mien. Je me suis demandé si dans le sien il y avait des images placardées, et peut-être que j'ai espéré être sur chacune d'entre elles. Je me demande depuis combien de temps je n'ai pas vu son sourire. Depuis la dernière consultation, peut-être ? Il y a deux jours. Quand j'aurais fini ce que je veux dire, je me demande à quel point son sourire me manquera. Est-ce qu'il me manquera, d'ailleurs ? Je n'en suis même pas sûr. Ou peut-être que si, j'en suis sûr, mais peu importe. Qui s'y intéresse, de toute manière ? Pas moi. Plus moi. J'ai envie d'arrêter le temps, parce que je n'aime pas le voir faire dévaler les aiguilles de la montre que je porte habituellement. Je ne l'ai pas aujourd'hui. Est-ce que dans la précipitation de cette nuit, c'était un signe ? Un signe que je me suis envoyé, un signe que le foutu destin m'a envoyé. Rien que ce mot est énervant. « Destin ». Des syllabes mises à la suite pour créer un tout agréable et la perspective séduisante que ce concept existe fait le reste. Le « Destin » avec un grand « D », magique et mystérieux. Un Monsieur horriblement je-sais-tout d'après moi, qui a toujours raison et qui décide de ce qu'on fait ou dit. Mais moi je m'en fiche, de lui. Il peut bien raconter ce qu'il veut et écrire le scénario qu'il souhaite, j'irais à droite quand je voudrais aller à droite, je m'arrêterais aussi longtemps que je veux et je courrais quand l'envie me prendra. Il ne décidera pas de mes choix. Et s'il a prévu que je souris à Aetios en retour en me blottissant dans ses bras, je suis désolé de le décevoir mais il s'est bien trompé. S'il a un livre où sont couchées sur papier nos histoires, j'arracherais les pages et enverrais le « Destin » se faire foutre. Je ne demande pas à décider de ce qu'il se passera, mais je suis assez grand pour décider moi-même de ce que je fais. Enfin, je ne demande rien. Je n'ai pas à questionner ou à prier quiconque de me laisser vivre. Et si je le veux, j'ai le droit de tout quitter maintenant et de juste disparaître dans l'immensité du monde. Ou à défaut d'en avoir le droit, j'en ai le pouvoir.

Il relève son visage. Et je comprends que c'est trop tard. Avant que je n'ai pu faire quoi que ce soit, ses doigts attrapent mon menton. Et ses yeux noirs se retrouvent juste en face des miens. Il ouvre la bouche. Ses lèvres séduisantes mettent alors avec un naturel déroutant des voyelles que je ne pensais pas pouvoir se suivre. Et je prends peur. « Tu es effrayé n'est ce pas ? » Je le suis. Tu m'inquiètes. Ton regard est trop déterminé, et je me sens comme un animal pris au piège. Vas-tu me blesser ? Je crains ton toucher. Je ne veux pas te voir te rapprocher. Ne te rapproches pas ! « Alors continue. » Tes mots sont cruels. Tes mots sont durs. Tes mots cassent à mes oreilles et je crains que leurs éclats ne transpercent mes tympans. Je suis au bord d'une falaise, j'aimerais que tu me sauves et me tire loin du vide. Mais à la place, tu me dis que je devrais tomber. Et ma froideur vacille. Mon masque tremble. « Tremble de désespoir, pétrifie toi de peur. » Me demandes-tu de sauter ? Non... tu me demandes de vaciller au grès des bourrasques que tu crées toi-même. « Parce que je vais détruire toutes tes certitudes. » Ne l'as-tu pas déjà fait ? Tu as tout détruit, et tu t'en réjouis. Tu regardes le résultat de tes yeux intrusifs avec un plaisir qui me fait frissonner. Tu observes mon âme et je ne sais même pas comment t'en empêcher. Tu es partout dans mon esprit, partout dans mon cœur, tu englobes même tout ce que je vois, sens et entends en ce moment-là. Tu es tout. Pitié, laisse-moi partir et redeviens rien. Redeviens qui tu étais à notre première rencontre. Un homme de mon âge, avec un traitement long et chiant, qui prend une partie de mes journées. Un jeune européen comme moi au dos courbé et triste. Un étudiant au sourire plus facile que le mien, au dossier trop lourd dans mon sac. Un garçon de plus à surveiller, une charge professionnelle obligatoire qui m'agace déjà. Un inconnu. Un « non » au lieu d'un « peut-être », au lieu d'un « presque ». Un « ne m'approche pas » à la place d'un « viens plus près ». Un soupir qui remplace un souffle coincé dans la gorge. Une pâleur habituelle qui remplace des rougeurs. Un passé qui pousse un présent et repousse un futur. Tu es une poussière devenue montagne, une goutte devenue océan, un homme devenu univers.

