"Je veux être une fille !"
Payton l'avait toujours voulu et désiré. C'était son souhait le plus ardent. Ses parents pensaient que cette envie passerait avec le temps. Ils se trompaient.
Je souhaite être comme maman
Une étoile filante passa. Payton (7 ans), Angela (6 ans 1/2) et Ashlee (7 ans 1/2), trois amis, l'avaient vu. Bon ou mauvais présage ? Les enfants s'en foutaient ; après tout, ce n'était que les problèmes de adultes...
C'était ce que se disait Pan en caressant sa longue tresse rousse.
- "Je souhaite avoir un bel avenir, dit avec assurance la blondinette.
- Et moi, je veux un chien à Noël, rit bruyamment la brune.
- Et enfin, moi, je souhaite être comme maman", pria avec ferveur Pany.
Ce souhait, ce précieux voeu, peut-être ne se réalisera-t-il jamais ? Peut-être le détruirait-il ?
De ça, il s'en foutait aussi. Ce n'était que les problèmes des grands.
Voilà, physiquement je suis comme toi. Tu m'aimes toujours ?
Payton avait grandi, et déménagé plusieurs fois. Il s'était affirmé dans son désir de se féminiser, n'accueillant que le dégoût et l'indifférence de ses parents. Heureusement, dans la
Middle School, personne ne se posait de questions sur son sexe biologique.
Là-bas, si Pan portait des jupes, c'était automatiquement une fille pour tous. Il ne pouvait pas dire qu'il était malheureux. Et apparemment, ses cheveux roux et ses yeux verts d'eau avaient un certain attrait, vu qu'un garçon lui avait demandé de sortir avec lui. C'est avec grand plaisir qu'avait accepté Panda.
C'était la troisième année qu'ils étaient ensemble, et finalement Payton voulut lui dévoiler son secret.
- "Jake... Faut que je te dise quelque chose... murmura-t-il en lui tirant le bas du tee-shirt.
- Ah ! Pany, ma belle ! brailla ledit Jake en l'enlaçant,
Qu'est-ce tu veux m'dire ?- Voilà... Physiquement je suis comme toi... Tu m'aimes toujours ?"déglutit Payton avec difficulté, sans le regarder dans les yeux.
A son plus grand étonnement, Jake ne le lâcha pas. Mais Pan ne voyait pas le mépris dans son regard.
Tout se passerait bien, pensait-il.
Je t'aime, ma cousine.
Seize ans, déjà. En gros, six ans que ses parents l'ignoraient royalement. Et pendant ces neuf années , Payton s'était découvert une précieuse alliée dans sa famille outre-Rhin : sa seule cousine.
Au départ, s'il était parti à Berlin pour aller les voir, c'était pour que ses cousins le "virilisent". Et malheureusement, c'était Nori, la seule fille de la compagnie, qui l'avait prit en charge, en lui apprenant les rudiments de l'allemand et du japonais.
Au début, Pan en avait peur : cette fille avait une réputation de démon, et jouait avec un briquet métallique et des pétards en permanence. Puis après, elle est devenue un Soleil, car elle au moins essayait de le comprendre. Il idolâtrait véritablement sa cousine.
Mais comment faisait-elle pour être à l'aise en société, pour être aussi aimée par sa famille, pour être si bien dans ses baskets ?
Et à la fin de cette merveilleuse semaine, la nouvelle tomba :
- "Maman m'envoit en pensionnat, à Japon. La poisse.Panda ne pouvait pas répondre. On lui retirait sa seule véritable alliée. Destin cruel.
- Amuse-toi bien là-bas ! Je t'aime, ma cousine.Et Nori s'était levée pour faire sa valise, en ébouriffant au passage les cheveux au carré de son/sa cousin/e.
- J'te promets que tu y iras, dans ce pensionnat !"Le soir, Payton regarda la voiture s'éloigner par la fenêtre avec désespoir. Mais une chose restait collée dans son esprit : que voulait-elle dire tout à l'heure ?