« Je vais t'enchaîner à moi et tu seras dépendant de ma présence. Tu te cacheras sous ton impassible méticulosité. Et quand tu te croiras enfin sauvé de moi. Je serais la, à t'attendre. » Je frissonne. Mes iris tremblent. Mes pupilles s'affinent. Et je comprends qu'on peut craindre de tout son cœur quelque chose qu'on aime plus que le monde. Et alors que je l'aurais laissé faire ce qu'il voulait de moi il y a peu, mes poignets me démangent à l'idée des chaînes qui les enrouleraient, et mon cou se serre quand j'imagine chaque fibre de mon corps obligée à lui appartenir. Même si tout n'est qu'image, j'ai peur de ces liens car il n'est pas de chaînes plus solides que celles qu'on ne voit pas, et de prison plus impossible à quitter que celle dans laquelle il veut m'enfermer. Or il n'est pas question que quiconque m'enchaîne ou m'emprisonne. Je suis libre. Je le serais toujours. Je l'aime peut-être un peu, c'est vrai, mais je suis amoureux de la liberté depuis bien plus longtemps, et j'ai appris avec le temps qu'elle est la seule qui ne peut pas décevoir ni attirer d'ennuis. Elle est la seule qui ne fait jamais de mal. Au contraire, elle permet de rester maître de sa vie quand tout jusqu'à notre propre naissance paraît invraisemblable. Pour rien au monde, pas même pour lui, je n'abandonnerais ma liberté. Sans elle, que serais-je ? Il se penche, et je suis tenté de reculer, mais ses doigts qui tiennent toujours mon menton me retiennent. Il me domine. Dans tous les sens possibles. De toutes les manières existantes. A cet instant, que ce soit physiquement de par sa corpulence impressionnante et son attitude franche ou mentalement, de par sa détermination... Il m'est supérieur. J'en suis conscient, et c'est bien la première fois de ma vie que je me dois de le constater. Je ne peux pas lutter. Il pourrait faire ce qu'il veut de moi et je sais que je ne pourrais pas l'en empêcher, quand bien même j'essaierais de toutes mes forces. Parce qu'il est calme alors que je suis paniqué. Il est sûr de lui quand je rêve de m'échapper. Est-ce que c'est ma lâcheté ou cette impression de danger imminent qui parle ? Je dois partir d'ici vite. Lâche-moi. Laisse-moi partir ! Son visage se rapproche et je lutte pour ne pas rentrer ma tête entre mes épaules. Je me contente de le fixer dans les yeux, droit. Depuis cette nuit, je suis si faible que je m'étonne moi-même. Mes réactions sont dignes d'un ado' apeuré. Je me claquerais bien, si j'en avais la possibilité. Mais je dois me reprendre. Montrer sa peur est bien la pire idée qui soit, autant dans la nature qu'en société. Et avec lui, je me sens tellement menacé que lui offrir le spectacle d'une proie sans issue serait lui offrir bien trop de satisfaction. Viens donc, Aetios. Et on verra bien qui gagnera cette bataille. Tu n'imagines pas une seule seconde à quel point je n'ai aucun mal à sortir les crocs. Même si l'âge m'a calmé apparemment, ne crois pas que je ne suis pas capable de me défendre. Mes années de collège et de lycée ont été assez mouvementées pour que je sache très bien quels mots dire, et quand bien même tu sois imperméable à mes paroles, je doute que tu sois imperméable aux coups. Je ne te laisserais plus t'approcher aussi près, parce que sinon je ne suis pas sûr de pouvoir résister. Mais si je te maintiens toujours loin, tu n'auras plus d'emprise sur moi. C'est comme ça que ça marche. C'est comme ça que ça doit marcher.

Ses lèvres se posent sur ma joue, et quand il s'écarte doucement après ça, il prononce de nouveaux mots. Puis, avec lenteur, lâche mon menton. Et je plonge mes yeux dans les siens, fronçant les sourcils. Dans mon regard, je mets tout l'énervement que je parviens à peine à contenir, et le dos de ma main gauche vient frotter énergiquement l'endroit où sa bouche s'est posée. Je dois faire disparaître la chaleur avant qu'elle ne fasse fondre ma détermination avec la douceur envoûtante de ce geste. Ce n'est clairement pas le moment de me laisser avoir par lui. Ça ne le sera plus. Je ne comprends même pas comment j'ai pu ressentir tant de choses. Les sentiments n'amènent à rien d'objectivement bon. Je le sais, pourtant. Alors qui est-il pour avoir réussi à en oublier cette règle fondamentale ? J'ouvre la bouche sans le quitter des yeux.

Je ne fuirais pas. Je suis un adulte, plus un gamin, et j'assume complètement ce qu'il s'est passé cette nuit. Mais c'est fini. Et je n'accepterais aucun autre geste déplacé à partir de maintenant.

Je me lève, quittant le lit avec un empressement mêlé à un agacement grandissant, et me penche pour ramasser ma chemise, laissée par terre négligemment. Je l'enfile et la boutonne rapidement avant d'aller vers le lit à nouveau pour récupérer mon portable, abandonné lui aussi par terre. Je me souviens de la voix d'Aetios qui me demandait de venir. De l'adrénaline qui m'avait parcouru et qui m'avait guidé aussi vite que je le pouvais jusqu'ici. Et peu importe ce qui s'est passé par la suite, je suis rassuré d'être arrivé à temps. Je suis rassuré qu'il respire normalement maintenant. J'ai crû qu'il allait s'étouffer dans mes bras sans que je ne puisse rien faire. Dieu merci, il a survécu. Peut-être qu'« heureux » serait un meilleur terme que « rassuré », ceci dit. Parce que je ne peux exprimer la sensation qui réchauffe ma poitrine. Oui... il a survécu, et c'est tout ce qui compte. Je remets correctement mes lunettes sur mon nez et frotte distraitement mes cheveux en bataille une fois devant la porte toujours ouverte de la chambre. Le couloir semble vide. Mais que dire si on me voyait me promener dans les couloirs avec pour seuls vêtements une chemise blanche froissée et un sous-vêtement ? Enfin, rester sur place une seconde de plus augmente ma chance de croiser un matinal en plus de me paraître insupportable car à la vue d'Aetios. Après une légère hésitation, je sors de son champ de vision et parcoure l'immense couloir jusqu'à l'escalier. Il était vraiment aussi long que ça ? Je l'ai parcouru si vite, pourtant, cette nuit. Je n'ai croisé personne sur le chemin. Une chance, j'imagine. Je m'engouffre dans ma chambre, la ferme à clef et me laisse glisser contre la surface fraîche du mur. Sérieusement, tout ça est fou... Je soupire doucement, puis me redresse et prépare mes affaires. Je dois être prêt dans une bonne heure pour prendre le car. Et alors je rentrerais chez moi, loin de cet internat. Loin de lui.
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sorry, c'un peu court !
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyMer 26 Juil - 22:49:08

Aiken Young & Aetios Sillohe
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The Boy who was dreaming to crash
Une lueur blanchâtre s'échappait lentement dans le ciel d'été. Doucement, virevoltante, la fumée s'éclipsait pour se dissiper parmi les brises chaudes de ce mois de Juillet. Dans les pupilles noires d'Aetios reflétait une cendre rougeoyante alors qu'à son sommet la cigarette qu'il tenait entre deux doigts grésillait au contact du feu. Le Grec fumais rarement. Environ une dizaine de cigarettes dans l'année et encore. Mais de temps à autre, il aimait sentir le goût désagréable de l'air corrosif s'insinuer contre son palais. Alors que dans un chemin invisible, il suivait la course de son souffle jusqu'à ses poumons, il le sentait imprégner chacune des parties de son système respiratoire. Fumer n'était pas quelque chose d'agréable. C'était une manie chez certains, chez lui, c'était une manière de s'occuper l'esprit, de faire un point sur certaines choses. C'était l'occasion de se replonger en Grèce. Son tabac venait de la bas. Il était plus fort. Il était plus affirmé que les saveur que l'on pouvait trouver en Asie. Au Japon, c'était compliqué de fumer en publique. Mais la, derrière le haut grillage qui menait aux internats, il pouvais profiter d'une allée qui ne voyait que peu de passage. Alors, il s'était attardé ici. Il avait allumé sa cigarette. Il avait regardé la route s'enfuir à l'horizon jusqu'à la perdre de vue. Est ce qu'Aiken était déjà rentré chez lui ? Il imaginait que oui sûrement. Il sentit soudain tout le poids de leurs mots, de leurs gestes tomber sur ses épaules. Il sentit tout le poids de sa propre frénésie et, comme happé par ses regrets, il se sentit désespérément inconsolable. 



Tu étais la devant moi. Je te laissais le choix de t'enfuir et j'espérais plus que tout que tu ne le ferais pas. Mais je te connaissait assez bien pour savoir que tu n'avais pas d'autre choix. Parce que tu t'étais laissé dicté par des principes que je ne comprenais que trop bien mais qui m'horripilaient et me blessaient profondément. Je t'avais sentit trembler entre mes doigts alors que je déversais des paroles cruelles contre toi. Tu avais besoin de ça. Je le savais. Parce que j'avais le sentiment de lire en toi comme dans un roman magnifiquement complexe. Tu avais ton langage et je le décryptais dans une complaisance certaine. Au final, tout cela n'avais servis à rien. Et nous avions juste réussis à nous faire mal l'un et l'autre. Je le savais, je t'avais blessé aussi fort que tu l'avais fait. Et pour m'achever alors qu'enfin je t'offrais un peu de répits, tu replanta tes ongles limés dans ma peau. Tu comprimais mon cœur dans sa poitrine et le serrait dans ta paume sans le moindre remord. Comment avait-tu dit déjà ? « c'est fini ». Et aussi « Je n'accepterais plus aucun geste déplacé à partir de maintenant. » . J'avais le sentiment que tu te mentais à toi même. Mais peut être étais ce seulement l'envie folle que j'avais de penser te connaître mieux que toi même. Tes mots ne valaient rien. Je ne voulais plus m'y fier. Ce qui me brisa le cœur, c'était de te voir t'échapper. Quand tu as quitté la chambre, me laissant la entre le mur et ce lit devenu trop grand, j'ai versé une larme. J'ai agrippé les draps de mes mains et je les aient serrés fort. Si fort que j'ai imprimé sur la peau de mes phalanges les irrégularités du tissus. Je n'ai pas regardé la porte. J'ai continué à fixer le mur alors que s'évanouissait ton odeur. Dans mon souvenir je dessinait ton visage encore et encore sans être capable de le refaire à la perfection. Déjà même dans mon esprit tu t'étais évadé. J'ai tourné la tête et j'ai regardé la porte que tu avais laissé ouverte. Alors mon cœur s'emplit d'un vide qui m'arracha presque un cri de douleur. Alors je priais, pour être un oiseau, pour pouvoir voler et aller le plus haut possible, puis cesser de battre des ailes. Pour pouvoir tomber lourdement de tout mon poids à travers la couche d'ozone. Je regarderais les nuages me dépasser puis m'engloutir. Puis enfin je lancerais un dernier regard vers ce ciel bleu, je tenterais une fois de plus de me souvenir de ton visage pour une ultime fois. Et puis je percuterais le bitume sans un bruit. Laissant de moi une flaque rougeâtre et brune, abritant parmi ses monceaux de chaires, un cœur qui avait cessé de battre au moment même ou tu étais sortit de cette pièce. En avais tu idée ? Avais tu la moindre idée de combien tu m'avais fait mal ? Je ne t'en voulais pas. Je comprenait. Je n'étais pas suicidaire. Mais ton manques était pire encore que la mort. 


Un jour, quand nous seront assez liés pour que tu écoute mes mots les plus innocents, je te raconterais ce passage. Tu t'en voudras peut être un peu, et peut être me dira tu que moi aussi je t'avais blessé. Peut être pourrons nous même en rire et nous chamailler à l'évocation de ce souvenir. Je te raconterais combien après ça, je me retournais souvent vers toi quand nous nous quittions pour être sur d'imprimer dans mon esprit les moindre brides de toi. Pour ne plus avoir à souffrir de ton image incomplète. Qu'en fermant les yeux maintenant je pouvais te dessiner avec une exactitude chirurgicale en rendant grâce à toute ta beauté. J'avais envie de croire qu'un tel jour existait. 


Ses doigts brûlaient. Il s'était perdu dans ses pensées. Et sa cigarette c'était consumé d'elle même. Maintenant, la braise tentait d'attaquer le filtre. Le plastique avait chauffé et Aetios s'était brûlé un peu la peau. Il avait lâché le mégot de surprise quand enfin il avait repris ses esprits. Il le ramassa, il ne voulait pas le jeter comme ça par terre. Il trouverais un endroit pour le laisser. Quand Aiken était sortit de sa chambre, il n'avais rien dit. Il n'avais plus rien à dire. Il aurait voulu s'excuser. Mais il ne le pouvais pas. Si Aiken avait sa fierté, Aetios lui aussi avait la sienne. 


Le grec s'était plongé dans ses révisions plus acharné que jamais. Il avait avancé dans son mémoire d'une manière significative tant il s'était laissé emporté dans ses recherches. Il avait multiplié par dix le nombre des exemplaires empruntés à la bibliothèque qui fort heureusement était ouverte le dimanche. Dans les livres et la littérature, il oubliait un peu Aiken. Il en faisait abstraction. Mais il suffisait d'un mot, d'une phrase pour que son souvenir refasse surface comme un démon arrogant. Aetios n'avais presque pas dormis du week-end. Il avait préféré tenter de dissiper ce qui rappelait à son cerveau le blond. Son lit sentait Aiken, La lune brillait cette lumière qui leur avait appartenu. En réalité, dés qu'il tentait même de fermer les yeux, il ne pouvait se contraindre à laisser vagabonder son esprit comme il avait l'habitude de le faire. Alors il se relevait et se replongeait dans un livre. Et alors qu'exténué il s'effondrait enfin de sommeil, il faisait des rêves désagréable. Et alors qu'arrivait le jour ou ils allaient se revoir, le brun appréhendait autant qu'il en avait envie. Il regarda la montre il était onze heure et quart. Le professeur de Littérature avait annulé son cours. Ce qui pour Aetios signifiait un trou immense dans son emploi du temps. Il était libre depuis onze heure et n'avais pas vraiment l'intention d'aller au cours d'Anglais qui finissait sa journée à dix-sept heures. Il avait un bon niveau. Et surtout, il avait besoin de sommeil. Il se dirigat vers l'infirmerie.


Il se rendit compte qu'il courait presque. Ses foulées étaient larges, et quand il atteignit la porte, il était un peu essoufflé. Sa gorge se serra. Il leva le poignet avec l'intention de frapper à la porte comme à son habitude. Mais un bras invisible le stoppa net. La, devant cette porte blanche, il se demandait ce qu'il allait faire. Devais il l'appeller « Aiken » ou bien « Doc' » comme il l'avais toujours fait ? Devais il lui sauter dessus et le supplier de lui pardonner, ou bien au contraire faire comme si tout était normal ? Devais t'il, la dans l'infirmerie lui sauter dessus et lui imposer son désir ? Il n'en aurait pas le mal. Aiken pourrais se débattre, il pourrait le blesser, mais la différence frappante de stature entre eux imposait sans peine, que si une véritable bagarre devait éclater entre eux, Aetios en serait le vainqueur incontesté. Le grec soupira un peu. Il était hors de question qu'il force ou frappe qui que ce soit. Ce n'était pas dans son caractère, il s'interdisait tout acte de violence, tout simplement parce que ca le révulsait. Il déglutit, son point dans les airs, incapable de décider s'il devait frapper ou non. L'horloge murale sonna midi. Il était toujours devant cette porte résolument trop blanche. Sa peinture brûlait les yeux endormis d'Aetios. Il laissa retomber son bras contre son corps sans avoir frappé. Puis il posa sa tête contre la porte. Un bruit sec raisonna derrière la porte. Le bruit de son crâne posé contre le bois. Il soupira. Pour se donner du courage, il murmura un imperceptible : 


« -Aiken » 
  
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Aiken Young
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MessageSujet: Re: « Breathe. » — Aetios & Aiken   « Breathe. » — Aetios & Aiken EmptyJeu 27 Juil - 2:42:26

Please, be my strength instead of my weakness.
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L'immonde odeur chatouille mes narines et pour une fois, au lieu de mettre une main devant nez et bouche comme je le fais toujours, j'inspire profondément. L'air pollué s'engouffre entre mes lèvres et glisse dans ma trachée pour remplir mes poumons de ses composants nuisibles. Cette sensation, bien qu'horrible, me prouve une nouvelle fois que je suis vivant, et bien réveillé. Plus que réveillé. Une courte toux me prend alors que je monte dans le véhicule qui s'arrête devant moi. Je salue d'un vague signe de tête le chauffeur. Je suis le seul à monter à cet arrêt, et il n'y a que cinq places occupées, dont deux par des sacs. Je me dirige à grandes enjambées tout au fond et me laisse tomber sur les derniers sièges. Ma valise et mon sac prennent aussi un siège à eux seul. Et je jette un coup d’œil vers l'extérieur. Le pensionnat se dresse, immense, devant mes yeux, et je localise rapidement ma chambre vide. Mon regard descend et suit les fenêtre jusqu'au bout de l'autre bâtiment. Et je m'arrête à un rectangle de la même taille que tous les autres, qui ouvre sur une pièce de la même forme. Mais cette pièce, qui est comme toutes les autres, ne l'est justement pas tant que ça. J'y ai passé une nuit, perdu dans un délicieux moment d'égarement. J'y ai secouru quelqu'un avant de m'oublier dans ses bras. Il y a une heure et quelques, je l'ai quitté avec une froideur et une colère que je ne ressens plus maintenant. Ou disons plutôt que je suis redevenu comme avant, comme j'ai toujours été, mais que l'énervement qui était le mien précédemment s'est éteint. Je suis juste Aiken Young, l'infirmier, qui prend la direction pour rentrer chez lui un samedi matin. Et alors que le moteur fait trembler le transport, je me demande ce que fait celui que j'ai laissé derrière moi. Et même si j'ai l'horrible sensation d'être celui le plus en retard dans l'histoire, mon esprit se permet de m'imposer l'image de ses yeux pleins de larmes et de ses larges épaules secouées par les tremblements causés par de violents sanglots. Et quelque chose en moi se brise à ce souvenir, tandis que le ronflement du moteur me vrille les tympans. Et doucement, je m'éloigne de Yorokobi. Je m'éloigne de lui. Je ne parviens pas à lâcher des yeux l'entrée du pensionnat, même quand elle n'est plus qu'un point éloigné. Est-ce que j'espérais que tu apparaisses ? Si je t'avais vu, serais-je descendu pour te rejoindre ? Sûrement pas. Ce n'est après tout qu'une divagation, le reste du rêve trop réelle d'une nuit en dehors du temps.

Une heure et demi. Il faut une heure et demi au car pour s'arrêter devant la gare de ma ville. J'ai passé cette heure et demi à regarder par la fenêtre. Mais je ne voyais pas des paysages, je voyais des mots danser sous mes yeux, des expressions sur le visage d'Aetios et des lieux bien particuliers. L'infirmerie, le long couloir, sa chambre. Et j'ai pensé, beaucoup. A tout et à rien. Au passé et au futur. Au soleil et à la pluie. Au basket, aux blessés, à l'Angleterre et au Japon. Aux océans et aux terres qui me séparent de Londres. Aux kilomètres diminuant qui me séparent de l'appartement. Je me suis souvenu de mes années de lycée, des piercings et des boucles d'oreille. Des bagarres et des conneries. Des rires qui brisent les silences trop lourds et des regards qui veulent tout dire. Je me suis souvenu de la première fois où j'ai pensé que quelqu'un était réellement beau, de ses habitudes et de ses mimiques. De ses grands yeux noisette et de son visage aux traits fins. Je me suis souvenu des chanteurs qui criaient dans mes écouteurs et du style que j'avais —un style qui n'a pas quitté ma garde-robe mais que je ne revêts pas assez souvent.  Je me suis souvenu des gens qui me prenaient pour un délinquant et de l'amusement navré que ça faisait naître en moi. J'ai pense à beaucoup de choses, je me suis demandé ce qui se serait passé si on était tous deux venus bien plus tôt dans cette ville. Je me suis demandé quel genre d'adolescent tu étais et j'ai souri en t'imaginant plus jeune, veste de cuir et pantalon déchiré. Est-ce que tu t'habilles parfois comme ça ? Va savoir pourquoi je trouve cette pensée aussi intéressante. Si tu portais ces vêtements devant moi, je craquerais peut-être un peu. Je suis persuadé que tu serais séduisant. Plus encore que tu ne l'es déjà. Oui... tu serais vraiment séduisant. J'ai pensé à plein de choses. Je t'ai imaginé jeune enfant, j'ai rêvé d'avoir des photos entre mes mains. Je me suis souvenu de comment j'étais moi, et crois-moi ou non, ça n'en valait pas la peine. J'étais comme maintenant. Peu bavard, à regarder les gens fixement dans les yeux, franc. Et pour être franc, je l'étais. Je n'avais pas ma langue dans ma poche, et j'hésitais encore moins que maintenant. Pas qu'à présent, je craigne de m'attirer des ennuis en disant ce que je pense, je m'en fiche toujours royalement. Mais j'ai appris qu'il y a des commentaires inutiles et que parfois, toutes les critiques du monde ne pèsent pas autant qu'un regard. Ignorer peut aussi être la forme la plus totale de mépris. Et celle qui énerve le plus. Enfin. Durant cette heure et demi, j'ai pensé à plein de choses, j'ai pensé à tout et à rien... Mais j'ai surtout beaucoup pensé à toi.

Je suis descendu. La gare, familière bâtisse, se dressait devant moi. Et si je ne la voyais pas depuis cinq ans, j'aurais pu être impressionné. Mais à côté de Londres, il fallait avouer que cette ville paraissait minuscule. Je suis allé vers l'arrêt de but, valise en main droite et sac à dos sur l'épaule. Les horaires ne changent jamais, mais comme toujours je jette un coup d’œil. Il est vrai que je suis rarement là le samedi matin. De longues minutes passent, et je m'appuie contre un mur en attendant. Il y a quelques personnes qui me regardent étrangement. Ceux qui passent devant moi, dont le regard s'attarde un instant sur mon visage avant de descendre un peu en continuant leur route. Deux vieilles dames assises à l'arrêt gloussent un peu, comme des adolescentes devant un groupe de garçons. Ce n'est pas un rire malsain ou étrange, c'est une sorte de rire gêné et amusé. Mais je n'y prête pas plus attention que ça. Il y a aussi un jeune qui me fixe discrètement —même si nous savons tous que la discrétion des lycéens n'est pas encore au point—, comme s'il voyait en moi quelque chose qui le fascinait et le dérangeait à la fois. Quand, n'en pouvant plus, je plonge mes yeux dans les siens, il sursaute et détourne vivement la tête. C'est comme ça que passent lentement les minutes. Et quand je rentre dans le bus tout juste arrivé, je constate qu'il est bien plus rempli que le car. Jusque là, rien d'anormal. Mais là encore, les réactions m'agacent. J'ai toujours eu l'habitude qu'on me dévisage. Ce n'est pas nouveau. Mais là ? Après une nuit qui m'a retourné le cerveau, un matin plein de choses que j'aurais voulu éviter et un long trajet, je suis d'une humeur exécrable. Et les sourires, les regards et les attitudes m'emmerdent. Alors je rend leur regard à certains, qui semblent déstabilisés par l'intensité que je mets dans ce regard, et ignore royalement les autres. Et quand vient mon arrêt, je descend et m'arrête un instant pour voir la façade blanche de l'immeuble. Il y a pire, clairement. C'est pas mal. Je m'approche de l'entrée et tapote sur le petit clavier de l'immeuble. Avec un clic retentissant, la porte s'ouvre et je la tire, me faufilant à l'intérieur. Je n'ai pas envie qu'elle se referme, retaper le code m'agacerait. Je me dirige vers l'ascenseur et appuie sur le bouton lumineux. Quand les portes s'ouvrent, il y a quelqu'un déjà dedans qui s'apprête à sortir. Notre voisin de palier. Il me salue et je fais de même, puis son regard descend légèrement avant de remonter et il m'offre un sourire mystérieux. Qu'est-ce qu'il a ? Je suis tenté de lui dire de se le ravaler, son sourire, mais je préfère le garder pour moi et entre dans la cage d'ascenseur, choisissant le dernier étage. Cage d'ascenseur. Elle porte vraiment bien son nom. Bien que n'ayant pas la grille devant comme certains ascenseurs ont, il est clair qu'une fois fermée, on ne peut pas sortir comme on veut. Je n'aime pas l'ascenseur. Mais monter six étages avec une valise et un sac alors que tout ce que je veux c'est m'allonger dans un canapé, je n'ai pas vraiment envie.

Une fois à mon étage, je vais vers la porte de mon appartement et abaisse la poignée. Sans surprise, Alex et Jeff sont là. Ou au moins l'un des deux. J'annonce brièvement ma présence et entre, fermant derrière moi. Je vais poser ce que je porte dans ma chambre, au fond à gauche, et une fois cela fait je me mets à l'aise en retirant un bouton de ma chemise. D'ailleurs, je n'avais pas boutonné jusqu'en haut. C'était ça, qui faisait réagir les gens ? Qu'on voit mon cou jusqu'à ma clavicule ? Bah, sûrement pas. Ou alors ils sont encore plus ridicules que je ne le pensais. Je meurs littéralement de chaud. Je vais vers le salon, d'où des salutations entrecoupées de jurons avaient fusées, et je les trouve tous deux là, assis sur le canapé, à jouer à un jeu sur la PS4. Un jeu avec des flingues, et sûrement en ligne. C'est tout ce que je retiens. Deux mots anglais apparaissent sur l'écran et ils délaissent leurs manettes avec un mouvement de bras à la fois indigné et résigné. Je reste à regarder un instant l'écran de la télévision, puis je les entends qui se lèvent pour s'approcher. Jeff tend un bras et s'apprête à le passer autour de mes épaules quand je l'esquive d'un mouvement sur le côté, plus par réflexe qu'autre chose. Et il éclate de rire. Alex et bien parti pour le suivre dans son hilarité, mais son bras à lui se tend vers moi avec un autre but. Il attrape un des côtés de ma chemise et l'écarte davantage. Surpris, il ouvre la bouche.

Mais Aiken, tu... Waouh. Qu'est-ce qu'il s'est passé durant cette semaine ? Non parce que là...
De quoi tu parles ?
Bah, tu sais... Jeff, mate-ça.
Hey 'Ken, j'suis fier de toi, t'es un homme maintenant !
Hein ? Mais sérieux quel genre de conneries tu me sors encore ?
Bon, j'te cache pas qu'on dirait plutôt que c'est elle qui t'as bouffé, mais c'est cool quand même. Tu t'es trouvé qui ? Une tigresse ?
Jeff, combien on parie qu'Aiken le chaton les a même pas remarqué ?
Remarqué qu—
Meeec, t'as des suçons énormes ! Tu peux pas les avoir loupé, on voit que ça !
Des suçons ?
Atteeeeeeendez mesdames et messieurs, est-ce que ça veut dire que 'Ken le grand l'a enfin fait ?
Mais juste, ferme-la Jeff.
Laisse-le deux secondes, Jeff. Tiens, regarde ça Aiken.

Alex, qui avait sorti son portable, prend une photo avant que je ne puisse réagir et me tend son appareil. Je dois avouer que je suis un peu surpris de tout ça et que je me demande quelle tête ils peuvent bien avoir, alors je sélectionne la dernière photo prise dans la galerie et la regarde s'afficher. Et... oui, clairement, Jeff a raison. On ne voit que ça. Des marques rougeâtres partant vers le mauve, couvrent mon cou. Et même si j'avais boutonné totalement ma chemise, on les aurait vu. Je passe ma main sur ma nuque distraitement. Je me souviens bien de quand il les faisait, mais j'étais tellement perdu dans le plaisir et l'amour que je ressentais pour lui que bien que sur le coup ils avaient fait monter la pression, je les avais bien vite totalement oublié. Et j'ai laissé des inconnus les voir, sans même y faire attention. Enfin, ça ne me tuera pas, l'avis des étrangers m'est égal, mais ça reste embêtant. Parce que j'ai exposé au monde la preuve que cette nuit a bien existé, et que je l'ai exposé d'une manière si franche et claire qu'on pourrait croire que je revendique fièrement ce qui s'est passé entre Aetios et moi. Je le maudis silencieusement pour en avoir laissé autant à des endroits si voyants. A la base du cou, près de la pomme d'Adam, sur la clavicule, juste en-dessous de la mâchoire. Je rends son téléphone à Alex et croise le regard de Jeff. Oh, non, il est avide de détails. Remarque, même s'il n'a pas dit grand-chose encore, Alex a l'air tout aussi curieux. Je soupire et Jeff comprend la capitulation. Il saute sur l'occasion avant que j'ai le temps de m'enfuir.

Elle est comment ? Vous vous connaissez depuis longtemps ? Qui a dragué qui ?
Il, corrigeais-je en un souffle. C'est un étudiant du pensionnat. Et personne n'a dragué personne.
Alors comment t'as fini avec ça ? Il t'as juste sauté dessus ?
...
Naaaan, sérieux ? Il t'as juste sauté dessus ?
Non, non. Il m'a embrassé, et... et c'est tout. Le reste ne te concerne pas.
Et du coup, ton petit copain, il est comment ?
Ce n'est pas mon petit-ami. Et il est... intéressant.
Nan mais physiquement ! Donne-nous un peu des infos quoi !
Eh bien, il est... beau.
'Ken, 'faut te le dire, t'es nul niveau description. Et dire que c'est toi qui avais toujours les meilleures notes en rédaction !
Plus sérieusement, pourquoi vous ne sortez pas ensemble ?
Parce que je ne veux pas.
Mais tu l'aimes ?
Peut-être.

Après ça, Jeff et Alex ont échangé un regard et un sourire, puis le reste de la journée s'est déroulé comme toujours. Tranquillement. Lentement. Et le soir, on est sorti au bar et on a bu. J'ai peut-être bu un peu plus qu'à l'accoutumée. Peut-être que j'ai bu un peu plus que je n'aurais dû. Mais juste un peu. Quand on est rentré, je marchais pas très droit et je me suis plaint de l'écharpe qui dévorait mon cou pour cacher au maximum les traces de cette nuit. Tes traces. Les preuves indéniables que je n'ai rien rêvé de ce moment entre coucher et lever de Soleil. Et quand je ferme les yeux, je te vois encore baigner dans les lumières de la Lune et te rapprocher de moi avec une lenteur religieuse mais une détermination sauvage. Et alors, à défaut de pouvoir vraiment le faire, je te laisse fondre sur moi et m'enlacer. Je te laisse me dévorer et je me laisse brûler contre ta peau mate. Je me donne le droit de t'aimer un peu doucement durant deux autres nuits, parce que les rêves ne sont jamais bon. Et ceux que je fais ce week-end-là ne font pas exception à la règle.

Lundi. Premier jour de la semaine. Jour de consultation, aussi. Aujourd'hui, on est lundi. Donc aujourd'hui, je vais te revoir, pour la première fois depuis samedi matin. Est-ce que je devrais être inquiet ? Je ne sais pas ce que je suis censé ressentir face à cette information. Mais je sais que quand tu passeras le seuil de l'infirmerie, je devrais te regarder comme je regarde chaque élève. Je ne poserais plus sur toi ces yeux dénués de leur froideur habituelle. Aujourd'hui, et tous les prochains jours, tu ne seras pour moi qu'un inconnu. L'heure de midi approche. Je devrais aller me chercher quelque chose. Ou traîner sur le toit Il n'y a personne dans les lits. C'est rare. Je devrais en profiter pour prendre l'air, en attendant 13h30. L'heure de ta consultation. Je ferme les yeux et soupire lourdement. Ma main se porte à mon cou, où les pansements apposés sur les suçons pour les dissimuler me gêne. Même s'ils sont visibles comme ça, au moins on ne sait pas ce que cachent les pansements. Et ça me va. Alex me conseillait plutôt du maquillage ou une écharpe, mais je me vois mal me saupoudrer de quel que produit que ce soit ou porter une écharpe par cette chaleur. Moi qui ai toujours chaud, je n'ai pas envie que ça empire. Alors j'avais opté pour des pansements. Blancs, comme ma peau. Comme s'ils n'étaient au final qu'un morceau de moi. Et aussi, j'ai mis quelque chose d'inhabituel. J'ai reçu quelques remarques d'élèves aujourd'hui, qui trouvaient ça « cool ». Soit-disant que c'était surprenant, mais que ça m'allait bien. Les piercings et boucles d'oreille. Allez savoir pourquoi j'ai eu l'envie, ce week-end, de les remettre. Deux billes argentées à l'arcade gauche, deux anneaux à l'oreille droite et trois à la gauche. Et les vêtements sombres ont quitté mon placard. Un jean troué, un t-shirt et une veste en cuir posée sur le dossier de la chaise de mon bureau. Cela fait un petit moment que je n'ai pas tout remis. Même les chaussures, des Doc noires, sont de sortie. Est-ce que je me crois encore au lycée ? Qui sait. Techniquement, je suis dans un lycée. Que je n'y suis plus élève n'a aucune espèce d'importance. J'ai mon style, et il n'y a écrit nulle part que j'ai une tenue d'infirmier obligatoire. L'avantage de l'être ici et non dans un hôpital. Midi sonne. Et je me lève. Aucun élève à l'horizon, donc. Je vais pouvoir profiter un peu de ma pause. Je me dirige vers la porte et entend vaguement un bruit sourd de l'autre côté. Quelqu'un qui toque ? Non, c'est mon imagination. J'attrape la poignée et ouvre la porte. Et tu es juste là, en face de moi. Qu'est-ce que tu fais là ? Tu es là une heure et demi trop tôt. Pourquoi tu es là ? Je reste figé, puis me reprend et passe ma main sur ma nuque, sentant la texture d'un des pansement sous ma paume.

Bonjour, Aetios. J'allais partir. Tu voulais quelque chose ?

Tu n'imagines pas l'effort que ça me demande, de te parler comme à n'importe qui. Tu n'imagines pas combien j'ai envie de fuir et de me rapprocher. Il me semble que ça fait une éternité que je n'ai pas vu ton visage. Alors pardonne-moi si je me perds une seconde dans tes yeux si sombres.
3386 mots.
Hope you like it dear Oracle.
voilà, j'avais envie d'foutre un peu Jeff & Alexander~
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